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31/12/2011

« Salut public », un nouveau journal dissident

 

Si j'ai bien compris, le mois prochain, un média alternatif va fleurir en kiosque, avec le titre ô combien d'actualité de « Salut public ».

Je vous livre en avant-première, avec l'autorisation de l'auteur que je remercie, quelques extraits de « Dette publique, à qui profite l'aubaine », un excellent article sur la loi de 1973 :

« (...) Pendant des années, les économistes de Bercy ont vendu aux Français le concept de “dette soutenable”. Ainsi, l’endettement financé par les marchés financiers était-il réputé soutenable, donc sans incidence négative, si l’égalité suivante était réalisée : Tt = it + gt, avec T le niveau du taux d’intérêt consenti à la France, i la croissance du PIB, et g le taux nominal d’inflation (t représente l’année en cours).

Sans trop entrer dans la technique, sachant que l’inflation est strictement encadrée par les autorités monétaires de Francfort (BCE), le déterminant principal de la soutenabilité de la dette publique est, par conséquent, la croissance du PIB.

Que se passe-t-il en période de croissance faible, plate, voire négative, comme on l’observe en ce moment et pour les semestres à venir ? Très simple : la dette devient mécaniquement “insoutenable”, ce qui signifie qu’elle s’accumule chaque année et que son service (principal et intérêt) devient de plus en plus lourd pour les finances publiques.

La charge de la dette, qui ne concerne que les intérêts remboursables sur une année civile, est même devenue, pour la première fois en 2010, le premier poste budgétaire de notre pays. (...)

La dette publique n’est pas perdue pour tout le monde et le malheur des Français fait le bonheur des banques.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

La loi Pompidou-Giscard s’inscrit dans le droit fil de la mise en place, dès la sortie de la deuxième guerre mondiale, d’un cadre économique global, d’inspiration américaine, tendant à supprimer toutes les entraves à la circulation des capitaux, des biens et services, et des personnes.

Ce cadre devait permettre à l’économie des USA de capitaliser sur ses avantages relatifs par rapport à une Europe ruinée et fortement débitrice, à la sortie du conflit mondial.

Les institutions du consensus de Washington (FMI, OMC, Banque Mondiale) d’une part, et le processus d’intégration européenne d’autre part, participaient de cette dynamique.

Les autorités françaises de l’époque contribuèrent de manière spectaculaire à la mise en oeuvre du volet “dérégulation financière” du dispositif, à l’occasion de ce que certains nommeront plus tard le “Consensus de Paris”.

Concomitamment, les accords de la Jamaïque, en 1976, ont de leur coté mis fin au système de change fixe et au rôle de l’or dans le système monétaire international.

Dans les années 1980, sous l’administration Reagan, on assistera à l’explosion des produits dérivés et, sous Clinton, la loi Gramm-Leach-Bliley mettra un terme au Glass-Steagall Act qui séparait les activités de banque de dépôt et de banque d’investissement, bouleversant un ordonnancement prudentiel remontant à 1933.

Ainsi, un cadre d’échange international était donc parachevé, afin de permettre une progression inédite du volume des activités banco-financières :

- Financement des dettes publiques par les marchés, banques en tête, assurant des profits sécurisés sans précédent,

- Massification des produits dérivés (diversité des titres collatéralisés, CDS, etc.), favorisant la titrisation d’innombrables classes d’actifs,

- Désintermédiation financière,

- Dématérialisation de la plupart des marchés financiers, assurant un fonctionnement ininterrompu et fluide de ceux-ci,

- Plus largement, dérégulation généralisée, posée comme principe et horizon indépassable de la prospérité des nations, cette antienne étant confortée par un corpus d’universitaires américains et européens, d’économistes utiles et de médias coopératifs…

Et demain, quelle perspective pour nous et quel avenir pour nos enfants ?

Pour en revenir plus spécifiquement à la loi de 1973, non seulement elle nous a endetté artificiellement et au-delà du raisonnable, de manière particulièrement insoutenable dans notre contexte économique actuel, mais elle a contribué à populariser l’idée qu’une politique économique visant à obtenir et à maintenir, entre autres choses, une notation AAA permettant d’emprunter à +/- 3%, était un objectif louable en tant que tel, alors qu’il s’agit seulement des “moins pires” conditions d’emprunt.

En définitive, rien n’interdirait, en modifiant le traité de Lisbonne, d’envisager un financement mixte de notre dette publique, combinant le recours aux marchés et l’intervention d’une banque centrale, quel que soit l’échelon retenu, national ou communautaire.

La loi de 1973 n’est pas la mère de tous nos maux, elle n’est qu’une brique d’un ensemble plus vaste dont les fondements remontent à l’après-guerre. C’est un symptôme, pas une cause, même si, intrinsèquement, elle produit des effets délétères dont nous observons les manifestations à répétition.

Dans tous les cas, ce qui a été patiemment tissé par la volonté combinée de puissances politiques de plusieurs blocs, ne saurait être détricoté qu’en mobilisant, dans un temps long, les mêmes participants et même au-delà, la mondialisation ayant fait émerger d’autres aires de prospérité économique, dans l’optique de définanciariser le capitalisme ultra-libéral qui prévaut à l’échelle mondiale.

Actuellement, la seule enceinte politique ayant un tant soit peu ce potentiel est le G20. Or, il semble évident que les divergences d’intérêts de court terme, l’asymétrie des conditions économiques entre les différents acteurs, tant quantitative et qualitative que calendaire, ne favorisent aucunement cette perspective. »