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16/03/2014

French flair

(Mettez la vidéo en HD, les images sont un peu anciennes pour la plupart - hélas.)

14/02/2014

Saint Valentin

 

Les petits ifs du cimetière
Frémissent au vent hiémal,
Dans la glaciale lumière.

Avec des bruits sourds qui font mal,
Les croix de bois des tombes neuves
Vibrent sur un ton anormal.

Silencieux comme les fleuves,
Mais gros de pleurs comme eux de flots,
Les fils, les mères et les veuves,

Par les détours du triste enclos,
S’écoulent, — lente théorie,
Au rythme heurté des sanglots.

Le sol sous les pieds glisse et crie,
Là-haut de grands nuages tors
S’échevèlent avec furie.

Pénétrant comme le remords,
Tombe un froid lourd qui vous écœure,
Et qui doit filtrer chez les morts,

Chez les pauvres morts, à toute heure
Seuls, et sans cesse grelottants,
— Qu’on les oublie ou qu’on les pleure ! —

Ah ! vienne vite le Printemps,
Et son clair soleil qui caresse,
Et ses doux oiseaux caquetants !

Refleurisse l’enchanteresse
Gloire des jardins et des champs
Que l’âpre hiver tient en détresse !

Et que, — des levers aux couchants,
L’or dilaté d’un ciel sans bornes
Berce de parfums et de chants,

Chers endormis, vos sommeils mornes !

 

Paul Verlaine, Sub Urbe (Poèmes Saturniens, 1866)

17:43 Écrit par Boreas dans Philosophie, Poésie | Lien permanent | Tags : paul verlaine, sub urbe, poèmes saturniens |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

04/01/2014

Baudelaire sur le mythe du progrès

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« (...) Il est encore une erreur fort à la mode, de laquelle je veux me garder comme de l’enfer. — Je veux parler de l’idée du progrès. Ce fanal obscur, invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de la Nature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance ; la liberté s’évanouit, le châtiment disparaît. Qui veut y voir clair dans l’histoire doit avant tout éteindre ce fanal perfide. Cette idée grotesque, qui a fleuri sur le terrain pourri de la fatuité moderne, a déchargé chacun de son devoir, délivré toute âme de sa responsabilité, dégagé la volonté de tous les liens que lui imposait l’amour du beau : et les races amoindries, si cette navrante folie dure longtemps, s’endormiront sur l’oreiller de la fatalité dans le sommeil radoteur de la décrépitude. Cette infatuation est le diagnostic d’une décadence déjà trop visible.

Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu’il entend par progrès, il répondra que c’est la vapeur, l’électricité et l’éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens ; tant il s’est fait de ténèbres dans ce malheureux cerveau et tant les choses de l’ordre matériel et de l’ordre spirituel s’y sont si bizarrement confondues ! Le pauvre homme est tellement américanisé par ses philosophes zoocrates et industriels qu’il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique et du monde moral, du naturel et du surnaturel.

Si une nation entend aujourd’hui la question morale dans un sens plus délicat qu’on ne l’entendait dans le siècle précédent, il y a progrès ; cela est clair. Si un artiste produit cette année une œuvre qui témoigne de plus de savoir ou de force imaginative qu’il n’en a montré l’année dernière, il est certain qu’il a progressé. Si les denrées sont aujourd’hui de meilleure qualité et à meilleur marché qu’elles n’étaient hier, c’est dans l’ordre matériel un progrès incontestable. Mais où est, je vous prie, la garantie du progrès pour le lendemain ? Car les disciples des philosophes de la vapeur et des allumettes chimiques l’entendent ainsi : le progrès ne leur apparaît que sous la forme d’une série indéfinie. Où est cette garantie ? Elle n’existe, dis-je, que dans votre crédulité et votre fatuité.

Je laisse de côté la question de savoir si, délicatisant l’humanité en proportion des jouissances nouvelles qu’il lui apporte, le progrès indéfini ne serait pas sa plus ingénieuse et sa plus cruelle torture ; si, procédant par une opiniâtre négation de lui-même, il ne serait pas un mode de suicide incessamment renouvelé, et si, enfermé dans le cercle de feu de la logique divine, il ne ressemblerait pas au scorpion qui se perce lui-même avec sa terrible queue, cet éternel desideratum qui fait son éternel désespoir ? (...) »

Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, Exposition universelle, 1855

29/08/2013

La minute d'optimisme

« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. »

Friedrich Hölderlin

 

11/07/2013

Times are gone for honest men

 

 

 

 

19/06/2013

Jeunesse

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Découvert ce soir lors d'une nouvelle veillée (Manif Pour Tous), ce poème tellement vrai :

« La jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, un effet de la volonté, une qualité de l’imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l’aventure sur l’amour du confort.

On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années : on devient vieux parce qu’on a déserté un idéal. Les années rident la peau, renoncer à son idéal ride l’âme. Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont les ennemis qui lentement nous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort.

Jeune est celui qui s’étonne, qui s’émerveille. Il demande comme l’enfant insatiable : "et après ?". Il défie les événements et trouve la joie au jeu de la vie.

Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que votre doute. Aussi jeune que votre confiance en vous-même. Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre abattement.

Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif. Réceptif à ce qui est beau, bon et grand. Réceptif aux messages de la nature, de l’homme et de l’infini. Si un jour, votre coeur allait être mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard. »

Samuel Ullman (1840 - 1924), vers 1915

Pour l'anecdote, c'était le poème préféré du général Douglas Mac Arthur et il est particulièrement apprécié au Japon.

05/05/2013

Impression de misogynie ?

... Allusion à un débat avec la sympathique @Carine.

... Merci à @blh pour la musique.

 

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21/11/2012

En attendant la nuit

00:11 Écrit par Boreas dans Musique, Poésie | Lien permanent | Tags : depeche mode, waiting for the night |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

25/10/2012

Conte de fées

08/09/2012

La science de Camille Flammarion

 

« (...) La merveilleuse organisation du monde ne vous force-t-elle donc pas à avouer l'existence de l'Etre suprême ? Et d'ailleurs, en vérité, nous nous sommes souvent demandé pourquoi l'on se refuse si obstinément à reconnaître cette existence. Quels sont donc les avantages de l'athéisme ? En quoi peut-il être préférable au théisme ? Qu'est-ce que l'humanité peut gagner à être désormais privée de la croyance en Dieu ? Lequel est le meilleur, de l'homme qui croit et de celui qui ne croit pas ? Est-ce donc un acte de si grande faiblesse que d'être logique avec sa conscience ? Est-ce donc une faute si grave que d'avoir du sens commun ? Peut-être les esprits forts qui escaladent le ciel sur une échelle de paradoxes, croient-ils monter bien haut ! mais ils se tromperaient fort, car leur ascension ressemble à celle de l'épreuve maçonnique antique, dans laquelle l'initié gravissait une échelle de cent cinquante marches qui descendait à mesure, de sorte qu'au sommet de son ascension, au moment de s'élancer dans le vide, il avait à peine quitté le sol. Non, messieurs, votre escalade n'est pas plus terrible que celle-là, seulement elle peut porter de mauvais fruits chez les hommes à vue étroite qui ne s'aperçoivent pas de votre erreur et vous prennent pour les phénix de la science. Si votre illusion était agréable, si vos doctrines étaient consolantes, si vos idées étaient capables d'exciter l'émulation de l'humanité pensante et de l'élever vers un idéal suprême, on vous pardonnerait peut-être ce médicament. Mais, où voyez-vous qu'une saine croyance en Dieu ait été funeste à l'esprit humain ? Où voyez-vous que la connaissance du vrai ait rendu les cerveaux malades ? En dépouillant l'humanité de son plus précieux trésor, en exilant la vie de l'univers, en chassant l'esprit de la nature, en n'admettant plus qu'une matière aveugle et des forces borgnes, vous privez la famille humaine de son père, vous privez le monde de son principe et de sa fin ; le génie et la vertu, reflets d'une splendeur plus éclatante, s'éclipsent avec le principe de la lumière, et le monde moral, comme le monde physique, ne sont plus qu'un immense chaos, digne de la nuit primitive d'Épicure.

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