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03/03/2012

Révolution, un mot tabou

 

C’est fou comme les Révolutions française et russe obnubilent l’imaginaire collectif de la « droite nationale »

Rien que de parler de révolution, c’est déjà tabou.

La révolution, n’est-ce pas, c’est mal. Cela ne peut se faire que dans un seul sens, celui de la subversion et du pourrissement, et certainement pas pour nous sauver.

Nous, nous devons attendre des réformes progressives, une intervention divine (« la France, fille aînée de l’Eglise »…) ou encore un homme providentiel (mais qui nous convienne à 100%, hein, pas un type avec des aspérités…).

Nous sommes, depuis deux siècles, dans l’analyse des causes, le calcul politicien et l’esthétique de la nostalgie. Nous dormons dans le formol et rêvons à un miracle. Puisse notre mort être noble et douce. En pleine démobilisation critique, mais avec la conscience de notre supériorité morale.

Voilà pourquoi je ne crois pas à la « droite nationale ».

Voilà, aussi, pourquoi je crois à la révolution, parce que le peuple, lui, n’en a rien à faire, de la « droite nationale ».

Il veut vivre, lui, pas juste poser au réformiste, au révolté et à l’éternelle victime. On le verra quand ses ressources seront directement entamées et que les Sarkozy et les Hollande devront prendre la fuite, faute d’argent pour continuer d’acheter la paix sociale.

Peut-être alors, quand même, serait-il bon d’avoir une alternative à lui proposer et des gens pour la porter.

06/02/2012

L'illusion de « l'homme providentiel »

 

« (...) Indéniablement, la figure du "sauveur" est étroitement liée à l'esprit hexagonal ; Barrès a pu écrire : "Il faut toujours une traduction plastique aux sentiments des ­Français, qui ne peuvent rien éprouver sans l'incarner dans un homme". Paradoxe d'un pays qui se réclame de Descartes mais qui est longtemps resté celui de la chanson de geste et du "Roman national". En esquissant le portrait de l'homme providentiel, l'historien Jean Garrigues nous offre une relecture originale de notre histoire politique depuis 1789. Son essai aurait gagné à être plus vif et mieux écrit, mais il reste néanmoins passionnant, en nous obligeant à nous interroger sur notre tradition républicaine dont cette figure providentialiste, rémanence du roi thaumaturge, est une constante forte et embarrassante. Au moins peut-on se rassurer en se disant que notre "sauveur" républicain n'a jamais débouché sur le dictateur version Hitler ou Mussolini. En France, par miracle, on s'arrête au césarisme.

Il est dommage que l'auteur, qui classe de façon un peu arbitraire nos différentes figures en s'appuyant sur des références antiques (Solon, Périclès, Cincinnatus, etc.), ce qui le conduit à avoir une conception vague et très large du "sauveur", n'ait pas poussé plus loin une de ces réflexions les plus audacieuses : l'homme providentiel ne reflète pas seulement les carences de notre démocratie ; il peut en être parfois la solution. À condition, comme le disait de Gaulle, de ne pas vouloir commencer sur le tard une "carrière de dictateur". Mais qu'est-ce qui fait l'homme providentiel? Pourquoi certains hommes à poigne, comme Millerand, ne sont-ils pas regardés comme des sauveurs ? Pétain, à cet égard, pose un défi intéressant. "Sauveur" en 1917 et en 1940, il perd cette "vertu" en 1944 et, contrairement à ce qu'il espérait lors de son procès, l'histoire ne changera pas son jugement sur lui. L'homme providentiel doit jouir d'une certaine fortuna, la chance dont parlait Machiavel, celle qui fit défaut à Millerand en 1924, tout en mélangeant, rappelle Jean Garrigues, charisme et confiance.

Cette figure a-t-elle encore un avenir à l'ère du storytelling ? L'élite pressée et mondialisée peut-elle enfanter d'un "sauveur" ? A priori non, à moins que la "fin du politique" - noyé dans le grand bain de la mondialisation financière - ne soit plus qu'une illusion. L'époque nouvelle qui s'ouvre avec la crise redonnera peut-être vie - pour le meilleur et pour le pire - aux grands récits politiques et à ses acteurs providentiels. (...) »

Source

Cette recension conformiste est à confronter au conte du colibri, tel que repris par l'intelligent Pierre Rabhi et tel qu'il pourrait également être repris pour modèle de l'action politique :

« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !"

Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part". »

Source (merci à El)