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01/11/2011

Rien n'a changé, Jack

La tombe du plus grand écrivain américain de tous les temps, à Glen Ellen, en Californie

 

« Il y a trois classes dans la société. D’abord vient la ploutocratie, composée des riches banquiers, magnats des chemins de fer, directeurs de grandes compagnies et rois des trusts. Puis vient la classe moyenne, la vôtre, messieurs, qui comprend les fermiers, les marchands, les petits industriels et les professions libérales. Enfin, troisième et dernière, vient ma classe à moi, le prolétariat, formée des travailleurs salariés.

« Vous ne pouvez nier que la possession de la richesse est ce qui constitue actuellement le pouvoir essentiel aux États-Unis. Dans quelle proportion cette richesse est-elle possédée par ces trois classes ? Voici les chiffres. La ploutocratie est propriétaire de soixante-sept milliards. Sur le nombre total des personnes exerçant une profession aux États-Unis, seulement 0,9 % appartiennent à la ploutocratie, et cependant la ploutocratie possède 70 % de la richesse totale. La classe moyenne détient vingt-quatre milliards. 29 % des personnes exerçant une profession appartiennent à la classe moyenne, et jouissent de 25% de la richesse totale. Reste le prolétariat. Il dispose de quatre milliards. De toutes les personnes exerçant une profession, 70 % viennent du prolétariat ; et le prolétariat possède 4 % de la richesse totale. De quel côté est le pouvoir, messieurs ?

— D’après vos propres chiffres, nous, les gens de la classe moyenne, nous sommes plus puissants que le travail, remarqua M. Asmunsen.

— Ce n’est pas en nous rappelant notre faiblesse que vous améliorerez la vôtre devant la force de la ploutocratie, riposta Ernest. D’ailleurs, je n’en ai pas fini avec vous. Il y a une force plus grande que la richesse, plus grande en ce sens qu’elle ne peut pas nous être arrachée. Notre force, la force du prolétariat, réside dans nos muscles pour travailler, dans nos mains pour voter, dans nos doigts pour presser une détente. Cette force, on ne peut pas nous en dépouiller. C’est la force primitive, alliée à la vie, supérieure à la richesse, et insaisissable par elle.

« Mais votre force, à vous, est amovible. Elle peut vous être retirée. En ce moment même la ploutocratie est en train de vous la ravir. Elle finira par vous l’enlever tout entière. Et alors, vous cesserez d’être la classe moyenne. Vous descendrez à nous. Vous deviendrez des prolétaires. Et ce qu’il y a de plus fort, c’est que vous ajouterez à notre force. Nous vous accueillerons en frères, et nous combattrons coude à coude pour la cause de l’humanité.

« Le travail, lui, n’a rien de concret qu’on puisse lui prendre. Sa part de la richesse nationale consiste en vêtements et meubles, avec, par-ci par-là, dans des cas très rares, une maison pas trop garnie. Mais vous, vous avez la richesse concrète, vous en avez pour vingt-quatre milliards, et la ploutocratie vous les prendra. Naturellement, il est beaucoup plus vraisemblable que ce sera le prolétariat qui vous les prendra auparavant. Ne voyez-vous pas votre situation, messieurs ? Votre classe moyenne, c’est l’agnelet tremblotant entre le lion et le tigre. Si l’un ne vous a pas, l’autre vous aura. Et si la ploutocratie vous a la première, le prolétariat aura la ploutocratie ensuite ; ce n’est qu’une affaire de temps.

« Et même, votre richesse actuelle ne donne pas la vraie mesure de votre pouvoir. En ce moment, la force de votre richesse n’est qu’une coquille vide. C’est pourquoi vous poussez votre piteux cri de guerre : « Revenons aux méthodes de nos pères ». Vous sentez votre impuissance et le vide de votre coquille. Et je vais vous en montrer la vacuité.

« Quel pouvoir possèdent les fermiers ? Plus de cinquante pour cent sont en servage par leur simple qualité de locataires ou parce qu’ils sont hypothéqués : et tous sont en tutelle par le fait que déjà les trusts possèdent ou gouvernent (ce qui est la même chose, en mieux) tous les moyens de mettre les produits sur le marché, tels qu’appareils frigorifiques ou élévateurs, voies ferrées et lignes de vapeurs. En outre, les trusts dirigent les marchés. Quant au pouvoir politique et gouvernemental des fermiers, je m’en occuperai tout à l’heure en parlant de celui de toute la classe moyenne.

« De jour en jour les trusts pressurent les fermiers comme ils ont étranglé M. Calvin et tous les autres crémiers. Et de jour en jour les marchands sont écrasés de la même façon. Vous souvenez-vous comment, en six mois de temps, le trust du tabac a balayé plus de quatre cents débits de cigares rien que dans la cité de New-York ? Où sont les anciens propriétaires de charbonnages ? Vous savez, sans que j’aie besoin de vous le dire, qu’aujourd’hui le trust des chemins de fer détient ou gouverne la totalité des terrains miniers à anthracite ou à bitume. Le Standard Oil Trust ne possède-t-il pas une vingtaine de lignes maritimes ? Ne gouverne-t-il pas aussi le cuivre, sans parler du trust des hauts fourneaux qu’il a mis sur pied comme petite entreprise secondaire ? Il y a dix mille villes aux États-Unis qui sont éclairées ce soir par des Compagnies dépendant du Standard Oil, et il y en a encore autant où tous les transports électriques, urbains, suburbains ou interurbains sont entre ses mains. Les petits capitalistes jadis intéressés dans ces milliers d’entreprises ont disparu. Vous le savez. C’est la même route que vous êtes en train de suivre.

« Il en est des petits fabricants comme des fermiers ; à tout prendre, les uns et les autres en sont aujourd’hui réduits à la tenure féodale. Et l’on peut en dire autant des professionnels et des artistes : à l’époque actuelle, en tout sauf le nom, ils sont des vilains, tandis que les politiciens sont des valets. Pourquoi vous, monsieur Calvin, passez-vous vos jours et vos nuits à organiser les fermiers, ainsi que le reste de la classe moyenne, en un nouveau parti politique ? Parce que les politiciens des vieux partis ne veulent rien avoir à faire avec vos idées ataviques ; et ils ne le veulent pas parce qu’ils sont ce que j’ai dit, les valets, les serviteurs de la ploutocratie.

« J’ai dit aussi que les professionnels et les artistes étaient les roturiers du régime actuel. Que sont-ils autre chose ? Du premier au dernier, professeurs, prédicateurs, journalistes, ils se maintiennent dans leurs emplois en servant la ploutocratie, et leur service consiste à ne propager que les idées inoffensives ou élogieuses pour les riches. Toutes les fois qu’ils s’avisent de répandre des idées menaçantes pour ceux-ci, ils perdent leur place ; en ce cas, s’ils n’ont rien mis de côté pour les mauvais jours, ils descendent dans le prolétariat, et végètent dans la misère ou deviennent des agitateurs populaires. Et n’oubliez pas que c’est la presse, la chaire de l’Université qui modèlent l’opinion publique, qui donnent la cadence à la marche mentale de la nation. Quant aux artistes, ils servent simplement d’entremetteurs aux goûts plus ou moins ignobles de la ploutocratie.

« Mais, après tout, la richesse ne constitue pas le vrai pouvoir par elle-même ; elle est le moyen d’obtenir le pouvoir, qui est gouvernemental par essence. Qui dirige le gouvernement aujourd’hui ? Est-ce le prolétariat avec ses vingt millions d’êtres engagés dans des occupations multiples ? Vous-même riez à cette idée. Est-ce la classe moyenne, avec ses huit millions de membres exerçant diverses professions ? Pas davantage. Qui donc dirige le gouvernement ? C’est la ploutocratie, avec son chétif quart de million d’individus. Cependant, ce n’est pas même ce quart de million d’hommes qui le dirige réellement, bien qu’il rende des services de garde volontaire. Le cerveau de la ploutocratie, qui dirige le gouvernement, se compose de sept petits et puissants groupes. Et n’oubliez pas qu’aujourd’hui ces groupes agissent à peu près à l’unisson.

« Permettez-moi de vous esquisser la puissance d’un seul de ces groupes, celui des Chemins de Fer. Il emploie quarante mille avocats pour débouter le public devant les tribunaux. Il distribue d’innombrables cartes de circulation gratuite aux juges, aux banquiers, aux directeurs de journaux, aux ministres du culte, aux membres des universités, des législatures d’État et du Congrès. Il entretient de luxueux foyers d’intrigue, des lobbies au chef-lieu de chaque État et dans la capitale ; et dans toutes les grandes et petites villes du pays, il emploie une immense armée d’avocassiers et de politicailleurs dont la tâche est d’assister aux comités électoraux et assemblées de partis, de circonvenir les jurys, de suborner les juges et de travailler de toutes façons pour ses intérêts.

« Messieurs, je n’ai fait qu’ébaucher la puissance de l’un des sept groupes qui constituent le cerveau de la Ploutocratie. Vos vingt-quatre milliards de richesse ne vous donnent pas pour vingt-cinq cents de pouvoir gouvernemental. C’est une coquille vide, et bientôt cette coquille même vous sera enlevée. Aujourd’hui la Ploutocratie a tout le pouvoir entre les mains. C’est elle qui fabrique les lois, car elle possède le Sénat, le Congrès, les Cours et les Législatures d’États. Et ce n’est pas tout. Derrière la loi, il faut une force pour l’exécuter. Aujourd’hui, la ploutocratie fait la loi, et pour l’imposer elle a à sa disposition la police, l’armée, la marine et enfin la milice, c’est-à-dire vous, et moi, et nous tous. »

Jack London, Le Talon de Fer (1908)

Commentaires

Mais non, le probleme, c'est "5 millions de fonctionnaires" et les immigrés!
C'est bien connu par les droitards versaillais!

N'est ce pas Anne?

Ce n'est pas la Lepenisation des esprits qu'il nous faut et ce n'est d'ailleurs pas cela qui fait peur à l'oligarchie, c'est la bolchévisation que nous devons avoir, c'est la seule qui terrorise l'hyperclasse!

Écrit par : Three piglets | 01/11/2011

Il y a quelques années dejà, j'avais l'intuition que l'avenir de la France , je veux dire d'un mouvement révolutionnaire réellement opérationnel dans le réel, était "à gauche", c'est à dire dans l'analyse marxiste du capital, réactualisé et parfois rectifié, et dans les mouvements politiques, minoritaires mais actifs, de la gauche politique, disons une partie de la CGT et le POI.
L'expérience a confirmé cela.

La cabine "droate nationale"?
Un désert!
Le Sahara bleu blanc rouge.
Incapable d'agir, incapable de volonté dans le réel.
Un immense ramassis de crétins, de sociopathes, de profiteurs et de menteurs.
La seule chose que je partage avec ces gens, et je crois que c'est le commun de ceux qui se font avoir par la publicité mensongére de cette cabine d'aliénés, c'est la critique de l'immigration.
Mais comme celle ci, si nous avons une rigueur intellectuelle, se retrouve dans l'analyse marxiste de base, elle n'a pas de raison de rester le monopole "des fachos" de service.
Et cela permet aussi de dénoncer le mensonge de la sociale-démocratie, ces bourgeois déguisés en prolétaire de combat!
La révolution, c'est quand on aura écarté ces mensonges et leurs vieilles histoires de grand-mére: Dreyfus, le temps des cérises, l'algérie francaise, mai 68 etc etc...

Écrit par : Three piglets | 01/11/2011

Et je lis chez les imbéciles "conservateursétradi" qu'il vaut mieux rester dans sa cabine plutot que de chercher des alliés, même si ils sont bobos?
Mais dîtes moi, les pakistanais, si les bobos renversent, même par erreur, le systéme de domination, ce n'est pas bon à prendre?
Connerie de pureté des actes et des intentions!
Je m'allie même avec les démons pour tuer le Diable.

Écrit par : Three piglets | 01/11/2011

"Mais non, le probleme, c'est "5 millions de fonctionnaires" et les immigrés!"

C'est une partie du problème. L'hyperclasse dont vous parlez étant une autre partie du problème, la principale selon vous, alors que j'en doute parce que les autres parties du problème se sont autonomisées avec le temps.

Quant à dire que "rien a changé" (@Boreas), c'est à la fois vrai et faux. En fait, la situation est inédite depuis 1789. Parce que la substitution ethnique par des populations non européennes est certes une modalité nouvelle, mais la substitution a en fait commencé dès le XIXème siècle avec l'immigration européenne, substitution qui paraît aujourd'hui peu nocive au regard de l'autre mais qui a préparé la situation actuelle. Le capitalisme international des années 1900 reste encore ancré dans une perspective civilisationnelle européenne. Alors que s'est-il passé entretemps ? Accuser l'hyperclasse est trop facile. Il y a une dimension idéologique. Je m'étonne que vous (@TP) la passiez sous silence. Parce qu'étrangement depuis les années 1960, il ne fait pas bon être européen. Sûrement le fruit du hasard, tout comme le devoir de mémoire à sens unique et l'esprit de contrariété de quelque lobby.

En plus de la dimension idéologique, il y a une explication fondée sur les préférences individuelles qui explique l'acharnement de certains bobos à côtoyer l'exotisme et à s'encanailler dans les arrondissements parisiens de l'est.

"c'est à dire dans l'analyse marxiste du capital, réactualisé et parfois rectifié"

Il y a tellement de choses pour lesquelles Marx s'est trompé (la paupérisation de la classe ouvrière, la disparition des classes moyennes, la dictature du prolétariat) qu'il ne peut pas être une référence infaillible. Marx était un réactionnaire à son époque, en retard sur les évolutions de son temps. Cependant, il a le mérite d'avoir posé certaines questions et d'avoir introduit des concepts utiles pour l'analyse.

"plutot que de chercher des alliés, même si ils sont bobos?"

Oui, pourquoi pas. Après tout, qu'ils réparent leurs propres erreurs. Mais bon, votre révolution finira comme celle de 1848. A force de chercher des cadres ailleurs que dans nos propres rangs. On est si peu nombreux ?

Écrit par : Anne Onyme | 01/11/2011

La dimension idéologique?
Pouvez vous me dire par qui elle est portée et promue?
Les "5 millions de fonctionnaires" ?(dont vous pointez le nombre et non ce que penser un petit fonctionnaire, ce qu'ils sont largement majoritairement,là, on voit la connerie figareste)

Rappelez nous d'ou vient toute la merde metissolâtre?

C'est étonnant tout de même cette cécité volontaire (il y a une servitude du même nom).
Alors qu'il était évident que l'idéologie stalinienne était portée et promue par l'oligarchie communiste, et que personne ne peut le nier, tellement le bon sens et l'observation imposent cette conclusion, ici, comme par magie, Anne nous explique qu'il serait "trop facile" de pointer l'appareil d'état soviétique, excusez moi, l'hyperclasse mondialisée.
Cela permet de comprendre rapidement qui sont les beaux parleurs de la droiteux nationaleeeee : de petits bourgeois qui aimeraient quand même en croquer de ce système mais qui subissent les conséquences de celui ci.
En croquer sans les inévitables immigrés.

Mais,

L'eau monte les amis.
Et le temps ou l'on pouvait se dire frontiste et en même temps favorable au marché est révolu.
La crise révolutionnaire dépasse ce minuscule cadre intellectuel confortable, et balaie par la même occasion les plus audacieuses propositions des petits bourgeois du Fn (je ne pointe pas la majorité des électeurs, ces gens ordinaires, nous l'aurons compris)


Je vous rappelle, en outre, qu'il ne fait pas bon d'être ivoirien en côté d'ivoire, lybien en Libye, afghan en Afghanistan et dans cette torture des peuples, français en France.
Et cela n'est pas due zau5millionsdefonctionnaireux, ni au manqueuxderigueureux budgétaire.

Même si "ma" révolution finira comme celle de 1848, elle prouvera que nous, c'est à dire ceux qui y participeront, donc pas les guignols de la droite nationale, sommes encore vivants.
Alors que VOS rangs sont faits de cadavres et de zombies.
Vous êtes déjà morts, vous ne le savez pas encore.
Morts sans les armes à la main qui plus est.

Comme je l'ai écris : la droite nationale est une illusion, un mirage sahélien.
Il n'y a absolument personne.
L'expérience l'a prouvé.

Écrit par : Three piglets | 01/11/2011

@TP

"L'expérience l'a prouvé"

Le problème de la droite nationale est celui du légitimisme des années 1830-1840. Une idéologie forte, bien charpentée, mais des stratégies électorales inadaptées et un goût pour le repli sur soi (abstentionnisme, refus du compromis). On a parlé d'"Emigrés" de l'intérieur à propos des légitimistes. Le parallèle avec aujourd'hui est troublant.

Mais vous @TP, ne seriez-vous pas un carlo-républicain en mal d'alliances politiques stériles ? ;-)

Écrit par : Anne Onyme | 01/11/2011

J'ajoute à tout ce que dit TP et que je partage, que la couleur politique n'a, à mes yeux, presque aucune importance.

Comme l'écrivait Alexandre Zinoviev dans Homo Sovieticus : "L'homme à convictions est rigide, dogmatique, assommant et, comme il se doit, stupide. Le plus souvent, d'ailleurs, les convictions n'ont aucune influence sur la conduite des gens. Elles ne font qu'enjoliver la vanité, justifier les consciences troubles et masquer la sottise."

La lucidité, la sincérité et l'engagement concret comptent bien davantage que l'idéologie, dès lors que l'ennemi principal a été identifié.

Jack London lui-même, sans doute un des révolutionnaires "hétérodoxes" (les communistes n'ont jamais réussi à le récupérer idéologiquement ; il était, comme Michéa, bien plus proche des conceptions d'un George Orwell que des "solutions" marxistes-léninistes) les plus sincères du XXe siècle, démissionna du Socialist Labour Party en mars 1916, vingt ans après son adhésion et huit mois avant sa mort, en déclarant :

« Je donne ma démission du Parti socialiste parce qu’il manque de feu et de combativité, et parce qu’il a cessé d’appuyer de toutes ses forces les luttes de classes.

À l’origine, j’ai été membre du vieux Socialist Labour Party, qui, lui, était révolutionnaire, combatif, et se tenait debout sur ses pattes de derrière. Depuis lors, et jusqu’au temps actuel, j’ai été un membre combattant du Parti socialiste. Malgré tant de jours écoulés, mon record de combat pour la Cause n’est pas entièrement oublié. Dressé à la révolte de classe, telle que l’enseignait et la pratiquait le Socialist Labour Party, et soutenu par mes meilleures convictions personnelles, j’avais cette foi que la classe ouvrière, en combattant, en ne fusionnant jamais, en ne faisant jamais d’accords avec l’ennemi, pourrait parvenir à s’émanciper. Mais puisque, en ces dernières années, la tendance du socialisme aux États-Unis a été toute de compromis, je sens que mon esprit se refuse à sanctionner davantage ces paisibles dispositions et que je ne puis rester membre du Parti. Voilà les motifs de ma démission. »

Qu'on ne s'y trompe pas, son internationalisme était limité. Il a écrit : "Je suis avant tout un homme blanc, et ensuite seulement un socialiste."

Par conséquent, même si Lénine et Trotsky ont dit qu'ils l'appréciaient et que des internationalistes, sans-frontiéristes et métissolâtres de par le monde ont pu le revendiquer comme un des leurs, ils se sont trompés sur l'ampleur de cette parenté.

London aurait sans nul doute pleinement adhéré à ceci :

"Pour lutter effectivement contre le marché mondial, la prise de conscience doit être internationale – au sens de la coopération entre nations, l'exact opposé du cosmopolitisme libéral-libertaire. Un socialisme international qui se respecte se doit de respecter à son tour les cultures enracinées, libérées de l'aliénation occidentale des droits de l'homme et de la fausse bonne conscience humanitaire. Des médiations doivent pour cela être créées afin que les peuples puissent s'appréhender dans leur universalité tout en restant fidèles à leurs culture et identité. Pour paraphraser Michéa, il nous faut promouvoir un monde commun de la diversité des cultures enracinées, avec une coopération des peuples, contre un monde de l'uniformisation libérale par le règne bicéphale du marché et du droit."

http://www.scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=745:le-complexe-dorphee-jean-claude-michea&catid=53:politique&Itemid=55

Le socialisme de Jack London, je m'y reconnais aussi, et ce n'est pas le socialisme matérialiste, collectiviste et niveleur issu des Lumières, au contraire. C'est celui du mouvement ouvrier, l'ennemi mortel de l'exploitation capitaliste issue de la destruction des anciennes corporations de métiers en Europe et particulièrement en France ; corporations, que London n'a jamais connues dans cette Amérique déchet de l'Europe, où il est né pauvre.

Ce socialisme révolutionnaire, le voilà tout entier :

http://motstocsin.autonomie.org/html/textes/textesgeneraux/jacklondon1.htm

Écrit par : Boreas | 02/11/2011

@Boreas,

Vous qui semblez vous moquer des hommes de conviction, comment décrivez-vous la démission de Jack London qui ne se reconnaissait plus dans son parti en raison des compromis?

Il est intéressant aussi de relever que l'extrait du scriptoblog que vous citez à été la position de l'Eglise catholique jusqu'à la dérive du concile, et est toujours la position des "tradis". Il suffit de remplacer socialiste par catholique. Simplement les termes du combat changent, car on a d'un côté l'esprit martyre et de l'autre la lutte. Il faudrait retrouver l'esprit des croisades, chose impossible à l'heure actuelle, je le conçois.

En tout cas merci encore pour cette article. Vous êtes vraiment quelqu'un de lucide.


@Three Piglets

N'idéalisez-vous pas la "gauche politique"?
Je comprends votre frustration quand à l'"extrême droite". Vous avez entièrement raison, la plupart sont des bourgeois trop frileux pour risquer leur confort. Je m'inclus dans cette catégorie. Ils commencent à se réveiller de l'hallucination gigantesque engendrée par le système. Je ne m'inquiète pas trop par contre, car même s'ils ne porteront pas les premiers coups, ils seront là quand ils seront prolétarisés, comme le décrit bien Jack London.

Écrit par : Huscarl | 02/11/2011

Huscarl:

Je n'idéalise pas "la gauche politique".
Je parle de groupes bien précis.
Loin de moi de monter au panthéon de la Dissidence le Ps ou le NPA.
En revanche, il est exact que "la droite" ferait bien de s'influencer d'une partie de la culture de "gauche", au sens de la pratique et de la stratégie.
Il est maintenant certain que dans la crise systémique qui se présente, il y aura plus de "bobos" (c'est à dire des mecs de la gauche sérieuse, selon les connards de fdesouche) que de super "natios aficionados de la reconquista" car ces gens ont la culture de la barricade, et il nous faut des barricades.
C'est une nécessite.

Le premier objectif est de détruire l'ennemi et sa position fortifiée.
Les imbéciles qui tergiversent sur le projet qui lui succédera en se déchirant sur des points de détails tout en laissant passer l'histoire et l'occasion unique qui se présentent à nous, sont des passéistes de la pire espèce.

Si il y ne reste plus qu'un seul type de clivage politique, à savoir ceux qui veulent que le système continue et ceux qui veulent qu'il soit détruit, il n'existe que deux types d'hommes:
Ceux qui agissent et ceux qui ne font rien.
Peu importe la couleur politique de ceux ci!
L'avenir appartient à ceux qui sont dans le réel, pas aux autres.

Écrit par : Three piglets | 02/11/2011

Huscarl

Quand Zinoviev parle de "l'homme à convictions", il désigne les idéologues, les discoureurs creux, ceux dont les mots ne viennent pas du coeur et des tripes, mais juste de la vanité, de la "conscience trouble" ou de la sottise, comme il le dit.

En ce sens, Jack London n'était pas - à mes yeux, en tout cas - un homme de conviction, mais avant tout (et malgré ses défauts bien sûr), avant même d'être un grand écrivain, un homme de coeur, un véritable être humain, dont les mots et les actes ne faisaient qu'un.

Quant à votre remarque sur le socialisme et le catholicisme, je suis assez largement d'accord. D'ailleurs, je pense que le socialisme ouvrier est, en grande partie, le produit de la réaction populaire urbaine à la destruction, par les libéraux, des contrepoids sociaux existants avant la Révolution et qui les protégeaient de la rapacité des exploiteurs ; qu'il s'agisse de l'interdiction des corporations ou de la déchristianisation.

D'ailleurs, des catholiques ont participé à ce mouvement ou l'ont encouragé : on peut penser par exemple à Frédéric Ozanam et à Albert de Mun.

Cela dit, la méfiance de certains socialistes ouvriers envers le catholicisme s'explique, à mon sens, par l'hypocrisie sociale, voire la vénalité, de certains ecclésiastiques (il faut rappeler qu'on devenait assez couramment dignitaire de l'Eglise sans la moindre conviction religieuse réelle et même à contrecoeur - à l'exemple de Talleyrand...).

Écrit par : Boreas | 02/11/2011

Three Piglets,

Je ne peux qu'être d'accord avec vous sur le fond.
Il est clair que les médias ne nous présentent que les "bobos" participant à ces rassemblements, ceux qui clament bien haut qu'ils sont contre les discriminations et autres niaiseries politiquement correctes. On les imagine difficilement sur des barricades.
Je pense qu'il faut aussi tenir compte du climat médiatico-répressif qui est très virulent quand il s'agit d'"extrême droite", ce qui fait que beaucoup se brident. Sans compter qu'il n'est pas productif d'avoir la population contre soi qui voit toujours le système actuel comme un moindre mal par rapport à ce que proposent les "fachos". D'ailleurs quand les "fachos" participent de manière identifiée à des rassemblement, il se trouve toujours des gauchistes zêlés pour les dénoncer, les provoquer ou tout faire pour les isoler. De leur côté ils doivent aussi faire l'effort de réaliser que nous sommes dans le même camp.

___________

Boreas,

Merci pour ces éclaircissements. Selon cette définition de la conviction je comprends votre point de vue.

La méfiance des socialistes ouvriers est tout à fait compréhensible, mais le socialisme lui-même a produit un "clergé" de bourgeois opportunistes, malheureusement.

Écrit par : Huscarl | 02/11/2011

@TP

"Il est maintenant certain que dans la crise systémique qui se présente, il y aura plus de "bobos" (c'est à dire des mecs de la gauche sérieuse, selon les connards de fdesouche) que de super "natios aficionados de la reconquista" car ces gens ont la culture de la barricade, et il nous faut des barricades."

Un bobo qui dresse des barricades n'est, par définition, plus un bobo.

Écrit par : Anne Onyme | 02/11/2011

Quand on parle d olligarchie, et de banque ne travaillant pas dans le même monde que nous.
Quand on parle de personne s octroyant des droits au dessus des lois.
Il semblerait que la mairie de Londres soit tenu par les banques.
Il semblerait que la mairie de Londres ait une place a westminster.
Il semblerai que la mairie de Londres soit un état dans l état en Angleterre.

Je ne sais si cela est vrai, mais je vous passe le lien.
Si c est des conneries désolés, mais je ne peus verifier par moi même.
http://www.monbiot.com/2011/10/31/wealth-destroyers/

Écrit par : libherT | 02/11/2011

'Un bobo qui dresse des barricades n'est, par définition, plus un bobo.'

Un bobo qui campe pendant un mois devant Wall Street malgré une température sibérienne n'est, par définition, plus un bobo.
Donc les cons de Fdesouche reste, par définition, des cons!

Écrit par : Three piglets | 02/11/2011

Voudrais pas chipoter en plein conciliabule, ne suis rien d'autre qu'un vagabond débarquant impudemment au milieu de cette noble assemblée de cyberstratéguerres. Mais à un moment la nuance entre combat syndical (et/ou socialiste) européen et américain m'a parlé. Pour quelle raison ?

Mais avant permettez au fruste spectre errant que je suis de revenir sur le haro de 3P (pseudo crypto-maçonnique diraient - à tort - les tradis dans leur délire paranoïa critique, flairant inconsciemment - à juste titre cette fois-ci -que le sieur appartient à une autre chapelle, ou plutôt à une autre synagogue).

Cochonnet fougueux, qui semble un peu revenu de l'utopie "occidentaliste" faisant de France-Israël le dernier bastion face aux hordes de sarrasins, cause maintenant "bolchevisation" (c'est bien connu, "classes laborieuses, classes dangereuses", sauf qu'à l'époque de la tertiarisation, de la syndicalisation et plus largement de la dépolitisation, cela semble surtout jouer sur la peur des classes moyennes de leur prochain laminage, et oui, figaro-ci figaro-là). S'il voulait affiner un chouille l'argumentaire, vu que sur fds il a fait le tour des joutes de comm', il reprendrait à coup sûr l'alternative de Valois entre "guerre ou révolution". D'un certain côté, oui, rien à attendre de la grande muette, on n'est pas en Afrique ou en Asie. De l'autre, vraiment rien à attendre, ne lui déplaise, des partis/groupuscules/prophètes solitaires (encore moins des "bobos" devant Wall Street qui font un peu avec du recul enfants gâtés ne supportant pas la frustration à venir, dans une réaction qui curieusement semble attendre de l'État un certain "paternalisme", oh certes pas comme du temps de Filmer (rival de Locke).

Oui, c'est là qu'il y a incohérence, à mon humble avis, dans le speech. À savoir causer "représentation" (face à ses limites), rester dans cette logique à la remorque de la situation contemporaine, au lieu de puiser dans l'histoire (je crois mal connue) de l'anarcho-syndicalisme cette leçon toujours actuelle : ne compter que sur ses propres forces pour trouver des modes d'émancipation (crédit populaire et auto-gestion chez Proudhon par ex, démocratie directe pour Rosa Luxemburg, etc.). Si échec d'implantation du syndicalisme aux States il y a eu (évoqué de manière tangente dans le film "Bound for glory" ou plus schématique dans "il était une fois en Amérique"), c'est bien en raison de l'individualisme économique roi (ou tyran si on se veut plus royaliste que le roi dans la subtilité terminologique).

Bref, comme dirait Pépin, s'il paraît quelque peu oiseux de se demander où sont les contre-pouvoirs, ou de râler contre la posture de l'attentisme (la commentarire sur le ouieb en est aussi une à sa façon), il n'est pas interdit de s'autonomiser politiquement en accordant pensée et mode de vie (localisme, survivalisme intelligent pas comme en Ardèche avec les chèvres, vie associative, etc). C'est pour sûr moins ambitieux que de deviser de manière quichottesque sur le probable nouveau moyen âge dont les nuées s'amoncellent mais ça a le mérite du réalisme même à petite échelle, même si ça demande un changement mûrement réfléchi de choix de vie (pas facile d'en finir avec l'addiction de l'actuel). Brocarder avec ironie un tel ou l'autre peut avoir ses charmes, à savoir démonter les discours imposés derrière cela comme faisait Voltaire, mais se fabriquer des épouvantails pour se justifier dans ses actes, voilà un aveu de faiblesse selon moi. L'adversité, celle qui fait vraiment mal, en témoigne le fabuleux récit de "talon de fer" (ou encore "martin eden"), c'est celle qui nous pousse à prendre nos responsabilités, pas à les différer avec les (meilleures) excuses du monde, surtout sous prétexte qu'on est déclassé (voire paupérisé dans le pire des cas). Façon, dans ce désert qui croît, c'est "marche ou crève". Raison de plus pour planter quelques graines, non ?

Écrit par : Sam Ovar | 03/11/2011

Votre pseudo sur FDS (et sur Sub ?) n'est pas Sam Ovar, n'est-ce pas ?

Etonnant, ce que vous dites de TP qui aurait vanté "France-Israël le dernier bastion face aux hordes de sarrasins"... Personnellement, je ne l'ai jamais lu sur un tel thème !

Quant à être juif, il n'en fait pas mystère (voir ici ses commentaires du 02.11.2010 : http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/10/27/raidissement-du-cadavre-systemique-fdesouche-com-censure.html ), mais pour autant, j'ai rarement croisé un tel pourfendeur du CRIF et autres officines communautaires nuisibles.

Et pour ce que je sais de lui, pour l'avoir rencontré et le connaître un peu, il est bien loin de se contenter de poster des coms sur le Net... Si tous les opposants au "Système" étaient aussi engagés et cohérents que lui, il n'y aurait aucun problème nulle part.

Mais il n'a aucun besoin que je le défende et vous répondra peut-être lui-même, s'il voit votre message.

Écrit par : Boreas | 04/11/2011

Chais pas, faudrait demander sur Causeur peut-être...

"Allo Mame Lévy?
Comment ca? je suis un nazi?
Trés bien Mame Lévy, je vais de ce pas me dénoncer à la Licra!"

Pour les graines, oui, il faudrait à y penser sérieusement.

Écrit par : Three piglets | 04/11/2011

Se défendre ? Diantre ! Le taquiner sur qqchose (dont il ne fait pas mystère, je ne suis pas devin ou agent des RG), ce n'est pas froisser sa susceptibilité, du moins je l'espère pour lui. Sur le net de toute manière on et tout le monde et personne à la fois, et puis Treepi a le cuir dur. M'enfin, mon propos n'était pas là, je précise juste une coquille plus haut, lire : "de la désyndicalisation" et non "de la syndicalisation", sinon la phrase cloche (disons autant que moi).

Écrit par : Sam Ovar | 04/11/2011

Des graines, oui.

Beaucoup de théoriciens (souvent les plus critiques, d'ailleurs), peu de jardiniers.

Écrit par : Boreas | 04/11/2011

Et encore...combien font dans les OGM, délivrant des pensées transgéniques et donc stériles...

Écrit par : léonidas | 04/11/2011

"Donc les cons de Fdesouche reste, par définition, des cons"

Le bon sens de @TP. Que ferait-on sans lui ? ;-)

Alors ils sont où vos 10.000 guerriers bolchéviks tapis dans l'ombre ?

Écrit par : Anne Onyme | 05/11/2011

Très bonne idée de nous rappeler ce texte et merci surtout pour l'image de la "green grave" où reposent Elam Harnish, Martin Eden, Darrel Standing, John Pathurst et tant d'autres de nos Frères...

« Je ne perdrais pas mes jours à essayer de prolonger ma vie, je veux brûler tout mon temps. » - Jack London

Écrit par : SPOILER | 05/11/2011

Non, rien n'a changé.... Ou plutot si, en pire!

http://fortune.fdesouche.com/34466-757-groupes-internationaux-controlent-80-des-multinationales

Écrit par : Imperator. | 08/11/2011

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