Trompeuses élections européennes (27/05/2014)

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Le FN, une affaire de famille

 

Depuis dimanche soir, le Front National tient enfin, paraît-il, sa grande victoire. Celle qui, au-delà de la barre des 20%, le propulserait, selon lui, au rang de premier parti de France, d'alternative crédible à l'UMPS, d'espoir pour tout un peuple.

En réalité, le résultat des élections européennes de 2014 n'a ni le sens, ni la portée qu'on lui prête. Tout cela n'est évidemment qu'une énième chimère, une fantasmagorie politicienne à laquelle ne peuvent croire que des désespérés en mal de miracles.

D'abord, quasiment tout le monde se trompe sur la signification politique de ce scrutin, à commencer par notre inénarrable Flanby, le petit gros à l'élocution hasardeuse de mauvais acteur, à la syntaxe de commentateur de foot, qui ne peut s'exprimer sans faire honte à tout Français encore un peu digne de ce nom.

Je-ne-fais-rien 1er a en effet déclaré (son lapsus une fois corrigé) qu'il s'agissait d'un vote anti-européen, rien que ça. C'est Marine Le Pen qui doit être contente, elle qui, sauf dans les dernières semaines a axé sa stratégie de communication sur la critique de l'UE, comme si le nain politique et financier de Bruxelles incarnait l'Europe et surtout, était réellement pour quelque chose dans les problèmes économiques structurels de la France et dans la médiocrité insigne de sa classe politique.

Problème : ce n'est pas principalement contre l'UE, et encore moins contre l'Europe politique, que les électeurs du FN ont voté (merci au site F.Desouche pour les deux imparables illustrations qui suivent) :

Il n'y a que chez les Verts que le désaveu de l'action de l'UE est moins fort qu'au FN ! Les électeurs du parti mariniste ont d'autres priorités : l'immigration, l'insécurité, l'emploi, l'activité économique, le pouvoir d'achat, le niveau des prix, les impôts et les taxes. L'action de l'UE (et encore, face à la crise économique) ne vient qu'ensuite.

La géographie du vote FN est encore plus parlante :

Bref, MLP et son état-major, comme François Hollande et quasiment tous les médias, ont tout faux. Le vote FN, la raclée électorale populiste subie par le PS, n'est pas essentiellement un vote eurosceptique.

Il s'agit à l'évidence, avant tout, d'un vote identitaire et sécuritaire. Bref, d'un vote qui porte sur les aspirations populaires les moins satisfaites par nos élites et correspond aux missions les plus essentielles de l'Etat en échange des contributions de chaque citoyen :

- la défense (oui, la défense) du territoire et de la vie en commun de gens de même origine (le terme nation vient du verbe naître et désigne une communauté de sang)

- et la garantie de la sécurité de chacun (surtout au plan physique, par les pouvoirs régaliens de police et de justice, mais aussi, un minimum en tout cas, au plan économique).

On a là les quatre fonctions régaliennes de l'Etat. C'est cela qui est en jeu, ce sont les fondements mêmes de notre existence collective, de notre vie en société.

Or, compte tenu de l'assimilationnisme du FN, complètement opposé à ces aspirations, les gens votent pour ce parti soit par défaut, parce que la volonté affichée de freiner l'immigration leur paraît un minimum et surtout parce qu'ils ne trouvent cette volonté minimale nulle part ailleurs, soit en raison de l'illusion sciemment entretenue par ce parti de lutter contre l'excès existant d'immigration. Or, qui dit excès, dit implicitement nécessité de le réduire et donc, remigration. Sauf que cela ne correspond pas au programme du FN.

Ensuite, on se trompe sur la portée du résultat. 25% des électeurs exprimés, ce n'est pas considérable, compte tenu d'une abstention massive (57,5%). Surtout en nombre de voix : 4.711.339, certes contre 1.091.691 en 2009, mais à comparer avant tout à la présidentielle de 2012 où MLP avait réuni 6.421.426 suffrages (en ne progressant quasiment pas par rapport à la présidentielle de 2002 : 5.525.906 voix avec une population moins nombreuse - 5 millions d'électeurs inscrits en moins).

Résultat concret ? 24 sièges au Parlement européen, sur... 751 ! De quoi rapporter de juteuses indemnités parlementaires à quelques happy few. Pour quel bénéfice populaire ? Zéro. Même pas un groupe parlementaire, a priori, qui permettrait de peser un minimum sur l'activité représentative à Strasbourg...

Bref, au FN, on stagne en se gargarisant d'un pourcentage surtout dû à l'effondrement adverse (même relatif), et on envoie les copains se sucrer dans une structure politique soi-disant exécrée. Et 25%, cela veut surtout dire qu'il reste encore 26% à faire, que l'adversité pèse toujours trois fois plus !

Bref, le raz-de-marée annoncé est encore loin, même si les abstentionnistes auraient eux aussi, paraît-il, majoritairement voté pour le FN. Oui, paraît-il, car alors, pourquoi ne l'ont-ils pas fait, tout simplement ?

La réponse paraît assez évidente : parce qu'ils ne croient pas tant que cela au FN, ni aux élections, pour changer les choses.

Et un peu partout en Europe, même sans parler des profondes différences de motivation des souverainistes britanniques par exemple, par rapport à celle des français ou des hongrois, le problème est le même (source) :

Par conséquent, comme l'a écrit un excellent blogueur peu apprécié de la « dissidence » autoproclamée, « la seule réponse est une stratégie de rupture ». En quoi pourrait-elle consister ? Simple. A faire exactement le contraire du jeu avec le « Système » qui est celui du FN depuis toujours.

Pour moi, une stratégie de rupture est nécessairement révolutionnaire. En ce sens, elle consiste avant tout à répondre enfin aux aspirations du peuple français, au lieu de lui mentir juste un peu moins que les autres afin de pouvoir s'approprier une part du gâteau.

22:31 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : élections européennes, 2014, résultats électoraux, front national, fn, marine le pen, tromperie, communication, euroscepticisme, ue, union européenne, françois hollande, umps, médias, immigration, remigration, sécurité, vote, identitaire, sécuritaire, abstention, volonté, populisme, peuple français, stratégie de rupture, révolution |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |