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13/09/2014

Syrial winner

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Il n'y a pas de hasard.

Au départ, rien ne le prédestinait à devenir l'un des dictateurs les plus sanguinaires et les plus neurasthéniques, sinon du monde, du moins de la zone arabe. Mais son frère, héritier-tyran, est mort sur une autoroute syrienne, et six ans plus tard, son père décède un 10 juin 2000.

Bachar el-Assad, qui n'en avait rien à cirer de la politique : il apprenait l'ophtalmologie avec le docteur Ed Schulenburg au St Mary's Hospital de Londres tout en s'entraînant à draguer la très sunnite Asma Akhras, est ainsi né une seconde fois en même temps, pratiquement, que le IIIe millénaire. Cela porte bonheur, dit-on : effectivement, il a supplanté son père dans les livres d'histoire.

Sur le fauteuil de papa et vampirisé, comme tout le gang familial, par maman, M. Assad n'a autorisé l'éclosion du superéphémère printemps de Damas que pour mieux le dynamiter quelques jours plus tard : une sorte de Ground Zero du printemps syrien, qui a commencé le 11 mars 2011 à Deraa et qui n'en finit pas d'agoniser. Et avant d'accueillir le pape Jean-Paul II en 2001, il fait arrêter et embastiller des dizaines d'intellectuels. Cela porte bonheur, dit-on : en février 2005, Rafic Hariri, ex-Premier ministre libanais martyr, est littéralement déchiqueté devant le Saint-Georges à Beyrouth. Ensuite, ce sont 24 images, ou presque, par seconde. Le 14 mars 2005 s'écrit en lettres d'or sur une place des Martyrs, toujours à Beyrouth, transformée en placenta géant.

Le 30 avril, l'ex-vice-président de M. Assad, Abdel-Halim Khaddam, accuse son ancien patron d'avoir menacé Rafic Hariri et d'être la tête principale de l'hydre mafieuse contrôlant la Syrie et le Liban. Et puis, après le tonitruant merci du Hezbollah et de ses alliés, la Syrie retire ses soldats, tous ses soldats, du Liban. Cela porte bonheur, dit-on : le 14 juillet 2008, il est l'un des invités principaux, au cœur du défilé militaire sur les Champs-Élysées, de l'inénarrable Nicolas Sarkozy.

Arrive Deraa. Puis Homs. Puis Alep. Puis Deir ez-Zor. Puis toute la Syrie. La guerre civile. Les près de deux cent mille morts. Les barils de TNT. L'ami Vladimir et sa flotte à Tartous. Les manipulations tous azimuts du régime baassiste. Les jihadistes. Les hommes barbares et sanguinaires, al-Nosra et consorts, petits angelots époque préraphaélites, avant les monstres de Daech, de l'État islamique. Les djihadistes. Les femmes, ouvrières stakhanovistes du sexe. Encore des manipulations. Toujours des manipulations. Pour que, dans l'inconscient collectif de la planète, on se dise et on se répète que la peste vaut mieux que le choléra – ou l'inverse. Pour que ce gang alaouite avec toute sa barbarie soit érigé en sauveur du pays, de la région, du monde. Et ces nuages de gaz, jaunes, de couleur miel, qui s'élèvent des points d'impact des bombes chimiques, ces enfants qui meurent sur-le-champ, ces blessures inédites entre Roswell et X-Files. Cela porte-bonheur, dit-on : le délicieux M. Assad est réélu fin avril 2014 à la présidence syrienne avec... 88,7 % des voix.

On le sait : un bonheur n'arrive jamais seul. Des bonheurs encore moins : c'est la loi des séries. Si le Hezbollah est au Liban l'unique, le seul (petit) gagnant de cette parthénogénèse hallucinée et hallucinante, opérée d'abord à Fallouja le 5 janvier 2014 puis à Mossoul le 6 juin de la même année, et qui a asséné sur la gueule du monde un cytomégalovirus d'une ampleur démesurée : Daech, ou État islamique, Bachar el-Assad en a été, worldwide, l'absolu bénéficiaire. Le voilà quasiment réhabilité aux yeux du monde, indépendamment des cris d'orfraie poussés à Damas et Moscou (dans une Crimée toujours occupée le plus illégalement du monde) contre des frappes US sans l'aval syrien.

Que Barack Obama et ses alliés bombardent ou pas les positions de l'EI en Syrie, que l'avenir soit noir, rose ou gris pour le président syrien, ou que l'Arabie saoudite redevienne la tsarine du monde arabe ou pas, n'y changeront rien : Bachar el-Assad est aujourd'hui sur un nuage, noyé de baraka. Et cela, c'est impardonnable.

P.-S. : Bachar el-Assad est né en 1965. Le 11 septembre. Il n'y a pas de hasard.

Source

(Je remercie l'ami @Erone pour le tuyau.)

Commentaires

Dis Boreas, il est pas podologue de formation avant de reprendre la boucherie familiale? J'ai toujours cru cela.

Je sais pas ce qui est le plus abject dans tout ça, lui, sa pétasse en Louboutin, son élection complètement bidon, ses crimes de guerre, les réfugiés, l'attitude des suce-babouche ou celle de l'Occident...

J'avoue avoir du mal à voir le danger mondial que fait peser ISIS. Pour moi c'est un problème essentiellement local, dsl, je dois être très con mais à part remettre une thune dans le bastringue et aller leur foutre sur la gueule dans une région où personne ne vaut mieux que son bourreau/victime.

J'ai également un peu de mal avec tout cet emballement sur les crimes et la barbarie de ces types qu'on semble découvrir. À part des récits oraux, peu de preuves factuelles. Non pas que j'aime les excités barbus ou que je déteste les chrétiens de ces régions mais je me pose des questions. J'ai surtout l'impression qu'on a trouvé un épouvantail bien commode pour réhabiliter le naufrage de la politique étrangère occidentale, entre une Ukraine violée et la non assistance à l'ASL. Je note au passage qu'à part faire péter quelques pick up et des tentes de bédouins, personne n'a de plan sur la long terme pour stabiliser le foutoir.

Alors s'il faut faire avec ce triste sire, ma foi, on a déjà fait un petit bout de chemin avec lui, c'est bon quoi, c'est pas ce qui reste vivant en Syrie qui va faire chier le monde et entacher la défense du monde libre et civilisé qui se rachète une conduite à coup de drones 2.0. Non parce que courageux mais pas téméraire, on va pas non plus risquer la vie de soldats blancs dans ces endroits crasseux pour la gueule de types qui sont les alliés d'un soir.

C'est cynique à souhait, c'est mon pays, c'est ma civilisation. Les autres, tant pis pour eux, quelle idée ils ont eu à la base de se planter juste à côté d'un ours sauvage, c'est être très con et chercher les emmerdes.

Écrit par : tarkan | 14/09/2014

Assad a bel et bien un diplôme d'ophtalmologie :

http://en.wikipedia.org/wiki/Bashar_al-Assad#Medicine

Il n'est pas podologue.

Ça ne l'empêche pas de nous sortir par les yeux autant qu'il nous casse les pieds. ;-)

Pour le reste, oui, ce que tu écris renvoie à ce que dit Ambact :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2014/08/11/que-se-passe-t-il-reellement-en-syrie-et-en-irak-5426361.html

Écrit par : Boreas | 14/09/2014

Ok merci pour son cursus universitaire!!

Écrit par : tarkan | 14/09/2014

Autre chose, parce que je suis décidément très con, nos nouveaux potes, le PKK, ils étaient pas sur la liste des organisations terroristes par hasard avant d'être devenu les combattants d'aujourd'hui qu'on connaît?

Non parce que ce serait très con qu'on se rende compte qu'on a donné des armes à des types juste-un-peu-moins-tarés-mais-tarés-quand-même dans quelques années... Mais je dis ça, je dis rien...

Écrit par : tarkan | 15/09/2014

Armer les kurdes est effectivement une nouvelle idée de génie de nos chancelleries occidentales...

Écrit par : JB | 15/09/2014

Remarquez, pour ce que la France leur donne...
Si je ne me trompe pas, c'est juste symbolique.

Écrit par : carine | 15/09/2014

Ah non, Normal first a dit que ça avait pesé lourd dans la balance!! ;)

Écrit par : tarkan | 15/09/2014

Les commentaires sont fermés.