Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : ukraine

Comment l'Ukraine peut s'affranchir de la domination russe

A Lougansk, l'entrée de l'usine Luhanskteplovoz, figée dans le passé soviétique

 

Naturellement, quand votre pays subit la défaite sur le front, il ne peut pas s'empêcher d'en ressentir du désespoir et de l'irritabilité, mais il est important de pas permettre à ses émotions de prendre le pas sur la raison.

La plus grande tentation, dans cette situation, consiste à chercher des explications simples et à accuser une sorte de circonstances insurmontables qui ne dépendent pas de nous.

« Poutine est devenu dingue », « nous avons été attaqués par une superpuissance nucléaire », « personne ne peut arrêter les schizophrènes du Kremlin » : ce sont toutes des affirmations actuellement très populaires et pratiques.

Elles sont commodes, avant tout parce qu'elles font entièrement peser sur l'ennemi extérieur la responsabilité de ce qui se passe, par le moyen de la diabolisation.

Qui aurait pu résister à Satan armé de missiles nucléaires ? Personne.

Rien ne dépend de nous. L'Ukraine est une brindille dans un océan de folie et d'animosité.

En réalité, il existe des recettes pour augmenter nos capacités de défense. Aujourd'hui, nous disposons déjà d'un algorithme tout à fait clair et complet pour transformer l'Ukraine en une forteresse qui serait inaccessible au Kremlin en l'espace de quelques années.

Par conséquent, appliquer cet algorithme nous permettra de créer un Etat qui serait significativement moins vulnérable aux moyens d'influence russes traditionnels, d'ici quelques années. Cependant, en attendant, des processus directement inverses sont à l'oeuvre dans ce pays, parce que l'Ukraine est habituée à suivre la voie du moindre effort et que la Russie en profite.

Dans une perspective d'ensemble, il est clair que l'ennemi géopolitique de l'Ukraine est un Etat suffisamment primitif et prévisible, dont toutes les actions peuvent être anticipées pour les décennies à venir ; cependant, elle joue honnêtement à la misère avec ce lourdaud et se comporte comme si les nouvelles manoeuvres du Kremlin étaient une surprise complète pour Kiev.

Tous les instruments d'influence russes sur l'Ukraine sont simples comme un roulé à la confiture et sont évidents pour n'importe quel élève de CE1, avant d'être utilisés. Nous aurions pu nous en protéger il y a longtemps, par la réalisation de tâches complexes, mais tout à fait possibles. Mais au lieu de résoudre ces problèmes, l'Ukraine cherche obstinément des excuses pour ne pas le faire. C'est de là que vient notre pénible situation actuelle.

Avec quoi Moscou intimide-t-elle traditionnellement Kiev ? Auparavant, l'arsenal de Poutine incluait principalement deux histoires d'horreur économiques : les interdictions douanières d'importations ukrainiennes et la fourniture de gaz. Dans l'année en cours, la liste a également comporté des chars, mais les chars ne peuvent pas être utilisés comme une menace tout le temps. Ils n'étaient pas ici pendant les 23 années précédentes et ils ne seraient pas apparus si Kiev avait employé toutes les mesures préventives.

Les guerres du gaz russo-ukrainiennes ont environ 10 ans. Dans ce laps de temps, même un crétin complet aurait compris que seule la séparation énergétique assurerait notre indépendance envers l'ancienne métropole.

Évidemment, dès que la conduite de gaz russe à la frontière se transforme en souvenir régulier, les officiels russes modèrent l'expression de leur rancoeur. Cependant, les disputes ukraino-russes se sont toujours terminées de la même façon. Kiev a stupidement encore accepté une autre remise, juste comme un des trois petits cochons du conte de fées dansait jusqu'à l'hiver suivant, en chantant « nous n'avons pas peur du grand méchant loup ».

Pourquoi, chaque fois, la Russie a-t-elle consenti à accorder une remise ?

La question, ce ne sont pas seulement les arrangements gaziers qui vous sont venus à l'esprit tout d'abord. Il a toujours été important pour la Russie, non seulement d'obtenir de l'argent, mais aussi de ne pas laisser l'Ukraine se dépendre du crochet du gaz, depuis que Gazprom a vraiment besoin des milliards de dollars de l'Ukraine.

Donc, ils consentaient toujours à la remise : achetez seulement, ne vous dépendez pas de notre crochet du gaz, ne modernisez pas vos réseaux de chauffage usés, vos vieilles chaudières, vos usines gourmandes en énergie, n'isolez pas vos maisons, n'installez pas de compteurs, ne dites pas non au gaz. Et nous ne l'avons pas fait, nous n'avons pas dit non. Nous l'avons acheté.

Sans réserves suffisantes de notre propre gaz, ni suffisamment d'argent pour en acheter, l'Ukraine a continué avec une folle obstination de se comporter comme si le gaz était pour nous une matière première gratuite, au lieu de faire tous les efforts possibles pour chercher une alternative.

Rien qu'en 2013, l'Ukraine a acheté du gaz russe pour 11 milliards de dollars. Pendant ce temps, la majorité en a été irréversiblement perdue, en raison de l'inefficacité du système de chauffage et des industries qui consomment ce gaz. La chaleur s'est échappée à travers les murs peu épais des appartements khrouchtchevka gelés, s'est évaporée dans les tuyaux de chauffage sur le chemin vers les consommateurs, a brûlé en vain sur des brûleurs en essayant de chauffer les maisons froides de quelqu'un.

Le texte actualisé de la Stratégie Energétique pour l'Ukraine, publié l'année dernière, déclare que la perte de chaleur pendant la livraison de gaz aux consommateurs en Ukraine, en raison de ces canalisations, s'élève à un total de 30 à 45 %.

En attendant, le pays continue de gaspiller des millions à chauffer l'air, au lieu de les dépenser pour reconstruire ces épouvantables canalisations et d'économiser fanatiquement, comme le ferait n'importe quel propriétaire raisonnable.

L'occupation préférée des politiciens ukrainiens consiste à se lamenter sur la « manette du gaz » russe et à ne rien faire. Bien sûr, il est commode de rejeter sur Poutine la responsabilité des radiateurs froids dans les appartements ce prochain hiver ; cependant, peut-être est-il seulement temps de faire en sorte que la chaleur dans les appartements ne dépende plus de Poutine et de ses penchants maniaques ?

S'il existait un bon système de service public et des technologies économisant l'énergie dans la production en Ukraine, Poutine aurait été aussi dangereux pour nous que Robert Mugabe du Zimbabwe. Mais l'Ukraine n'a aucune force politique qui développerait ni, plus important encore, populariserait la stratégie claire et progressive consistant à se débarrasser du noeud coulant économique russe.

Au lieu de passer leurs jours et leurs nuits à clamer, depuis tous les écrans de télévision, ce qu'il est important de faire pour acheter moins de gaz russe, les politiciens qui s'autoproclament patriotes ukrainiens, intégrateurs européens et nationalistes, agitent inutilement des fourches et crachent des bêtises populistes.

Kakha Benukidze, ancien ministre géorgien et conseiller manqué de Petro Porochenko, a souvent dit que l'Ukraine est capable de refuser complètement le gaz russe, si elle apprend seulement à économiser. Et, tandis que moderniser des productions industrielles privées signifie une migraine pour leurs propriétaires, dans la sphère commune l'Etat peut et doit prendre en charge le rôle du chef, s'il est intéressé par le maintien des intérêts nationaux.

Le travail devrait être fait, ici, aux niveaux suivants,simultanément :

1. Equiper les appartements privés, de brûleurs et de chaudières électriques, en reconstruisant des réseaux d'électricité ;

2. Eliminer ou reconstruire les canalisations de chauffage dans les villes ; installer des mini-chaudières à fioul ou à gaz dans des immeubles d'appartements, au lieu des chaudières actuelles non économiques ; faire en sorte que la population utilise le chauffage individuel et installer des compteurs à gaz ;

3. Isoler les murs des bâtiments qui l'exigent.

Par ailleurs, il est possible non seulement d'économiser, mais de développer des sources d'énergie alternatives. Par exemple, d'obtenir du biocarburant à partir des déchets agricoles que nous avons toujours eu en quantité. Environ 9.000 systèmes de biogaz fonctionnent aujourd'hui en Allemagne ; en Ukraine, un tel système est toujours considéré comme une nouveauté.

Naturellement, tous ces moyens exigent davantage d'investissements financiers. Mais d'un autre côté, l'Ukraine dépense-t-elle moins en achetant du gaz à un Etat occupant ? Ce n'est pas bon marché, de donner à Gazprom plus de dix milliards de dollars par an.

En substance, les Ukrainiens peuvent exécuter cette stratégie sans l'aide de l'Etat ni du gouvernement. Avec de la volonté et à l'occasion, tout le monde peut isoler son appartement, installer le chauffage individuel ou une chaudière électrique, dire non aux radiateurs à gaz et les remplacer par des modèles électriques.

Nous pouvons lutter contre l'agresseur, pas seulement avec un fusil à la main.

Aujourd'hui, la guerre pour l'indépendance au gaz serait un coup garanti, porté à Poutine. Mais il n'y a aucun mouvement civil sérieux en Ukraine, qui soulèverait constamment cette question, unirait les citoyens, leur expliquerait l'état des choses.

Il y a Yegor Sobolev, qui a réussi à donner pertinence au thème de la lustration et à le populariser ; il y a le libertarien Hennadiy Balashov, qui a fait de la publicité à son parti 5.10 tout autour de Kiev ; mais il n'y a personne qui serait aussi ardent à convaincre la société de la nécessité de mettre en oeuvre une politique nouvelle, principalement énergétique, en Ukraine.

La situation est semblable dans l'industrie ukrainienne. Malgré des guerres commerciales régulières, le comportement absolument audacieux du gouvernement russe en ce qui concerne l'Ukraine et des interdictions schizophrènes de marchandises ukrainiennes en Russie, l'Ukraine continue à s'orienter elle-même vers la Fédération de Russie et à regarder la Russie comme un de ses principaux partenaires commerciaux.

Bien que le bon sens et l'intuition aient fait allusion, depuis longtemps, au fait qu'un partenaire aussi agressif, peu fiable et hostile constitue une menace potentielle envers la sécurité nationale, et que toutes les relations avec lui devraient être réduites au minimum.

Les relations ukraino-russes sont absolument contraires à la logique élémentaire. N'importe quel producteur de mouchoirs en papier vendus au marché noir évitera le travail avec un mauvais distributeur, mais l'Ukraine s'accroche à la Russie et à son marché, comme si nous étions la Corée du Nord avec qui personne d'autre ne coopérerait.

Le même piège que dans des relations gazières est à l'oeuvre ici, évidemment. En intimidant l'Ukraine avec des interdictions [commerciales, ndt], Moscou est en réalité restée intéressée par des liens économiques forts avec l'Ukraine et c'est pourquoi elle ne les a jamais rompus, même dans les années des relations les plus tendues.

Le Kremlin a toujours trouvé important de soutenir la dépendance des producteurs ukrainiens sur leurs marchés et de les empêcher de se réorienter vers d'autres pays. Ne pas permettre à ces entreprises de périr, alors qu'elles seraient mortes il y a longtemps dans des conditions de réelle économie de marché. Encourager la stagnation.

Pour leur part, les propriétaires d'industries de construction mécanique périmées, traditionnellement membres du Parti des Régions, étant dépendants des marchés russes, ont insisté en faveur de liens économiques plus étroits avec Moscou.

A ce titre, le Kremlin a effectivement lié l'Ukraine à lui, soutenant avec prévoyance ses usines non rentables et créant un puissant lobby russe en Ukraine. Et les lobbyistes ont répété le mantra : nous devons sauver notre construction mécanique, nous ne pouvons pas tuer les vestiges du potentiel de l'URSS, nous ne pouvons pas permettre le chômage…

En définitive, le chômage n'est jamais allé nulle part, de vieilles industries ont progressivement continué de se dégrader et de mourir, mais en attendant, l'Ukraine est restée dans une dépendance économique totale envers la Russie et ses partenaires de l'Union Douanière. Un exemple typique en est l'usine Luhanskteplovoz de Lougansk, qui n'était capable de fonctionner que quand elle recevait des commandes de la Compagnie des chemins de fer russes mais qui, malgré cela, licenciait régulièrement des employés et travaillait à temps partiel, ne pouvant vendre ses produits nulle part ailleurs qu'en Ukraine et en Russie.

Au lieu de développer de prometteuses nouvelles industries, par lesquelles l'Ukraine aurait vraiment pu parvenir à des positions de leader sur les marchés mondiaux et pour le développement desquelles il y a un énorme potentiel dans le pays, sous la pression de stéréotypes, nous avons continué de ressusciter les cadavres pourrissants de reliques soviétiques, en essayant de préserver les industries dans lesquelles nous nous sommes désespérément faits distancer il y a longtemps.

Au lieu de chercher de nouveaux marchés en Afrique et en Asie, nous continuons obstinément à dire à la nouvelle génération d'Ukrainiens que nos produits sont seulement nécessaires dans l'état post-soviétique.

Un tel point de vue reste incroyablement populaire dans le pays, bien que les exportations de l'Ukraine vers les pays de l'Union Douanière soient déjà tombées à 25 % du total et que les 75 % restants aillent au reste du monde.

Hélas, il semble que l'Ukraine ne dira finalement non à son orientation économique étrangère suicidaire au profit de son ancien suzerain, que quand ce suzerain l'y poussera, ce qui, au travers de la guerre actuelle, a semble-t-il finalement tiré un trait sur ce partenariat à long terme.

Nous avons payé pour notre paresse et notre lâcheté, avec des territoires annexés. Et Dieu sait combien nous devrons encore donner, avant que nous ne comprenions, en définitive, que les victoires sont non seulement forgées sur le front, mais aussi à l'arrière, avant que le combat ne commence.

Staniyslav Kmet, pour l'Ukrayinska Pravda

Source en anglais

Source en russe

Traduit de l'anglais par mes soins. Liens hypertexte ajoutés par moi. Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.

Lire la suite

Le CAC 40 se fiche bien de l'Ukraine

C'est à partir de 3' 30" et jusqu'à 10' 00" :

Canal+, La Nouvelle Edition du 17 septembre 2014 - Partie 4 : Les amis français de Poutine

En complément, lisez aussi ce billet.

Pendant que j'y suis, sans rapport direct avec le sujet et parce que je ne peux pas reproduire sur ce blog tout ce que je trouve d'excellent sur la Toile, concernant la crise ukrainienne, je vous recommande aussi la lecture de ce très bon article.

Lire la suite

Voilà ce que défendent les pro-russes en Ukraine

Holodomor.jpg

 

L’objet de cet article n’est pas d’être exhaustif, ce serait trop long, ni de revenir en détail sur les guerres civiles atroces qui ont ravagé l’Ukraine et les conséquences politiques des deux premières famines.

Il s’agit simplement de démontrer comment une politique de remplacement migratoire a été à l’œuvre en URSS par l’utilisation de 3 famines (1921, 1932, 1946), du couple déportation-importation de populations et de prouver combien cela pèse sur la paix civile et la cohésion du pays aujourd’hui afin d‘en tirer des enseignements.

L’Ukraine est une nation martyre. Après avoir gémi sous le knout des Tsars, la révolution de février 1917 lui fait rêver à une indépendance que le chaos et l’issue de la guerre civile provoquée par le coup d’Etat bolchévique achèveront d’anéantir pour longtemps.

En effet la guerre civile « russe » voit s’affronter en Ukraine pléthore d’armées : allemande, autrichienne, rouge, russe blanche, ukrainienne nationaliste, ukrainienne anarchiste, groupes de partisans, polonaise, etc., les troupes non étrangères étant elles-mêmes divisées en factions et changeant régulièrement de camp où elles conservent néanmoins leurs habitudes de guerre très sale.

Dès 1921–1922 la famine, provoquée par la nationalisation du commerce des céréales et les réquisitions communistes, éclate dans certaines provinces d’Ukraine : Zaporojié, Donetsk, Ekaterinoslavl et Odessa (toutes ces provinces, à l’exception de Zaporojié, ont été plus ou moins secouées par les menées des séparatistes, car la population autrefois décimée y a été remplacée, par vagues successives, dans les années consécutives à cette première famine soviétique).

Celle-ci n’a pas été totalement provoquée comme le sera la deuxième, cependant comme le note l’historien Emile Thévenin, les bolchéviks l’aggravent par idéologie et l’utilisent cyniquement pour conforter leur pouvoir en s’imposant comme interlocuteurs légitimes des organisations étrangères qu’ils appellent à l’aide. Comme toujours avec le communisme, le pire restait à venir. Les Ukrainiens gênaient en URSS. Au sein même du parti, leurs voix étaient dissidentes, leurs aspirations renaissaient. Staline eut alors recours aux services de Lazare Kaganovitch pour réduire « l’indigénisation » de l’Ukraine et des Ukrainiens. Oui, l’indigénisation devait être réduite, elle le sera par le grand remplacement de l’époque. Cette fois, la famine, d’une ampleur inégalée, allait être dissimulée au monde, contrairement à la première. Ainsi, en 1930 et 1931, ce sont 30% et 40 % de la production agricole ukrainienne qui sont confisqués par l’Etat pour acquérir un capital socialiste et/ou la distribuer aux régions « méritantes » du fait de leur loyalisme. L’URSS exportera plus de 3 millions de tonnes de céréales en 1932-1933. Immonde.

Cette politique met l’Ukraine à genoux, la disette réapparaît. Elle est l’occasion, en l’amplifiant, de liquider la paysannerie, de procéder à la dékoulakisation : 2 à 10 millions d’Ukrainiens, selon les estimations (basses et hautes, les archives précises de cette périodes manquent et ne contiennent pas toutes les données, argument classique des révisionnistes qui retiennent le chiffre de 2 millions, 7 millions de victimes ukrainiennes est le chiffre admis), décèdent de la faim et du typhus, alors que l’armée encercle les villages pour les priver de ravitaillement.

Le NKVD réquisitionne encore les récoltes, empêche les mourants de quitter leurs zones de confinement-extermination et, au besoin, renvoie les évadés y périr loin des regards. L’est et le sud de l’Ukraine sont particulièrement touchés, tant et si bien que les autorités soviétiques y importent des populations du reste de l’URSS, le grand remplacement de l’époque, vous suivez… Aujourd’hui, ces régions aussi votent majoritairement pour le Parti des Régions. Le remplacement a été si immédiat, que les conséquences démographiques de la famine sont également dissimulées.

Rappelons qu’à cette époque, 18 millions de soviétiques sont envoyés au goulag, les déportations massives ne posent aucun problème au régime communiste ; ni technique, ni moral. Le génocide trouvera des complices à l’Ouest ; ainsi, le président du conseil français, Edouard Herriot, qui est promené dans des kolkhozes « Potemkine », parlera d’un pays riant et de « récoltes admirables ».

Et pour cause, le produit des confiscations est distribué aux kolkhoziens communistes, aux membres du Parti non épuré, aux familles de soldats et chiens de garde du NKVD. La famine comme instrument de punition et de récompense. La partie ouest de l’Ukraine échappe à cette terreur car, à ce moment-là, elle n’est pas sous domination soviétique. Elle est partagée entre la Pologne pour la Galicie, la Tchécoslovaquie pour la Ruthénie, et la Roumanie pour la Bucovine du nord et la partie située au sud de la Bessarabie.

En 1939, le pacte germano-soviétique permet à l’URSS de faire main basse sur la Galicie ; aussitôt le NKVD entreprend la liquidation des « nationalistes bourgeois », ukrainiens comme polonais. Les habitants d’une bande frontalière de 800 mètres [de large, incluant 9 villes] à l’est du Reich, allié de l’URSS, sont déportés par les communistes. Ainsi, 400.000 Polonais d’Ukraine et de Biélorussie sont déportés en Sibérie, des milliers d’Ukrainiens et de Polonais sont assassinés.

En 1940, la Bucovine et la Bessarabie roumaine sont annexées par l’URSS, qui déporte l’ensemble des intellectuels roumains en Sibérie. Là encore, on déplace les populations parlant la même langue que les frontaliers… pour verrouiller le paradis communiste, des fois qu’on veuille le vanter au voisin, sans doute.

L’Ukraine de l’ouest, sous occupation austro-hongroise, puis polonaise, a vu sa population ukrainienne bénéficier de davantage de libertés que celle vivant dans l’empire des Tsars : liberté politique toute relative, liberté d’entreprendre, liberté religieuse, niveau d’éducation plus élevé et propriété privée. Après la révolution, elle demeure polonaise et ne sera soviétisée qu’en 1945 (après le laps de temps de 1939-1941), ce qui la rend plus mature en matière d’opinion publique et de conscience de ce qu’elle est.

L’abrutissement communiste y étant, de surcroît, perçu comme une entreprise coloniale étrangère très brutale.

En 1945, l’Ukraine de l’ouest revient définitivement dans le giron soviétique ; en décembre de la même année, 218.865 hommes, femmes et enfants y auront été assassinés par le NKVD. 78.000 Ukrainiens sont déportés en Sibérie, et des soviétiques d’autres régions les remplacent. Il faut dire que, pendant cette période, la résistance ukrainienne a tué 35.000 soldats de l’Armée rouge et du NKVD, de quoi alimenter leur soif de vengeance sur les civils… Ainsi, l’historien Rosselli rappelle qu’à Zhovkva, 225 squelettes, dont 80 de femmes et d’enfants, tués d’une balle, furent découverts en 2002, sur les indications d’un rapport du NKVD. Les Ukrainiens et les Polonais se livrent aussi une impitoyable guerre civile, avant de s’allier, trop tard. Une nouvelle famine s’abat sur l’Ukraine entre 1946 et 1947. Et c’est encore Lazare Kaganovitch qui en est le maître d’œuvre, par les confiscations et privations-punitions.

Dans le même temps, la politique de grand remplacement s’abat sur les pays baltes annexés. A titre d’exemple, en Lettonie, entre 1945 et 1947, 500.000 civils soviétiques sont importés pour briser la résistance, faisant chuter la part des Lettons de 83 à 60% ! Les déportations permettent d’accentuer ce grand remplacement, car en restant 10 à 20 ans relégués au goulag, les indigènes, entre temps remplacés chez eux, ne peuvent démographiquement résister à l’invasion de leur sol. Lorsqu’ils reviennent, brisés, il est trop tard.

Thévenin rappelle que le rapport secret présenté au XXe congrès du PCUS, contient cet aveu terrible de Khrouchtchev : « Les Ukrainiens n’évitèrent ce sort (la déportation de l’ensemble de la population) que parce qu’ils étaient trop nombreux et qu’il n’y avait pas d’endroit où les déporter. Sinon ils auraient été déportés eux aussi »…

A ces famines, massacres et déportations, s’ajoute tout un arsenal de cruautés. L’odieux principe de responsabilité collective conduit les communistes à punir l’ensemble des familles des opposants, sur 3 générations et notamment, à séparer les enfants de leurs parents.

Ainsi, le fils du chef de la résistance ukrainienne, le petit Youri qui jusque-là vivait avec sa sœur Marika et la petite Irène Reichenberg, petite fille juive que sa mère cachait en la protégeant des nazis, fut en 1944 (date de l’arrivée des soviétiques à Lviv) – à l’âge de 11 ans – arrêté. Youri passa 46 années de sa vie en camp, prison, asile et exil soviétique ! 46 années, de 11 à 57 ans (le 2 août 1982, son cas a été soulevé à l’Assemblée nationale française ; le Quai d’Orsay avait plusieurs fois tenté d’obtenir, en vain, sa libération), pour sortir libre mais… aveugle !

Le grand remplacement soviétique permet aussi au pouvoir central de miser sur les divisions. Il demeure encore un instrument de domination. En effet, la politique de l’URSS à son éclatement, en réaction aux indépendances de l’Ukraine, de la Moldavie, de la Géorgie, fut d’encourager des forces centrifuges, des indépendances dans l’indépendance. Celles-ci permettaient au Kremlin et à l’Armée rouge d’arbitrer les conflits et de conserver une allégeance dans ces pays : Moldavie-Transnistrie, Géorgie-Abkhazie, Ukraine-Donbass-Crimée, aucun de ces conflits, parfois armés - dans les 2 premiers cas - ne sont réglés… On dresse une partie du peuple contre l’autre et, un jour, cette partie appelle le grand frère au secours contre l’autre…

Ianoukovitch fut bien l’homme-lige des maîtres d’œuvre de la satellisation de son pays. Il a instauré le bilinguisme, travesti l’histoire de l’Ukraine en défendant non seulement le passé soviétique mais en imposant la vision soviétique et tronquée de l’histoire. Sa politique de privatisation, menée dans l’opacité, a permis aux clans oligarchiques de l’est du pays de faire main basse sur l’économie ukrainienne. Ses alliés sont d’anciens communistes, des communistes tout court, des affairistes mafieux (Igor Markov, le clan de Lougansk…), des suprémacistes… En bon gouverneur colonial et de son aveu même, Ianoukovitch n’a employé pour la répression à Kiev que des militaires et policiers issus de l’est et du sud colonisés du pays. Ainsi, le 30 janvier dernier, un capitaine d’un régiment de sécurité de Lougansk (fief de la mafia et du parti des régions) décédait, à l’âge de 31 ans, d’un arrêt cardiaque dans son cantonnement de Kiev. Les autres troupes, conscientes de leur identité ukrainienne, sont jugées peu fiables par le satellite. L’utilisation de troupes composées de descendants de colons est un autre aspect du grand remplacement, qui n’est pas à négliger. Des hommes ne parlant pas la même langue que les manifestants, leur tirent plus facilement dessus.

Outre ces troupes, l’ancien pouvoir a pu compter sur les hommes de main des oligarques (tels Igor Markov, le clan de Lougansk, etc., etc.) comme escadrons de la mort (30 manifestants ont disparu en plus des 7 morts, dont l’un a été retrouvé dans un bois, après avoir succombé à ses tortures), et les hell’s angels (impliqués dans le trafic de drogue). Le 1er février dernier, 6.000 délégués des sections locales du parti communiste, réunis en assemblée à Kharkov ont « spontanément » décidé de la création de milices de guerre civile, avec le but avoué de servir de police parallèle supplétive dans la répression. Là encore, il faut regarder la vérité en face, un descendant de colon ou d’indigène lobotomisé, ne rentre pas là où est son allégeance véritable, il se bat sur la terre qu’il occupe ou convoite.

Dans les régions où dominent les tenants de l’homo sovieticus, les manifestants ukrainiens, minoritaires sur leur propre sol, ont été immédiatement dispersés avec la plus extrême violence. Depuis, des menaces sordides pesant sur l’emploi, les femmes, les filles, et les enfants, sont constamment exercées pour maintenir ces territoires hors de la souveraineté ukrainienne. Aujourd’hui, deux populations s’affrontent, le peuple ukrainien qui a survécu à ces horreurs et le peuple de l’homo sovieticus qui en est le fruit dépourvu d’identité ; l’une a un passé tragique et l’autre ignore tout du sien, l’une veut un avenir ukrainien et libre, l’autre regarde la liberté avec dédain et se situe toujours dans une posture de satellite, son allégeance est ailleurs… Deux peuples ne font pas une nation. Le grand remplacement soviétique fut un ferment d’injustices, de spoliations, d’abrutissements, de violences protéiformes et de guerre civile.

Source : France Ukraine Solidarité

Je précise que ce texte a été écrit avant les massacres de la Place Maïdan. En complément, l'essentiel d'un autre article de la même époque et du même auteur, trouvé sur Riposte Laïque (un site que je n'aime pas beaucoup, mais cela n'a rien à voir).

---------------------------------

[...] le site Egalité et Réconciliation ou encore des blogs nationaux-bolchéviques nostalgiques du pire des mondes, médiatisent en français les vociférations d’Evgeni Tsarkov, ex-député communiste de 2007 à 2012 à la Douma ukrainienne, et actuel premier secrétaire de la section régionale du PC ukrainien d’Odessa. Evidemment, ce sale type a le droit d’avoir son avis, et je condamne la répression socialiste française exercée ici contre des manifestants, alors que le système a les yeux de Chimène pour les pillages des colons-casseurs. Cependant, il faut raison garder, on ne peut pas mettre sur un pied d’égalité les gaz lacrymogènes des CRS et les tirs tendus à balles réelles de la police soviétique, dite ukrainienne, aux ordres du gang mafieux de Ianoukovitch, président d’Ukraine parlant russe, né soviétique en Biélorussie. Tirs qui ont fait, rappelons-le, 7 morts, des centaines de blessés et 30 disparus enlevés par des gangs mafieux agissant en police parallèle ou escadrons de la mort, pour le compte des oligarques ukrainophobes de Lougansk.

Le Parti Communiste d’Ukraine est détestable. D’abord car en Ukraine, plus encore qu’ailleurs, il ne faut pas avoir honte pour se proclamer communiste après les trois famines aggravées ou provoquées par le communisme en 1921, 1932-1933 et 1946, qui se sont soldées par des millions de morts et qui ont été un instrument de lutte contre « l’indigénisation », sic !

Mais le plus grave est qu’ici, des prétendus patriotes le relaient. Les commentaires deviennent inquiétants, tant de nombreux soi-disant patriotes acclament les remugles de ce résidu stalinien. En effet, les conséquences de ce génocide dont le parti de Tsarkov nie l’ampleur tout en déplorant que la répression n’ait pas été alors plus importante, ont été un grand remplacement qui est aujourd’hui à l’origine de la crise ukrainienne. Ainsi, les millions d‘Ukrainiens massacrés en 1932-1934 ont été aussitôt remplacés par des déplacés soviétiques d’autres régions et, notamment, de Russie. C’était en effet l’époque des grandes famines, mais aussi des grandes déportations. A la fin de la deuxième guerre, cela a été aggravé, entre 1945 et 1975 par l’installation massive de retraités de l’armée rouge et du sinistre NKVD ainsi que de leurs familles, sur tout le littoral ukrainien, afin de le coloniser et de diluer la résistance ukrainienne par des éléments sûrs. Et aujourd’hui beaucoup de ces déracinés, décérébrés du Donbass, d’Odessa et d’ailleurs, descendants de l’homo sovieticus analphabète et ivrogne, ignorant même de quelle région venaient leurs grands-parents, ne sont ni ukrainiens ni russes, mais se tournent plus volontiers vers Moscou, par unité linguistique et réflexe soviétique de déraciné colonial. Fruits pourris d’un grand remplacement, les communistes ukrainiens sont un affreux mélange de totalitarisme rouge et de capitalisme mafieux.

En effet, Ianoukovitch, dans ses campagnes de privatisation, a favorisé la nomenklatura et la mafia issue des anciennes « élites » (enfin, si on peut parler d’élites dans ce cas…) soviétiques. Ces oligarques ayant appris le libéralisme dans les caricatures marxistes, en appliquant un programme qui ferait frémir les « manchestériens » du 19e siècle. Le PC ukrainien et la télé soviétique qualifient généralement les résistants ukrainiens d’extrémistes, mais déjà les communistes sont eux-mêmes des extrémistes… Et regardons, par exemple, à qui ils sont alliés, outre des sortes de cosaques et suprémacistes sans doute plus extrémistes encore. A Odessa, là où sévit le camarade Tsarkov, celui-ci a pour allié un certain Igor Markov, homme d’affaire louche, incarcéré pour malversation et corruption.

Tout d’abord élu du Parti des Régions (le parti séparato-irrédentiste de Ianoukovitch), vaguement communiste, Markov devient nationaliste grand-russe, enfin nationaliste soviétique, car je ne veux pas faire insulte aux Russes qui souffrent également de cette politique très coûteuse pour eux. Donc, Markov quitte le Parti des Régions, continue ses « affaires » et trafics et fonde un groupuscule, toujours néanmoins allié du parti des régions et du PC, le parti Rodina, qui est en fait un groupe de brutes et de repris de justice qui terrorisent les commerçants et les retraités ukrainiens par le racket, et les étudiants dès lors que ceux-ci osent affirmer le caractère ukrainien d’Odessa. Le pouvoir local étant entre les mains du Parti des Régions, la police corrompue et aux ordres laisse faire. Pour preuve, je vous invite à regarder cette vidéo qui devient terrible, où on voit Markov et ses hommes (dont l’un porte un magnifique tee-shirt rouge marqué CCCP) disperser violemment un rassemblement pacifique et laisser un homme pour mort (pris de convulsion et baignant dans son sang), en serrant la main des policiers en uniforme présents sur place, avant de quitter les lieux.

Cela soulève ces questions : comment ne pas faire

Lire la suite

Bravo, Irina

Des nouvelles d'Irina Dovgan, cette courageuse Ukrainienne enlevée, battue, torturée et mise au pilori par les salopards terroristes pro-russes de Donetsk :

 

Lire la suite

Immense soutien populaire pro-russe à Donetsk...

... Comme d'habitude.

La CIA a-t-elle bidouillé un reportage pour maquiller la réalité, c'est-à-dire cacher le désir des habitants d'être sauvés du fascisme par la Russie, comme nous le diraient Berruyer ou Latsa ? Même pas. C'est l'ineffable Graham Phillips qui s'est chargé de filmer les réjouissances.

Graham Phillips, c'est ce pseudo-journaliste britannique qui s'affiche avec « Motorola », le commandant russe bigame des terroristes de Donetsk, ce pseudo-journaliste à la déontologie inexistante au point d'interviewer des prisonniers ukrainiens pendant leur captivité, au point d'essayer de falsifier des entretiens, cet histrion dont même RT ne veut plus, même s'il fait apparemment encore des piges pour Ruptly.

Ce propagandiste mythomane, adepte de la posture victimaire, ce mélange d'anglais et d'écossais ne conçoit son identité que comme réunifiée, déniant à l'Ecosse la légitime indépendance dont il réclame pourtant l'équivalent illégitime pour la construction mentale baptisée « Nouvelle Russie », en transposant manifestement son propre complexe identitaire à la Russie et à l'Ukraine, au mépris de la réalité historique et ethnique.

C'est l'homme qui aime les statues de Lénine et regrette leur démolition.

Cet individu, donc, a filmé hier la fête du sixième (mois) anniversaire de la République Populaire de autoproclamée de Donetsk, avec représentation des Ukrainiens par des jeunes filles en justaucorps noir, tendant le bras sur la scène, façon nazis, sur fond de musique militaire allemande, devant quelques pauvres dizaines/centaines de spectateurs peu enthousiastes :

 

Ça sonne creux et c'est complètement ridicule.

Finalement, ce type est plus utile à l'Ukraine qu'autre chose. Il est tellement con qu'il en est complètement contre-productif. Le monde entier se fout de sa gueule, sauf les débiles pro-russes (ici, un Polonais à tête de... je vous laisse le choix de l'adjectif), et encore.

Lire la suite

La Russie bombarde l'Ukraine (màj : photos satellite)

Et maintenant (27 juillet 2014), ce sont les images satellite qui le prouvent :

Source

----------------------------

Ce n'est pas moi qui le dis, mais les soldats russes eux-mêmes. Ainsi que des civils russes :

L'ARMÉE REGULIÈRE RUSSE BOMBARDE L'UKRAINE DEPUIS LE TERRITOIRE RUSSE, ET LE MONDE DIT CIVILISÉ NE MOUFTE PAS.

Encore quelques images (de lance-roquettes multiples GRAD) et une carte, à titre d'exemple ::

 

Source

Juste une question aux empoutinés : si le méchant Occident et en particulier les immondes Etats-Unis sont si influents en Ukraine, et que la-junte-de-Kiev-mangeuse-d'enfants n'est que leur instrument pour déclencher la troisième guerre mondiale contre l'innocente-Russie-de-Poutine-qui-ne-fait-que-se-défendre, pourquoi ça n'a-t-il pas déjà commencé ?

Il y a pourtant toutes les raisons qu'il faut, non ?

Lire la suite

Charnier « séparatiste »

Source

Lire la suite

Vol MH17 : les aveux des terroristes

Un lance-missiles Buk des terroristes, photographié par l'équipe de Paris-Match sur un camion volé à Donetsk, en train d'arriver dans la ville de Snijné au matin du 17 juillet 2014

 

Que s'est-il passé ? Le jour où le vol MH 17 a été abattu

Snijné, Ukraine - Il était l'heure du déjeuner quand un lance-missiles chenillé équipé de quatre engins sol-air SA-11 arriva en ville et se gara dans la rue Karapetyan. 2.400 kilomètres plus à l'ouest, les passagers au départ du vol Malaysia Airlines MH17 étaient en train de se faire enregistrer.

Les habitants ont raconté que cela avait été une journée bruyante dans cette ville de l'est ukrainien. Beaucoup de matériel militaire l'avait traversée. Mais malgré tout, il aurait été difficile de rater le volumineux système de missiles, également connu sous le nom de Buk M-1. Il a laissé de profondes empreintes de chenilles sur l'asphalte, en grondant au milieu d'un petit convoi.

Les véhicules s'arrêtèrent devant les journalistes de l'Associated Press (AP). Un homme portant un treillis peu familier, parlant avec un accent russe caractéristique, vérifia qu'ils n'étaient pas en train de filmer. Ensuite, le convoi se remit en route, pour une destination inconnue au cœur de la rébellion pro-russe de l'Ukraine orientale.

Trois heures plus tard, des gens à 10 kilomètres à l'ouest de Snijné entendirent de grands bruits.

Et puis ils virent des morceaux de métal tordu - et des corps - tomber du ciel.

Le commandement rebelle à Donetsk a, à plusieurs reprises et publiquement, nié toute responsabilité dans le crash du vol MH17.

Sergueï Kavtaradze, un porte-parole du chef rebelle Alexandre Borodaï, a répété à l'AP vendredi [25 juillet 2014] qu'aucune unité rebelle ne disposait d'armes capables de porter à une telle altitude, et déclaré que toutes indications contraires font partie d'une guerre de l'information visant à porter atteinte à la cause des insurgés.

Pourtant, les démentis sont de plus en plus mis en question par les récits d'habitants, les observations de journalistes sur le terrain et les déclarations d'un officiel rebelle. Le gouvernement ukrainien a également fourni de prétendues interceptions de communications, qu'il dit montrer l'implication des rebelles dans l'abattage de l'avion.

Un rebelle haut placé, parlant à l'AP cette semaine, a admis que les rebelles étaient responsables [N.B. : Alexandre Khodakovski, commandant du bataillon Vostok, n'est donc plus le seul à avoir vendu la mèche, ndt]. Il a déclaré qu'une unité composée de Russes comme d'Ukrainiens, basée dans la ville natale du président déchu Viktor Ianoukovitch, a été impliquée dans la mise à feu d'un SA-11 près de Snijné. Le rebelle, qui a un accès direct au cercle intérieur du commandement des insurgés à Donetsk, a dit que son nom ne pouvait être cité parce qu'il contredisait la ligne officielle de la rébellion.

Les rebelles ont cru qu'ils visaient un avion militaire ukrainien, a déclaré cette personne. Au lieu de cela, ils ont atteint l'avion de ligne volant d'Amsterdam à Kuala Lumpur. Les 298 personnes se trouvant à bord ont toutes été tuées.

Des conversations téléphoniques interceptées et publiées par le gouvernement ukrainien semblent confirmer qu'ils ne savaient pas que l'avion était un appareil civil.

Dans ces enregistrements, on peut entendre les jurons des premiers rebelles arrivés sur les lieux, en voyant le nombre des corps et les insignes de la Malaysia Airlines.

L'Ukraine a immédiatement blâmé les rebelles pour l'abattage de l'avion. Dans une interview à Kiev cette semaine, le chef du contre-terrorisme ukrainien, Vitaly Nayda, a donné l'AP la version gouvernementale des événements du 17 juillet. Il a déclaré que ce compte-rendu était fondé sur les informations recueillies grâce à des interceptions de conversations [téléphoniques], à des espions et à des indications émanant d'habitants.

Nayda a entièrement rejeté la faute sur la Russie : il a déclaré que le lance-missiles est venu de Russie et a été mis en oeuvre par des Russes. Vendredi [25 juillet 2014], le ministère russe des Affaires étrangères a refusé de commenter l'une ou l'autre accusation. Moscou a toujours nié toute implication dans l'abattage de l'avion.

Le responsable rebelle qui a parlé à l'AP n'a pas abordé la question d'une quelconque participation du gouvernement russe à l'attaque. Les officiels américains ont rendu la Russie responsable d'avoir créé les « conditions » de l'abattage de l'avion, mais n'ont apporté aucune preuve de ce que le missile soit venu de Russie ou que la Russie ait été directement impliquée.

Selon Nayda, le lance-missiles est entré en Ukraine à une heure du matin le 17 juillet, en franchissant la frontière russe à bord d'un camion à plateau. Il a cité des interceptions de communications qu'il ne souhaitait pas partager avec l'AP. Avant neuf heures, a-t-il déclaré, le lance-missiles a atteint Donetsk, le principal bastion rebelle à 200 kilomètres de la frontière. A Donetsk, il est présumé avoir été déchargé du camion à plateau et avoir commencé à se déplacer par lui-même au sein d'un convoi [N.B. : on sait par ailleurs qu'un autre camion à plateau a été volé à Donetsk le 17 juillet 2014 par les terroristes et a servi à transporter un lance-missiles Buk, ndt].

Nayda a dit que le Buk est revenu vers l'est, en direction de Snijné. Les habitants de la ville qui ont parlé à l'AP, ont dit qu'il roulait dans Snijné vers l'heure du déjeuner.

« Ce jour-là, il y avait beaucoup de matériel militaire se déplaçant en ville », se rappelle Tatyana Germash, une comptable de 55 ans, interrogée lundi, quatre jours après l'attaque.

Valery Sakharov, un mineur à la retraite de 64 ans, a montré l'endroit où il a vu le lance-missiles.

« Le Buk était garé dans la rue Karapetyan à midi, mais plus tard il est parti. Je ne sais pas où », a-t-il déclaré. « Regardez : il a même laissé des marques sur l'asphalte ».

Même avant que l'avion ait été abattu, l'AP avait rapporté la présence du lance-missiles dans la ville, le 17 juillet.

Voici ce que disait la dépêche : « Un journaliste de l'Associated Press a vu jeudi sept chars aux mains des rebelles, garés près d'une station-service en dehors de la ville est-ukrainienne de Snijné. Dans la ville, il a également observé un système Buk, qui peut tirer des missiles jusqu'à une altitude de 22.000 mètres (72.000 pieds) ».

Les journalistes d'AP ont vu le Buk traverser la ville à 13 h 05. Le véhicule, qui transportait quatre missiles de 18 pieds (5,50 mètres), était dans un convoi avec deux voitures civiles.

Le convoi s'est arrêté. Un homme en tenue de camouflage de couleur sable, sans insignes d'identification - différent du camouflage vert que les rebelles portent normalement - s'est approché des journalistes. L'homme voulait s'assurer qu'ils n'avaient pas enregistré d'images du lance-missiles. Une fois convaincu qu'ils ne l'avaient pas fait, le convoi s'est remis en route.

Environ trois heures plus tard, à 16 h 18, selon l'enregistrement, publié par le gouvernement ukrainien, d'un appel téléphonique intercepté, l'équipage du Buk s'est mis en alerte quand un observateur l'a averti de l'arrivée d'un avion.

« Un oiseau vole vers vous », dit l'observateur au rebelle identifié par les Ukrainiens comme étant Igor Bezler, un commandant insurgé dont le gouvernement ukrainien affirme qu'il est également un officier des services de renseignement russes.

L'homme identifié comme étant Bezler répond : « un avion de reconnaissance, ou un gros ? »

« Je ne peux pas voir, à travers les nuages. Il est trop haut », réplique l'observateur.

L'officiel rebelle qui a parlé de l'incident à l'AP a déclaré que Bezler était le supérieur d'un autre combattant, au nom de code Sapeur, qui était l'officier commandant le lance-missiles à cet instant.

Selon l'officiel rebelle, Sapeur dirigeait une unité dont la moitié environ était composée d'hommes venus de la Russie extrême-orientale, pour beaucoup originaires de l'île de Sakhaline au large de la côte pacifique du pays.

Sapeur vient de la ville voisine de Yenakiieve, a-t-il dit. La cité se trouve également être la ville natale de l'ancien président Ianoukovitch.

Sapeur n'a pu être joint pour solliciter ses commentaires ; son identité réelle n'est pas connue. Bezler, contacté vendredi [25 juillet 2014] par l'AP, a nié tout lien avec l'attaque de l'avion. « Je n'ai pas abattu l'avion de la Malaysia Airlines. Je n'avais pas les moyens physiques de le faire », a-t-il déclaré.

Cependant, selon le récit de l'officiel rebelle, Sapeur a été chargé ce jour-là d'aller inspecter trois points de contrôle, dans les villes de Debaltsevo, Chernukhino et Snijné, toutes situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de l'endroit où l'avion s'est écrasé. À un point donné de ces trajets, il a rejoint le convoi accompagnant le système lance-missiles.

Vers 16 h 20, dans la ville de Torez, à 10 kilomètres à l'ouest de Snijné, les habitants ont entendu de grands bruits. Certains ont rapporté avoir entendu deux explosions, tandis que d'autres ne s'en rappellent qu'une.

« J'ai entendu deux puissantes explosions de suite. D'abord il y en a eu une, mais après une minute, une minute et demie, il y a eu une autre déflagration », a déclaré Rostislav Grishin, un gardien de prison de 21 ans. « J'ai levé la tête et en l'espace d'une minute, j'ai pu voir un avion tombant à travers les nuages ».

A 16 h 40, dans un autre appel intercepté publié par l'Ukraine, l'homme identifié comme étant Bezler raconte à son propre supérieur que l'unité a abattu un avion.

« Nous venons d'abattre un avion. C'était le groupe de Sapeur. Il est tombé au-delà de Yenakiieve », dit l'homme.

Quoique l'authenticité de l'interception ne puisse être vérifiée de façon indépendante, l'ambassade des Etats-Unis à Kiev a déclaré que des spécialistes de la communauté du renseignement l'ont jugée authentique.

Quant au Buk, selon Nayda les services de renseignement indiquent qu'il a rebroussé chemin peu de temps après l'attaque.

Cette nuit-là, dit-il, il a franchi la frontière, de retour en Russie.

Source

Dépêche de l'Associated Press traduite de l'anglais par mes soins, liens hypertexte ajoutés par moi. Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.

Etonnamment, personne ne semble avoir relevé que, dès le lendemain du crash, RT s'est employée à dénoncer Igor Bezler comme un imposteur, pas russe du tout, encore moins officier de renseignement, etc. :

Pendant ce temps, Le Courrier de Russie s'ingénie à montrer qu'Alexandre Khodakovski, lui non plus, n'a absolument rien à voir avec la patrie de Poutine et ses agissements en Ukraine.

Curieuses coïncidences, non ? A moins que cette pauvre Russie de Poutine ne soit, décidément, que l'innocente victime de toutes les manipulations... A croire que pour l'accès aux armes lourdes du pays, c'est open bar. Ben voyons.

Lire la suite

Donbass : la tentation de l'abandon

Petro%20Porochenko.jpg

Entre les intentions affichées et la volonté réelle, qui sait où va Porochenko ?

 

(...) Après quelques discussions avec des diplomates occidentaux, à l’Ouest, les décideurs sont sûrs que malgré les préparatifs évidents, « Poutine ne se décidera pas ». Après quelques discussions avec les décideurs ukrainiens, à Kiev, l’éventualité de l’intervention [russe] est estimée à 80%.

(...) Nous ne savons pas ce que pense M. Porochenko, mais un certain nombre d’experts faisant partie de son entourage proche pensent que l’intervention n’est pas le pire des dénouements.

Pourquoi ? Voyons leur logique.

 

1. Selon un de nos interlocuteurs, « la guerre est au point mort ». De nombreuses tentatives de dominer et de contrôler la frontière avec la Russie ont échoué. Les séparatistes et les mercenaires ont la possibilité d’être approvisionnés en matériel, en armes, en munitions, etc.

Prendre d’assaut les grandes villes, bien fortifiées et défendues par un grand nombre de combattants armés peut entraîner d’importantes pertes parmi les forces de l’armée ukrainienne et parmi les civils. Selon différentes estimations, jusqu’à 500.000 civils se trouvent actuellement à Donetsk. Prendre Donetsk et Lougansk sans le soutien de l’aviation et de l’artillerie multiplierait les pertes parmi les militaires ukrainiens. L’utilisation des obusiers, des lance-roquettes, etc., augmenterait considérablement les pertes civiles. Kiev n’est pas prête à transformer Lougansk en Stalingrad, et Donetsk en Grozny.

Ainsi, terminer la guerre avant l’arrivée du froid semble un objectif difficilement atteignable. D’un côté, les séparatistes n’auraient plus la possibilité d’utiliser les forêts, les plantations d’arbres, etc. Mais de l’autre côté, durant les périodes de l’automne et de l’hiver il serait difficile d’utiliser l’aviation, les reconnaissances seraient aussi compliquées, il y aurait d’autres soucis avec l’approvisionnement… Enfin, il paraît assez évident qu’attaquer sur la neige est plus difficile que de se défendre.

2. Nombreux sont ceux qui pensent que « Poutine interviendra ». Ils sont presque sûrs qu’il interviendra de manière locale. Premièrement, il serait possible de justifier cette présence militaire par une mission humanitaire dans les régions de Donetsk et de Lougansk. Dans d’autres régions, ce serait plus compliqué. Deuxièmement, l’effectif, la localisation et la structure des troupes permettent de dire que le Donbass serait le lieu de l’intervention. Et enfin, le Kremlin n’est pas intéressé à mener une longue guerre, avec un grand nombre de cercueils. Il a besoin d’une guerre courte et victorieuse. Même au Donbass, le niveau des humeurs pro-russes a été plus bas que prévu : finalement, le soutien à l’armée ukrainienne est présent dans la région. Le Kremlin ne croyait pas non plus en la capacité de l’armée ukrainienne à faire la guerre. Ces deux choses peuvent poser quelques gros problèmes.

Et donc, à Kiev l’intervention paraît probable ; l’intervention dans le sud paraît éventuelle. L’intervention dans d’autres régions paraît improbable. Il est supposé que l’agression directe se limiterait à un contingent peu nombreux avec des insignes « mission humanitaire », soutenu par l’aviation, pour pénétrer sur le territoire ukrainien pas plus loin que 70 à 80 km. Toute l’artillerie lourde serait localisée à la frontière pour faire du chantage. Dans ce cas, Kiev sait très bien que la communauté occidentale pourrait introduire de nouvelles sanctions, mais aussi insister auprès des autorités ukrainiennes pour ne pas répondre et ne pas entrer dans un conflit ouvert, craignant une véritable guerre.

 

3. Certains experts « des hautes sphères » pensent que Poutine veut garder le Donbass comme une plateforme. En faisant pression sur la communauté occidentale, il ferait reconnaître en partie les Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk. Sa tactique, c’est de gagner de la place. Sa stratégie, c’est de gagner du temps. Poutine considère que le temps est son allié. Il compte sur la dégradation de la situation économique en Ukraine. Il ne croit pas que l’Occident aidera financièrement Kiev. Il est sûr que l’Ouest ne l’aidera pas militairement. Poutine n’a pas renoncé à prendre Kiev. Mais il attend un meilleur moment. Il n’a pas besoin du Donbass, il a besoin de l’Ukraine, et il est prêt à attendre.

 

4. Kiev comprend qu’il est impossible de ne pas se battre pour le Donbass. Mais garder le Donbass à tout prix peut rendre ce prix inabordable. La reconstruction de la région après-guerre (il faut la gagner, cette guerre) est une tâche archi-compliquée pour un pays presque en faillite. La socialisation, plutôt même la « patriotisation » des habitants des deux régions n’a pas été facile avant, et risquera d’être irréalisable après la guerre. La guerre a multiplié des ressentiments chez certains, nombreux sont ceux qui ont commencé à haïr. La haine cachée compliquera encore plus les choses. La complexité presque encombrante de la structure économique de la région, le paternalisme total de la population locale, sa mobilité très peu élevée et son niveau d’éducation relativement bas, l’hostilité des élites, la proximité de la Russie transforment cette région, avec un taux de chômage potentiellement très élevé, en frein lourd pour mener les réformes (rajoutons, tout de même, que les autorités ne se pressent pas pour mener les réformes).

 

5. De là, une partie de ces experts tire la conclusion suivante. La Russie a pris la Crimée. Qu’elle prenne alors le Donbass. L’Occident ne sera pas contre. Et nous, nous nous débarrasserons d’une région dépressive, non rentable, avec des infrastructures détruites ; nous nous débarrasserons des séparatistes, ouverts et cachés, de la base sociale des communistes et du Parti des régions (ndt. Le parti de l’ancien président). Nous nous débarrasserons des risques et des pertes. Des pertes en hommes qui pourraient être utiles à l’État. Prenez donc. Mais nous ne vous laisserons guère aller plus loin. Il est plus facile de se défendre sans les coups de feu dans le dos.

Quelque chose fait penser à ces nombreux experts que, sans ces régions avec leur économie spécifique et la population locale aux convictions spécifiques, l’Ukraine aurait moins de mal à se réformer, à intégrer l’Europe. Ils pensent qu’après l’intervention russe, la communauté occidentale essaierait de convaincre de ne pas se battre pour le Donbass. Mais elle ne pourrait nous laisser dans une « zone grise ». Parce que cette intervention ouverte ferait assez peur pour que l’Occident nous prenne sous son aile. Militairement, politiquement et économiquement.

 

Il est difficile de juger sur quoi se basent ces réflexions et ces analyses. Il est impossible de dire que cette pensée domine dans l’entourage du président, mais il est possible de supposer qu’elle gagne en popularité.

 

Toutefois, ce schéma est trop spéculatif pour être réaliste. Tenter de penser pour les autres est louable, si nous n’oublions pas que l’adversaire réel et l’allié potentiel sont capables des mêmes choses. Celui qui vise une trêve honorable, obtient souvent une défaite déshonorante. Celui qui vend son pays, peut rapidement se retrouver au cimetière politique. Le sang versé ne peut servir ni de cadeau, ni de pot-de-vin. Il n’a pas de prix.

Source

(Article de Serhiy Rakhmanine, journaliste, rédacteur en chef adjoint de Zerkalo Nedeli, paru le 8 août 2014, traduit du russe - et un peu condensé - par Oksana Kantaruk Pierre.)

Lire la suite

Vive l'Ukraine libre !

En ce jour de la fête de l'Indépendance, souvenons-nous de la Compagnie des anges (ou Centurie céleste) :

(sélectionnez les sous-titres en Français dans la rubrique CC - deuxième icône en bas à droite)

Lire la suite

24/08/2014 | Lien permanent

Page : 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15