Souverainisme et rêveries eurosceptiques (30/11/2011)
« Nan, je t'assure, il faut sortir de l'euro, c'est mieux... »
Amusant, le mantra de certains, sur internet et ailleurs : « La zone euro va exploser ». Je me demande combien de fois par jour il faut le répéter pour que ça marche, parce que, depuis le temps que je l'entends ou plutôt, que je le lis, ça n'a pas l'air très efficace.
En tout cas, ce message est désormais en phase avec celui des médias du capital.
Comme quoi, le souverainisme, parfois, ça rend bien conformiste… Sauf que les médias du capital, ni celui-ci, ne sont pas devenus souverainistes, eux, si vous voyez ce que je veux dire.
Si la presse était indépendante, je serais plus disposé à la croire. Mais ce n’est absolument pas le cas.
Pourquoi, alors, est-elle aussi alarmiste que les souverainistes, depuis quelque temps ? Parce que la situation est grave ? Oh, il est vrai qu'elle est sérieuse. Bien moins grave, toutefois, que celle des Etats-Unis et du Royaume-Uni, que les marchés n'attaquent pas, eux. On se demande vraiment pourquoi.
J’ai ma petite idée.
Il faut faire peur (et éventuellement se faire peur, d’ailleurs - psychologie élémentaire) pour mieux faire accepter… quoi ? Mais ce qu’on prétend voué à l’explosion, voyons. En l'occurrence, une supranationalité renforcée des instances de la zone euro. « Limitée », mais renforcée. Avec, à la clé, peut-être, un vote à l'échelle européenne. Peur, vote... ça ne vous dit rien ?
Et qu’on ne me dise pas que c’est du « complotisme ».
La manipulation des foules a suffisamment été théorisée (par Gustave Le Bon, Bernays et Lippman, Tchakhotine, Noam Chomsky, Naomi Klein et même Bernard Werber…) et mise en oeuvre, pour rendre cette hypothèse crédible.
Je peux me tromper, bien sûr. Toujours est-il que, comme en ce moment les médias et le sémillant Nicolas Doze en particulier, moi aussi, gagné par l’eschatologisme ambiant, j’ai une vision. Sauf qu’elle est inverse.
Dans six mois ou dans deux ans, quand sera retombée l’hystérie collective entretenue par les saltimbanques terroristes du capital pour parvenir au Quantitative Easing (QE) que souhaite la haute finance, à commencer par les Goldman Sachs boys à la tête de la BCE, de l’Italie et de la Grèce (QE, qu’elle finira probablement par obtenir, quitte à sacrifier quelques banques dans l’intervalle, en attendant que Merkel cède son poste) ; quand se seront dégonflés les soufflés de la sacralisation de la dette et de l’inévitable austérité, et que la zone euro actuelle sera toujours là dans sa fuite en avant financière, malgré tous les savants augures de techniciens fossoyeurs divers et variés, le même Nicolas Doze nous dira qu’il était prévisible que le dollar s’écroulât et qu’il est heureux que notre glorieuse Eurozone ait tenu bon.
Ah, quelle rigolade ! Les visions d’hommes-troncs de la télé-poubelle courant après les ordres et le sens du vent, c’est toujours drôle, même si c'est pitoyable.
En tout cas, pendant que la bave monte aux lèvres de tous les eurosceptiques devant le spectacle anencéphale des économistes systémiques subitement mi-convertis au catastrophisme ambiant, la finance privée fait la gueule, mais tout le monde s’en fout (un passionnant article repris par Fortune sur les Hedge Funds, hier : pas un seul commentaire…).
Idem des USA, au sujet desquels on nous amuse avec des perspectives de possibilités d’intentions de velléités d’éventuelle baisse de notation, mais où les fondamentaux sont cassés sans appel, sans parler du vrai casse du siècle, celui-là, qui n’intéresse pas grand monde (c’est vrai, un éléphant sur la cuvette des toilettes, qu’est-ce que ça a d’inhabituel ?).
Bref.
« Les marchés sentent que l’on est au bout du bout et qu’il va se passer quelque chose. »
Sérieux, Mister OverDoze ?
Bah, quand on est « au bout du bout », c’est qu’on va... se faire enfiler, Mesdames Messieurs.
Désolé d’offusquer les chastes yeux de mes nombreuses mignonnes lectrices, mais c’est comme ça que ça se passe, historiquement, avec l’hyperclasse (remember 2005 : là aussi, on était « au bout du bout » avec l’UE et on sentait « qu’il allait se passer quelque chose »…).
Alors, inutile, je pense, de rêver à la fin de l’euro. Au contraire, dans l’immédiat, il est probable que nous allons avoir plus d’euro et donc, davantage d’austérité.
Mais quand la récession aura durablement entamé les exportations allemandes, je parie que même Angela Merkel suppliera la BCE de monétiser les dettes ; tout, plutôt que de perdre l’avantage commercial de l’euro (sauf si, un jour, les dettes publiques dans l’eurozone coûtaient trop cher à l’Allemagne : pour le moment, on en est encore très loin).
C’est peut-être à ce moment-là, quand l’Allemagne sera obligée de céder pour tenter de sauver ses exportations et que la haute finance satisfaite débloquera (réellement) la planche à billets, comme l'a fait la Fed il y a belle lurette, que se jouera le destin de cette monnaie.
Mais maintenant (alors qu’il suffirait de quelques petites décisions politiques pour « rassurer les marchés »…) ? C’est trop tôt.
Mariiine n’a même pas encore perdu les élections, c’est dire. Ce ne serait pas fair play.
Allez, encore un fantasme souverainiste.
Marianne, journal souverainiste degôôôche, c'est-à-dire comme un journal souverainiste dedroâââte mais-degôôôche-quoâ, fait plaisir aux lecteurs souverainistes dedroâââte, une fois de plus…
Bon, amusons-nous donc, ça ne coûte rien. Mais en réalité, si nous sortions de l’euro, que se passerait-il ?
De la théorie à la pratique, il y a un monde et ce que tous ces économistes souverainistes omettent de penser dire, c’est qu’à moins de croire au Père Noël, une sortie de l’euro ne s’accompagnerait PAS, contrairement à ce qu’il faudrait, d’un indispensable changement politique radical dans le pays concerné, permettant :
- de supprimer l’indépendance de la banque centrale et ainsi, de monétiser une partie de la dette (que celle-ci reste due en euros ou soit convertie en francs) ;
- de faire défaut sur une partie de la dette ;
- de réindustrialiser et de mettre en place un indispensable protectionnisme ; cela, d’extrême urgence ;
- de réduire ou de faire cesser les gaspillages (clientélisme, immigration-invasion...) ;
- bref, de réduire la dette et d’espérer sortir de la spirale infernale des déficits cumulés et de la croissance vertigineuse des intérêts dus aux banques privées.
Comme nos élites inchangées ne feraient donc rien de tout cela, notre si cher franc, rené de ses cendres sous les vivats de la foule souverainiste en délire, serait aussitôt attaqué sur les marchés, comme toute nouvelle monnaie nationale qui renaîtrait dans la zone euro, monnaie nationale plus faible, par définition, que l’euro.
Eh oui, c’est que l'Etat devrait continuer à s’y financer, sur les marchés, puisqu'il continuerait de faire des déficits et d'accumuler de la dette, que les changes flottants seraient maintenus, etc. Rien de changé.
Or, pourquoi ceux qui font actuellement monter les taux des OAT en euros, avec menace de perte du AAA, etc. (au fait, j'adore jargonner, comme se plaisent à le faire bien des économistes : ça permet de montrer sur quelle esbroufe technicienne repose la semi-arnaque de leur pseudo-science...) ; pourquoi, donc, ces gens se gêneraient-ils pour en faire autant, et bien pire, avec des OAT en francs, comme avec les mêmes dettes et expositions aux dettes de l’Italie et de l’Espagne notamment ?
D’autant que ne miroiterait plus, aux yeux des créanciers et spéculateurs, la perspective d’un secours via le FESF, etc. ; bref, via une zone euro possiblement solidaire.
Un problème ? Direction la schlague du FMI, direct. Et là, à mon avis, pas de décote à espérer aux frais des banques, pas de gentillesse ; rien que du dur, du brut de décoffrage… Avec, par-dessus le marché, le sourire de dromadaire de Christine Lagarde. Ô joie.
En résumé, une situation pire.
La solution, je pense, ce serait que l’euro (et l’UE) se transforment de l’intérieur, sous la pression des événements et notamment, de la montée du populisme en Europe, pour passer d’une monnaie unique à une monnaie commune et d’une dictature unioniste supranationale à une confédération limitée aux réels intérêts communs et ne portant pas atteinte aux souverainetés nationales.
A mon avis, la situation n’est pas encore mûre et la plupart des dirigeants actuels de la zone euro sont soit trop obtus et dépassés, voire corrompus, soit trop peu inquiets pour envisager des solutions aussi radicales et hétérodoxes.
Néanmoins, la crise s’accélère. Dans ce contexte de dégradation générale, une constante à ne pas négliger : ce que les politiciens veulent avant tout conserver, ce sont leurs postes, quitte à faire évoluer leur offre. Or, n’oublions pas qu’en 2012, des élections auront lieu en France et surtout, six mois plus tard, aux Etats-Unis (avec une possible surprise) ; et enfin, en 2013, en Allemagne.
Ce qui est couramment imaginé aujourd’hui n’est certainement pas ce qui sera demain. La vie détrompe, en général, toutes les anticipations.
Et si les choses ne changent pas de l’intérieur, le mode (r)évolutionnaire sera moins doux, puisqu’il devra passer par une phase de conflit pour imposer la nécessaire rotation des élites.
16:29 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : souverainisme, eurosceptiques, zone euro, sortir, médias, capital, manipulation des foules, etats-unis, ue, usa, royaume-uni, dettes, bce, allemagne, angela merkel, protectionnisme, réindustrialisation, immigration, défaut, marchés, fesf, fmi, monnaie commune, élections, rotation des élites | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Cet article publié sur Fortune est une réponse à tous les hystériques qui disent que si l'euro tombe, ce sera l'apocalypse, la 3e guerre mondiale, etc. Techniquement, on peut sortir de l'euro pour reprendre notre monnaie nationale (appelons-la "franc" ou "livre" ou "écu", peu importe). Ce n'est pas un problème.
Par contre, et là je vous rejoins, il y a un problème politique: "A mon avis, la situation n’est pas encore mûre et la plupart des dirigeants actuels de la zone euro sont soit trop obtus et dépassés, voire corrompus, soit trop peu inquiets pour envisager des solutions aussi radicales et hétérodoxes."
Si nous réussissons à présenter des budgets à l'équilibre, les agences de notation pourront toujours dégrader ce qu'elles veulent...
Je sais qu'il est important que le dollar doit tomber avant l'euro, et que les "souverainistes" sont un peu obtus (restons poli), d'accord, mais de là à se foutre de leur gueule... Auriez-vous été persécuté par des souverainistes, Boreas?^^
Écrit par : Imperator. | 30/11/2011
Disons, Imperator, que je ne comprends vraiment pas comment on peut croire que la France serait plus en mesure de "présenter des budgets à l'équilibre" en sortant simplement de l'euro (et de l'UE, conséquence juridique automatique : http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20111104trib000661729/sortir-de-l-euro-sans-sortir-de-l-ue-impossible-selon-les-traites-europeens.html , ce qui est une autre paire de manches).
Pour profiter réellement d'une sortie de l'euro, il faudrait que le retour à la monnaie nationale présente un "plus".
Or, si on ne changeait rien, il n'y aurait pas de "plus", et au contraire notre capacité de résistance aux marchés serait amoindrie, c'est pourtant simple.
Ce qui est très répandu et très curieux chez les souverainistes (outre, très souvent, leur extrémisme républicain a-identitaire), c'est la croyance aux miracles : croyance que subitement, revenus au seul niveau national (qui existe pourtant encore très largement), les mêmes qui ont tout mal fait dans l'euro et l'UE feront tout mieux hors de l'euro et de l'UE ; croyance, donc, que nous aurons subitement toutes les réformes qu'ils refusent de faire actuellement dans le cadre de l'euro et de l'UE : fin de l'indépendance de la banque centrale, protectionnisme, réindustrialisation, défaut partiel sur la dette, monétisation partielle du reste...
D'ailleurs, preuve que ces gens-là rêvent, c'est qu'ils sont pêle-mêle libéraux ou keynésiens et que ça ne les dérange pas plus que cela : pourvu qu'ils aient leur sortie de l'euro, le reste, peu importe finalement, on s'arrangera, n'est-ce pas (comme l'UMPS s'arrange depuis des lustres, je suppose...).
Donc, quand je parle de rêveries eurosceptiques, c'est un euphémisme pour, justement, ne pas me "foutre [réellement] de leur gueule"...
En même temps, je partage leurs critiques de l'euro et de l'UE actuels, bien sûr.
Mais je défends un point de vue pragmatique.
J'aimerais bien, parfois, rêver tout éveillé, moi aussi, et croire au Père Noël. Mais j'en ai soupé, des belles promesses.
La clé du changement est politique, pas financière. Tant qu'il n'y a pas de volonté politique de changer de système, on pourra sortir de l'euro trente-six fois, ce sera sans effet et ça ne fera même qu'aggraver les choses.
Et la clé de la politique économique, c'est le social. Tant que la pression populaire (et populiste) ne poussera pas les politiciens à changer d'orientation ou à se retirer, le statu quo nuancé par les intérêts des élites continuera de dominer, tant au plan national qu'au plan européen.
Cela dit, le social se dégrade, donc...
Écrit par : Boreas | 30/11/2011
@Boréas
Il me semble qu'il y a un paradoxe dans votre analyse, mais je peut me tromper (ça m'arrive en fait quotidiennement).
D'un côté, vous défendez la solvabilité de la zone euro, vous affirmez qu'il serait impossible d'en sortir parceque le contexte libéral nous en empêche. De l'autre, vous soutenez le principe de révolution et de sortie du libéralisme.
Ce à quoi il nous faut atteindre n'est-il pas la sortie du libéralisme tout court ? Et cette sortie de la logique mondialiste n'implique-t-elle pas une sortie de l'euro tout court ? Vous avez un peu la rhétorique bruxelloise en réclamant un fédéralisme "qui respecte les souverainetés nationales", mais le principe même de monnaie commune implique un gouvernement commun.
Je suis sans doute naïf, mais il me semble que notre combat ne doit pas viser à mettre en place un pôle compétitif européen capable de s'opposer au pôle anglo-saxon et au pôle asiatique, puisque ça c'est le libéralisme en fait. De mon point de vue, notre objectif doit être de nous protéger de la compétition internationale, sans chercher à concurrencer les pays étrangers.
Aussi avoir une monnaie forte ou non n'a pas d'importance, puisque nous ne devons plus nous financer sur les marchés internationaux, nous ne devons plus laisser les spéculateurs jouer avec notre dette. Notre monnaie doit être mise hors des mains des bourses.
Je ne suis pas anti-européen, simplement, je crois que la manière dont s'est construit l'UE depuis Pompidou-Giscard fait partit du problème, que c'est un outil libéral qu'il faudra abattre tôt ou tard. Cela ne veut pas dire qu'il faut remettre en question l'alliance des pays européens, voir l'idée d'un protectionnisme européen.
Pour synthétiser, je ne crois pas qu'on puisse être à la fois pro euro et anti-libéral. Et ce ne sont pas vos arguments stratégiques qui me démentent dans cette certitude. Maintenant, si vous me dites qu'il est nécessaire que l'UE survive encore un à deux ans, le temps de laisser le populisme se diffuser, là je vous rejoint.
Écrit par : Christopher Johnson | 30/11/2011
"Tant qu'il n'y a pas de volonté politique de changer de système, on pourra sortir de l'euro trente-six fois, ce sera sans effet et ça ne fera même qu'aggraver les choses."
Voilà qui répond un peu à mes doutes.
Au final, la clef de la révolution sera la diffusion de la pensée populiste au sein de la population. Imaginer une solution avant qu'on ait atteint une masse critique de populistes au sein du peuple (susceptible de féconder une révolte réelle contre les élites libérales), est illusoire. En cela je vous rejoint complètement. Sortir de l'euro avec à notre tête une élite libérale (elle l'est encore à 95%) serait futile, voir suicidaire.
Écrit par : Christopher Johnson | 30/11/2011
CJ, il y a effectivement un malentendu, peut-être lié à la complexité de la question et à la non-prise-en-compte, par les souverainistes comme par la "droite nationale", de la notion de Realpolitik.
Je ne défends pas "la solvabilité de la zone euro", je dis juste qu'elle est largement moins insolvable que l'anglosphère.
Je ne défends pas "le contexte libéral" qui nous empêche de sortir de l'euro, je constate juste le fait.
Je ne "réclame" pas un "fédéralisme qui respecte les souverainetés nationales" (il est impossible), je suis favorable à une confédération (regardez la différence entre fédération et confédération sur Gogole, la différence saute aux yeux) et à une Europe-puissance, des peuples et des nations. C'était la volonté de de Gaulle, d'ailleurs (ce qui ne fait pas de moi un gaulliste pour autant).
Je ne pense pas que "le principe même de monnaie commune implique un gouvernement commun", en tout cas, pas au sens d'une autorité supranationale, mais plutôt d'une autorité commune et non indépendante (cf. ma discussion d’il y a quelque temps avec @JoeLeTaxi, à partir d’ici : http://fortune.fdesouche.com/33720-sortir-de-leuro-cest-comme-aller-chez-le-dentiste-on-se-sent-mieux-apres-rmc/comment-page-1#comment-74692 et jusque-là : http://fortune.fdesouche.com/33720-sortir-de-leuro-cest-comme-aller-chez-le-dentiste-on-se-sent-mieux-apres-rmc/comment-page-2#comment-75222 ).
En ce qui concerne "un pôle compétitif européen capable de s'opposer au pôle anglo-saxon et au pôle asiatique", je n'y pense pas tant en termes de commerce et de libéralisme qu'en termes de puissance, notamment militaire (si vis pacem, para bellum).
Néanmoins, il ne faut pas se leurrer, la dimension commerciale existera aussi longtemps que les solutions énergétiques et techniques pour en permettre l'existence, mais le protectionnisme peut en tuer ou, au moins, en maîtriser la dimension "libérale" (ce terme étant, en fait, employé abusivement dans le cas du mercantilisme, au sens historique et technique de ce terme).
Pour conclure, je vous donne globalement raison quand vous dites qu'on ne peut pas "être à la fois pro euro et anti-libéral", en tout cas si vous parlez de l'euro actuel. L'euro, monnaie commune, n'aurait rien d'un instrument libéral (banque centrale non indépendante, contrôle strict des changes, protection des monnaies nationales par leur inconvertibilité).
"il est nécessaire que l'UE survive encore un à deux ans, le temps de laisser le populisme se diffuser" : oui, mais je pense que l'idéal serait que l'UE se transforme de l'intérieur, sous la pression de ce populisme (je doute qu'un an ou deux suffisent, mais après tout, qui sait ?).
L'essentiel étant que l'effondrement économique et politique européen suive l'effondrement de l'anglosphère, et surtout ne le précède pas ; car dans le cas contraire, nous serions irrémédiablement détruits, conquis, neutralisés, colonisés, tiers-mondisés, finis, foutus.
La Russie a dû sa survie (je dis bien : sa survie) à l'arrivée de Poutine, par un de ces mystères dont Moscou a le secret, mais c'était un seul pays, un ancien empire et, même ruiné, encore un empire concrètement. De plus, le contexte était moins vital pour l'anglosphère.
L'Europe serait trop émiettée, elle, pour survivre à une anglosphère assoiffée de sang pour sa propre survie, dans le contexte prévisible, et donc sans aucune pitié ni retenue. Ne sous-estimez pas ce danger mortel.
Si mon opinion sur l'euro et l'évolution de l'UE, dans le détail, vous intéresse, et pour une foule d'informations que je crois intéressantes, je vous renvoie à mes précédents billets sur le sujet :
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/08/20/sortir-de-l-euro.html
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/08/29/l-avenir-de-l-euro-quelles-perspectives-concretes.html
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/09/13/de-la-france-a-la-grece-entre-tintamarre-mediatique-et-reali.html
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/11/03/grece-prendre-un-peu-de-recul.html
Écrit par : Boreas | 30/11/2011
Tout ce que l'on peut critiquer au niveau européen on peut le critiquer au niveau national.
Le problème ce sont les élites, pas le concept d’Europe. Que le parlement européen soit pourri, certes, mais quid de l'assemblé nationale ? C'est la même chose.
Je suis depuis un moment l'avis de Boreas et je le partage pleinement
Écrit par : wolf | 01/12/2011
"CJ, il y a effectivement un malentendu, peut-être lié à la complexité de la question et à la non-prise-en-compte, par les souverainistes comme par la "droite nationale", de la notion de Realpolitik."
C'est sans doute très vrai en ce qui concerne la realpolitik. Pour moi, la politique émane avant tout de la morale (mère de toute autorité), aussi, le pragmatisme politique est-il un peu méprisable, et c'est sans doute un tort : le réel n'est pas idéal, l'objectif de la politique n'est que de faire au mieux.
"L'Europe serait trop émiettée, elle, pour survivre à une anglosphère assoiffée de sang pour sa propre survie, dans le contexte prévisible, et donc sans aucune pitié ni retenue. Ne sous-estimez pas ce danger mortel."
J'ai du mal à imaginer ce danger en effet. Pour moi, si nous nous effondrons avant l'anglosphère, la contagion du défaut préviendrait toute vélléité d'OPA sur la France. Mais je crois surtout qu'un effondrement bancaire européen est un scénario trop énorme, inédit et complexe pour que je puisse me représenter correctement sa forme et ses conséquences.
Écrit par : Christopher Johnson | 01/12/2011
Le confédéralisme , ce n'est pas la direction que prend l'UE en ce moment.
Constatant que l'Europe dispose d'une monnaie unique sans avoir les instruments budgétaires qui vont avec , nos zélites vont s'en donner les moyens en donnant un droit de contrôle aux technocrates de Bruxelles sur les budgets nationaux.
Coincé au milieu d'un gué , il n'y a que 2 moyens de s'en sortit : faire 1/2 tour ( monnaie commune + confédération) ou continuer à avancer coûte que coûte ( fédéralisme) . Nos zélites ont choisi de continuer tout droit , même si cela doit nous conduire à une impasse.
Quand on voit qui soutient ce fédéralisme européen , on se doute qu'il n'est pas dirigé vers le bien des peuples .
"Créons d'urgence les Etats-Unis D'Europe" ( tribune dans "le Monde" signée Laurence Parisot )
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/30/creons-d-urgence-les-etats-unis-d-europe_1611180_3232.html
Écrit par : alain21 | 01/12/2011
"En ce qui concerne "un pôle compétitif européen capable de s'opposer au pôle anglo-saxon et au pôle asiatique", je n'y pense pas tant en termes de commerce et de libéralisme qu'en termes de puissance, notamment militaire (si vis pacem, para bellum)."
Bien d'accord avec vous Boréas... Mais qui en Europe veut d'un protectionnisme même raisonnable? Pire encore : qui veut d'une Europe puissance?? Personne, hélas. En ce qui concerne l'Euro, comment rester prisonnier d'une monnaie qui nous tue à petit feu comme le dit Alain Cotta?
On peut donc comprendre les "souverainistes" qui font ces constats... Parce que qui rêve finalement? Ceux qui veulent revenir à "la France seule" (ce qui serait sûrement catastrophique) ou ceux qui rêvent d'une Confédération européenne forte et puissante... dont je rêve aussi mais dont personne ne veut?
Écrit par : Aramis | 01/12/2011
Alain
Deux des trois piliers de l'UE, la politique étrangère et de sécurité commune. et la coopération policière et judiciaire en matière pénale, fonctionnent déjà de manière confédérale :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Piliers_de_l%27Union_europ%C3%A9enne
Après, il est certain qu'il y faudrait davantage de volonté politique, orientée dans des directions parfois un peu différentes, c'est un euphémisme (l'UE n'est que le reflet de ceux qui la composent).
Mais il n'est pas exclu que de telles structures puissent s'avérer très utiles, en cas de basculements populistes des pays membres (ce qui, à mon avis, n'adviendra réellement qu'avec l'effondrement économique).
Et rien n'interdit, dans cette hypothèse, d'envisager que toutes les structures et tous les fonctionnements de l'UE deviennent comme ceux-ci.
Parce que les populistes ne veulent pas du fédéralisme unioniste en vigueur (et ils ont bien raison), mais qu'il ne pourront nier le besoin d'Europe (Realpolitik, toujours...).
Or, comment concrétiser celui-ci autrement que de manière confédérale et dans la coopération intergouvernementale ?
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Aramis
Je le répète, je partage les constats des souverainistes. Pas leurs solutions.
Vos questions m'étonnent un peu, tout de même :
"Mais qui en Europe veut d'un protectionnisme même raisonnable? Pire encore : qui veut d'une Europe puissance?"
Eh bien, les peuples, pardi :
http://www.marianne2.fr/Sondage-80-des-Francais-pour-un-protectionnisme-europeen_a207348.html
http://www.fondapol.org/wp-content/uploads/2011/05/Sentiment-europ%C3%A9en_Principaux-r%C3%A9sultats.pdf
Et il ferait beau voir que les élites aillent contre, quand la crise leur aura enlevé les moyens de fabriquer les consentements...
Écrit par : Boreas | 01/12/2011
L'establishment français et européen qui se trouve être à la manoeuvre en ce moment se trouve être également inféodé aux puissances de l'océan et c'est bien pourquoi nous sommes passés d'un européisme libéral à un catastrophisme ulcéré ici et là, partout et sans interruptions aucunes.
C'est qu'il y a urgence, il faut faire peur sur l'Europe pour imposer l'austérité qui n'est rien moins que la colonisation de l'Europe par la thalassocratie via le FMI. Il faut aider les loups de l'ouest à pénétrer dans la bergerie Europe.
Le magicien Doze (ami du très charismatique Madelin celui que l'on aime et vers lequel toujours la presse revient alors qu'il n'est en charge d'aucun mandat justificatif d'une si zélée consultation périodique) s'y entend pour "épargner" "l'ami" anglo-saxon. Il n'est pas le seul et hélas plus c'est gros et plus ça passe.
Et nous filons tout droit, vous avez raison, vers des Q, des QQ, des QE façon FED... Quels sont ces hélicoptères Mario que tu vas faire planer sur nos têtes ? Ceux du naufrage de l'euro que tu prépares à notre insu. Car le loup est dans la bergerie, les loups plutôt devrai-je dire. On se croirait en 39 tiens !
Mais ils n'y parviendront pas les loups à foutre la bergerie par terre avant que la louverie new-yorkaise ou que le nid de serpent londonien ne s'effondrent.
Ils n'y parviendront pas malgré l'esprit de Munich qui souffle dans les couloirs de Bruxelles. Ils n'y parviendront pas car là-bas, au loin, dans la babylone américaine, au pied de l'antre des loups un peuple opprimé a pris son destin en main et c'est à l'ouest que désormais il y aura du nouveau. Ca ne fait QUE commencer !
Quel épouvantable gâchis que ces politiques lâches, formatés et infatués d'eux-mêmes et de leur prétendu savoir d'experts. Quelle implacable malédiction de nous voir diriger par des ânes.
Et que les souverainistes ne s'y trompent pas, les ânes sont nationaux avant d'être ensuite européens. Car enfin nulle différence dans la teneur entre le vide politique des états nations et celui de Bruxelles.
A ce titre on pourrait gloser sur la loi de 73. Imposée d'abord aux français en France par Giscard avant d'être imposée par le même à l'Europe.
Bonne continuation.
PS : Je regrette vivement, tout comme vous, que les meilleurs articles relayés sur Fortune ne reçoivent que si peu d'échos. C'est bien pourquoi dorénavant je ne posterai plus que de l'Attali dans le bla bla....
Écrit par : Eisbär | 01/12/2011
"Et il ferait beau voir que les élites aillent contre, quand la crise leur aura enlevé les moyens de fabriquer les consentements..."
La clé est bien là.
Écrit par : Huscarl | 01/12/2011
Je me suis sans doute mal exprimé .
La situation actuelle , c'est pour moi, confédération + monnaie unique .Cette situation est insatisfaisante et conduit à la situation de blocage que nous connaissons.
Le retour en arrière , (le 1/2 tour ) , c'est confédération + monnaie commune . C'est cette solution qui a ma préférence.
Mais pas celle de nos zélites , puisqu'il me semble que l'on va vers le fédéralisme + monnaie unique ( c'est d'ailleurs plutôt fédéralisme pour sauver la monnaie unique) .
PS:Je ne suis pas opposé à une organisation intergouvernementale des etats européens ; je la souhaite d'ailleurs vivement.
Écrit par : alain21 | 01/12/2011
La seule grille de lecture valable est:
Comment gagner, c'est à dire sur quel terrain et avec quels moyens, une guerre contre l'ennemi objectif?
Si l'Euro permet de répondre à cette question, alors il faut le conserver, le temps que l'atout dollar soit au tapis.
Cela, je rejoins Boréas: Euro ou Franc, peu importe dans l'absolu, à partir du moment ou les élites actuelles n'auront pas été purgé, dans un but de rénovation politique et sociale.
Le reste n'est que baratin et idéologie.
C'est à dire que nous avons, au minimum, deux fronts:
Un front extérieur, face à l'ennemi millénaire anglo-saxon
Un front intérieur, face à nos élites soumises aux anglo-saxons depuis 1815 et notre défaite historique.
Les deux fronts sont liés sans être confondus, bien entendu.
Voyez que je ne parle pas de l'ennemi immédiat, le Cpf et le gauchiste-droitard.
Ce n'est pas une variable négligeable, mais il n'est pas , pour l'instant un ennemi objectif.
Il fait parti de notre terrain social à connaitre et à maitriser.
(la figure de l'ennemi immédiat/objectif peut changer au cours du temps).
Donc, idealement, l'Euro doit survivre au dollar, c'est une question militaire de la plus grande importance.
Une fois le dollar en miette, alors, la fenêtre de tir pour les dissidents s'ouvre à 180°.
Écrit par : Three piglets | 01/12/2011
3 piglets
Je ploussoie totalement avezc votre com. Voila qui est plus claire que votre dernier article sur les droitards.
Il faut que le dollar plonge avant l euro.
Mais ....
L ennemi millenaire aide, ou forme nos élites dans les banlieus. Pensez vous que c est pour faire une révolution ( type, europe centrale, voire printemps arabe ) en France. Ceci afin de nous déstabiliser. Il pourrai ainsi se refaire une santé, puis revenir défendre la démocratie en Europe.
Comment pourrions nous les déstabiliser ....
Écrit par : libherT | 02/12/2011
Non,pas une révolution au sens politique du terme.
Ils utilisent les kapos d'encadrement physique comme troupe de réserve, pour perturber nos arrières, dans le cas où des dissidents patriotes viendraient remettre en cause la domination de l'hyper-classe française et sortir, ainsi, de la zone d'influence anglo-saxonne (qui dure depuis 2 siecles) et, pourquoi pas, rejoindre les forces continentales à l'Est.
Or,quand un pion peut se retourner contre la reine,il vaut mieux le sacrifier.
Ce qui signifie qu'il faut être attentif aux tentatives de création d'un climat de guerre civile ethnique en France, car celle-ci est un piège utilisé contre les Fds pour les emprisonner dans un faux choix entre la soumission à l'ordre marchand et la destruction, alors que l'enjeu n'est pas la fin de l'immigration (menace immédiate et non objective ou première), mais le retour de la souveraineté populaire sur la chose publique (la chose en amont dont je parlais l'autre jour, qu'il faut conquérir avant de pouvoir penser réalistement à régler la question de l'immigration, or le droitard n'est gêné par le système que sur l'immigration, le reste lui convient très bien... d'où mon article précédent qui a fait débat).
Écrit par : Three piglets | 03/12/2011
A la guerre, c'est le terrain qui décide, c'est-à-dire qu'il y a des facteurs qui nous sont imposés et d'autres que nous pouvons choisir.
A l'heure actuelle, les dissidents ne peuvent se concentrer que sur le front intérieur, contre l'hyper-classe francaise et la neutralisation de la menace du kapo d'encadrement physique.
C'est-à-dire que, sur le front intérieur, il faut adopter deux attitudes différentes:
1) une attitude offensive face à l'hyper-classe, afin de prendre l'initiative dans cette guerre des classes et de chasser l'oligarchie (préalable indispensable pour aborder le front extérieur face aux anglo-saxons).
2) une attitude défensive face aux CPF, c'est-à-dire pouvoir répondre à leur violence le jour où elle sera ouvertement appuyée par l'hyper-classe, sans compter sur des forces de l'ordre oligarchique. Cette attitude défensive est nécessaire tactiquement dans un premier temps, avant que la dissidence ne chasse les oligarchies.
Cette attitude doit s'effectuer de facon individuelle et de petit niveau (groupe) ; et non de manière centralisée.
Écrit par : Three piglets | 03/12/2011
Le risque, est la repression politique de la dissidence. Quand la situation se durcira, la repression ira crescendo aussi, surtout sur les chefs politiques. Les attaques des CPF risquent de devenir plus fréquentes, car fin des subventions . Il sera difficile de tenir les gars, avec les chefs en prison. Beaucoup de personne verront l ennemi comme la racaille armé de Kalashnikov, pas le banquier et le patron du MEDEF.
Se sera plutot a de petit groupe déterminé a s occuper de l olligarchie. Se sera plus facile, ils sont peu nombreux.
Nous sommes trop peu nombreux pour controler la masse. Nous sommes en nombre suffisant pour contrater les olligarches.
Écrit par : libherT | 03/12/2011
Oui, c'est une réaction de l'ennemi qu'il faut anticiper.
Excellente remarque.
Cela dit, le fait de subir cette attaque n'est pas une fatalité, si elle est anticipée.
Lorsque je parle de stratégie, cela ne concerne pas forcément les mêmes types de personne.
Le fait de se défendre face aux Cpf concerne tout le monde, c'est notre responsabilité individuelle et collective, en plus d'être un dispositif de création d'un rapport de force avec l'hyper-classe.
Attaquer l'hyper-classe, sous différentes formes, concerne d'autres personnes.
Division du travail.
Si on ne peut pas contrôler la masse, on peut former les cadres qui l'encadreront le jour venu en offrant un canevas idéologique, un discours, des ressources sociales et économiques.
Écrit par : Three piglets | 03/12/2011
@ Boreas
Merci pour vos précisions.
@3p
"C'est à dire que nous avons, au minimum, deux fronts:
Un front extérieur, face à l'ennemi millénaire anglo-saxon
Un front intérieur, face à nos élites soumises aux anglo-saxons depuis 1815 et notre défaite historique.
Les deux fronts sont liés sans être confondus, bien entendu. [...]"
C'est un bon résumé.
Écrit par : Imperator. | 04/12/2011