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10/06/2013

Révolution républicaine

 

« (...) La situation politique en France comporte (...) quelque chose de radicalement nouveau, incompréhensible à la seule science politique et dont la compréhension requiert l’adoption d’un point de vue philosophique. La seule révolte contre la dictature nihiliste ne suffirait pas à produire un mouvement de la nature de celui que nous observons. Un principe spirituel nouveau est à l’œuvre ici. C’est en cela qu’il y a réellement révolution.

C’est une mutation soudaine qui s’est produite, et ce qu’on en voit n’est qu’un début. Nous ne sommes plus en présence d’un affrontement droite/gauche traditionnel en France, avec d’un côté les "conservateurs", ou la "réaction", et de l’autre un "front progressiste". Nous sommes au contraire en face d’un retournement dialectique d’ampleur historique, conduisant au renouvellement complet des règles du jeu et, en particulier, à une renaissance très originale de l’idée républicaine.

Cette légitimité qui s’oppose aujourd’hui à cette légalité (ou apparence de légalité) qui n’a jamais fait défaut aux pires tyrannies, c’est encore et toujours, en France, la légitimité républicaine et c’est celle de l’Histoire. Mais qu'est-ce que la République ? Nous allons essayer de le dire.


La plupart des Français, chacun à leur manière, sont des républicains et des démocrates. Ils n’en ont pas tous conscience, parce que l’idée de la liberté et celle de la République ont souvent fait l’objet d’interprétations idéologiques, d’accaparements sectaires ou partisans. Cependant, tous inscrivent leur vie dans l’Histoire de la France, de son Etat, de sa République et de sa démocratie.

Si une crise politique majeure est en train de s’ouvrir dans le pays, c’est que l’opposition à une loi barbare exprime aujourd’hui, avec les mots particuliers propres à certains, non pas un conservatisme d’inertie, ou une réaction sans imagination, mais la pure essence de la doctrine républicaine française, profondément transformée par un effort infini et victorieux pour s’extirper de cette barbarie. Ce profond renouveau républicain, face au despotisme oligarchique et nihiliste, inspire la formation d’un projet d’avenir crédible et motivant, auquel l’oligarchie libertaire n’a rien à opposer. (...)

En un mot, une idée rénovée de la République est en train d’émerger en France. Elle est susceptible d’unir à terme toutes ses traditions (politiques, philosophiques, mystiques) et de la refonder, à la fois structurée, noble, libre, démocratique, conforme à son caractère historique et génialement accueillante aux flux de la nouveauté historique.


Le combat pour le mariage, l’emploi et l’entreprise dans les territoires, la lutte contre une idéologie tyrannique (d’égoïsme radical libertaire et amoral - ou plutôt, dont l’immoralité militante est devenue une morale paradoxale), tels sont les trois piliers de ce mouvement qui lutte aussi pour les droits humains fondamentaux. L’idée de la liberté absolue, une fois détachée de prémisses individualistes et rattachée au sens de la famille, de la vie et de l’action dans le monde, comporte clairement l’ouverture d’une dimension mystique, le respect de cette dimension, de la personne qui est en le siège, et une tension continuelle vers une justice à la fois utopique et patiemment raisonnable. Tel est l’esprit qui surgit, celui de la nouvelle République française.

L’opposition définitive du peuple des familles à une loi barbare tient d’abord à ceci, qu’installant l’arbitraire dans la cellule élémentaire de la société, c’est à dire le couple et sa descendance, elle justifie pour demain la soumission de tous à l’arbitraire indéfini des idéologues et de leurs fantasmes. Comme ces derniers sont des intolérants qui excluent tous leurs contradicteurs du cercle qui a droit de déterminer le consensus démocratique sans reconnaître en cela aucune règle objective, il est évident que ce qu’on appelle, presque par dérision, la démocratie, consiste pour le peuple à obéir sans discuter aux volontés arbitraires des idéologues et des oligarques.

Mais, l’opposition du peuple tient ensuite et surtout au fait que cette législation ferme radicalement l’horizon de la liberté absolue et abolit ainsi la République. La liberté se trouvant réduite à une interprétation matérialiste, individualiste, excluant Dieu, la Nature et même la Raison transcendantale, fait forcément corps avec le principe de toute idéologie, formulé dans Les Démons par Dostoïevski : "Je commence par la liberté absolue et je termine par la dictature totale".


La prise de conscience des familles n’est que le début d’une prise de conscience nationale demain unanime. Celle-ci va se produire lorsque conflueront l’indignation des couches populaires économiquement opprimées par l’ordre libertaire, et la ferme détermination des familles culturellement opprimées, par ce même ordre libertaire. Se rajouteront en outre à ces deux forces la résistance des patrons et des entrepreneurs écrasés par l’ordre fiscal et administratif, qui constitue un véritable système de privilèges au bénéfice de l’oligarchie libertaire.

Quand les trois grands fleuves sociaux auront mêlé leurs eaux, quand l’ennemi commun aura été identifié, l’oligarchie ne pourra plus régner en divisant et il se produira un renouvellement profond à la fois de la démocratie et de la doctrine républicaine aujourd’hui corrompue. La France refera son unité, elle retrouvera un dynamisme et son Histoire, dans une nouvelle résistance mettant à bas un despotisme. (...) »

Henri Hude

Commentaires

Wow !
C'est exactement ça.
Merci d'avoir déniché ça !

Écrit par : Carine | 11/06/2013

J'ai peur de l'ingérence de nos voisins "amis" sous couvert de lutte contre le terrorisme par exemple, en cas de perte de controle de nos oligarches.
MAM a bien envoyé ses chars anti emeutes à Bahreïn.
Les oligarches vont se serrer les coudes et reprimer l'europe ensemble.

Écrit par : Marc Assin | 11/06/2013

Marc

Concernant la répression des émeutes, je n'ai pas connaissance de l'envoi de véhicules français (pas des chars, en tout cas, il s'agit plutôt de camions pour ce type d'activités) à Bahreïn ; mais seulement de formateurs et de matériel de type gaz lacrymogène :

http://www.lepoint.fr/monde/bahrein-le-savoir-faire-francais-au-service-de-la-repression-14-02-2013-1627297_24.php

Vous avez une source ?

Pour le reste, tout dépend de l'ampleur de la contestation.

En tout cas, je vois mal des militaires européens tirer sur la foule. D'abord, ce n'est plus dans les pratiques anti-émeutes depuis près d'un siècle, et surtout cela se retournerait contre le régime.

Écrit par : Boreas | 11/06/2013

Oula boreas c est du lourd ce soir.
Apres une journée de tres lourd labeur, j ai un peu de mal.
Je sens par contre que vous tenez quelque chose.
J aime l idée
""Se rajouteront en outre à ces deux forces la résistance des patrons et des entrepreneurs écrasés par l’ordre fiscal et administratif, qui constitue un véritable système de privilèges au bénéfice de l’oligarchie libertaire.""
Voila il faut travailler a cela.

Écrit par : libherT | 11/06/2013

Non, cette lecture romantique flatte mais trompe.
Le monde évolue avec force dans une direction incompatible avec les racines de la gloire francaise déchue. Le peuple de France constatant son appauvrissement et sa perte d'influence sur le monde prend peur et freine des quatre pieds contre tout mouvement, contre elle même, à défaut de pouvoir le faire en dehors.

Le monde est massivement jeune, vorace et matérialiste, prêt à se battre pour posséder, pour contrôler, pour être compétitif, depuis les EUA jusqu'à la Chine, depuis l'Afrique jusqu'au Brésil, depuis le Japon jusqu'à la Pologne. Et peu importent les questions philosophiques, il faut aller vite, chacun avec ses armes, les matières premières sont comptées, les nouvelles plaques tectoniques géopolitiques en mouvement vont bientôt entrer en collision puis se figer, c'est maintenant qu'il faut courir pour se positionner pour la suite qui sera plus dure encore.

Pendant ce temps, comme jadis le monde arabe, pris de court par la modernité de la Renaissance avait placé l'archaïsme comme vertu, la France à l'orgueil blessé s'entête dans une opposition violente de tous contre tous. Et tous les morceaux de la France disent non à tout, non à tout mouvement, pas tant par conviction que pour trépigner comme un enfant gaté son refus de se faire piquer une rente acquise par des ancêtres dont la valeur est morte en 1918.

Triste France. Le temps du monde n'est plus aux poètes ni aux bureaucrates colbertistes mais aux malins et aux marchands. Le temps du monde n'est plus celui de la France, et ce monde a grandi beaucoup trop vite. Reste à secouer la peau de chamois pour lustrer les ors des palais et arranger coquettement les potagers de village. Un beau pays tiers-mondisé, où malgré la tristesse des rutabagas, le clocher d'Epinal s'érigera contre les turpitudes du progrès international.
Les touristes chinois en seront ravis, et la raison du vieux coq, envers et contre tous, s'en trouvera rassurée.

Écrit par : Roberto | 11/06/2013

Inutile de dire que je suis en désaccord complet avec ce commentaire emblématique du défaitisme droitard-libéral qui ne comprend rien à rien (surtout, à un texte pareil, qu'il croit bêtement "romantique), assimile le conservatisme révolutionnaire aux pesanteurs étatiques accusées de tous les maux, et pour lequel la solution à nos difficultés est de s'ouvrir encore plus au libre-échange mondialisé, à la "compétition" (du genre : avec le SMIC à 20 euros, on pourra fourguer des jouets aux Chinois, on fabriquera des ordinateurs de pointe qu'on vendra aux Japonais et des montres de luxe qui écraseront la concurrence suisse...), à la modernité occidentale, au "progrès international", blablabla.

C'est bien connu, n'est-ce pas, la France a tous les défauts, surtout celui de vouloir continuer d'exister et d'être elle-même, de conserver ses particularismes. C'est bien connu, n'est-ce pas, il est tellement plus efficace de se nier soi-même et de se fondre dans le grand moule gris du consumérisme et de l'abandon de toutes les valeurs traditionnelles...

Les libéraux sont décidément des communistes de marché.

Mais surtout, des aveugles :

http://lachute.over-blog.com/

Vous vous êtes trompé de crèmerie, Roberto.

Ici, vous êtes rangé dans la catégorie des ennemis.

Écrit par : Boreas | 12/06/2013

Merci Boréas de votre réponse,
Juste quelques précisions:
Mon texte n'est nullement une éloge du monde actuelle ("malins et marchands", "turpitudes du progrès international" ne sont pas des termes inspirants), mais le constat d'un rapport de force, entre d'un coté une France qui face à un monde matérialiste qui ne lui parle pas revient sur ses belles racines (je sais bien que vous appuyez ce mouvement), et de l'autre ce monde moderne, méprisable à bien des égards par sa négation de la beauté humaine dont nombre des valeurs furent révélées par la civilisation de la Grèce antique, mais à mon sens bien plus fort, et rapide car libre de racines. D'où une perte de vitesse, un isolement, un appauvrissement de ce pays au fond noble, qui m'apparait inévitable.
Je ne défends pas une position ni de propose de solution (si ca vous parle je me reconnais dans la définition de l'anarchiste de droite) mais anticipe une tendance sur laquelle je n'ai pas la naïveté de prétendre influer, ni même le souhait d'ailleurs.
Je me suis invité chez vous pour participer à une conversation et apporter un point de vue différent du votre, parce que votre blog me plait. Maintenant si vous souhaitez me cataloguer comme "ennemi", que ca soit pour cette réalité, pas en me lisant comme un libéral, ce que je ne suis pas du tout.
Bien à vous,

Roberto

Écrit par : Roberto | 12/06/2013

Bah, je retire ennemi, alors.

Juste dandy, comme dirait Carine, ou boulet. Défaitisme, esthétisme, nostalgie, tour d'ivoire.

[J'] "anticipe une tendance sur laquelle je n'ai pas la naïveté de prétendre influer, ni même le souhait d'ailleurs."

Bref, vous ne servez à rien, sauf à démoraliser encore plus ceux qui sont tentés, comme vous, de croire à l'inéluctabilité de la pourriture généralisée.

Je vous souhaite un bon suicide, élégant et noble, avec tous les débatteurs de l'inutile.

Écrit par : Boreas | 12/06/2013

Diantre. Tout d'ivoire? oui. Défaitisme? que nenni, je suis en paix. Inutile? Comme tout le monde certes, mais cela dépend pour qui ou pour quoi. Suicide? Quelle drôle d'idée, la vie est splendide et généreuse, loin des borborygmes de la foule. Le lendemain? Oui, je suis heureux, privilégié sans aucune honte (je vis sous un soleil brillant, bien loin de France), assez immune à ces spasmes qui agitent la planète, et plutôt préparé aux pires possibles (ce qui explique aussi comment je me suis retrouvé sur votre blog).
Décidément, chacun est irrémédiablement prisonnier de sa vue, et de mon coté je ne suis ni révolté ni en colère. Cela dit, comme vous le diriez vous-même ou à peu près, vous êtes un type bien, donc je vous souhaite sincèrement bonne chance dans votre projet.
Au plaisir de vous relire.

Roberto

Écrit par : Roberto | 12/06/2013

"chacun est irrémédiablement prisonnier de sa vue, et de mon coté je ne suis ni révolté ni en colère"

Les apparences sont trompeuses :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/09/02/pourquoi-nous-vivons.html

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/07/22/encore-un-moment-monsieur-le-bourreau.html

Vivre implique de se désidentifier pour se réidentifier ponctuellement, c'est un exercice sur plusieurs plans, à plusieurs niveaux simultanés.

Mais cela implique aussi de se battre pour ce que l'on aime et pour ce à quoi on doit quelque chose.

Si on n'a pas envie, on n'est pas en vie.

---------------------

"ce monde moderne à mon sens bien plus fort, et rapide car libre de racines"

Un arbre sans racines est mort.

L'apparence d'énergie engendrée par l'agitation n'est qu'une illusion. Vous prenez pour de la force la dispersion et l'épuisement du carburant, uniquement matériel, que gaspillent la pseudo-civilisation occidentale et ses imitateurs partiels, en pleine autodestruction :

http://dedefensa.org/

Le monde moderne est déjà mort.

Écrit par : Boreas | 12/06/2013

> Un arbre sans racines est mort.
Mon postulat est que au niveau géopolitique, la démographie (tx de natalité et jeunesse de la population) est plus forte que ces racines (qui bien sûr permettent de mieux prendre les bonnes directions).
Bref, qui vivra verra.

Écrit par : Roberto | 14/06/2013

Boréas

As-tu lu ce texte de Dominique Venner :

http://1000tempetes.free.fr/venner_critique_positive.pdf

présenté par Hanoho ici :

http://bellver.wordpress.com/2013/06/08/pour-une-critique-positive-le-vrai-testament-de-dominique-venner/

?

Il y a des passages que l'on jurerait écrits pour les nationalistes actuels:

"Les « nationaux » qui utilisèrent le mot « révolution » sans en connaître la signification, croient au « sursaut national » spontané ! Ils croient également que « l’armée bougera »… Confiants dans ces deux rêves irréalisables, considérés comme des remèdes-miracles, ils ne conçoivent pas la nécessité d’éduquer des partisans au moyen d’une doctrine juste expliquant les causes de la décadence occidentale, proposant une solution et servant de gouvernail à la pensée dans l’action."

"Les raisons qui poussent les « nationaux » à nier la nécessité des idées dans le combat politique, les poussent à nier la nécessité de l’organisation. Leur action est viciée par des tares qui expliquent tous leurs effondrements."

"Avant de songer à définir quoi que ce soit de constructif, cette critique des tares « nationales » est indispensable. Certains, par manque de maturité politique, pourront ne pas la comprendre. Ceux qui ont tiré les leçons de leur propre expérience en ont admis au contraire la nécessité. La révolution n’est pas l’acte de la violence qui parfois accompagne une destitution de pouvoir. Ce n’est pas non plus un simple changement d’institutions ou de clan politique. La révolution est moins la prise du pouvoir que son utilisation pour la construction de la nouvelle société. Cette tâche immense ne peut être envisagée dans le désordre des esprits et des actes. Elle nécessite un vaste outil de travail de préparation et de formation. Le combat « national » s’enlise dans des ornières vieilles d’un demi-siècle. Avant toute chose, une nouvelle théorie révolutionnaire doit être élaborée."

"Il est toujours possible d’agir, il est moins facile de réussir. Surtout dans une lutte révolutionnaire, combat à mort contre un adversaire tout-puissant, madré, expérimenté, qu’il faut combattre plus par les idées et l’astuce que par la force. Il est cependant fréquent d’entendre opposer l’action et la pensée. C’est croire à la spontanéité de l’action révolutionnaire…"

"Rien n’est moins spontané que la conscience révolutionnaire. Le révolutionnaire est entièrement conscient de la lutte engagée entre le Nationalisme, porteur des valeurs créatrices et spirituelles de l’Occident et le Matérialisme sous ses formes libérales ou marxistes. Il est libéré des préjugés des préjugés, des contre-vérités et des réflexes conditionnés par lesquels le régime se défend. L’éducation politique qui permet de s’en affranchir s’acquiert par expérience personnelle, bien sûr, mais surtout à l’aide de l’enseignement que seule l’étude permet de dégager. Sans cette éducation, l’homme le plus courageux, le plus audacieux, n’est plus qu’une marionnette manipulée par le régime. Au gré des circonstances celui-ci tire les ficelles qui régleront son comportement. Ficelle patriotique, anticommunisme aveugle, menace fasciste, légalisme, unité de l’armée, etc.. Par une propagande permanente à sens unique, à laquelle chacun est soumis dès l’enfance, le régime, sous ses multiples aspects, a progressivement intoxiqué les Français. Toutes les nations à direction démocratique en sont là. Tout esprit critique, toute pensée personnelle sont détruits. Il suffit que soient prononcés les mots-clefs pour déclencher le réflexe conditionné prévu et supprimer tout raisonnement. La spontanéité laisse subsister le réflexe conditionné. Elle ne conduit qu’à la révolte, si facile à désamorcer ou à détourner par quelques concessions de surface, quelque os à ronger ou quelques changements de décor. Ainsi fut-il maintes fois avec les Français d’Algérie, l’armée et les « nationaux »."

Etc…Etc… Il n'y a rien à jeter…

Il ne semblait guère croire en la spontanéité du soulèvement, ni au bénéfice que l'on peut tirer d'une non-organisation structurée.

Écrit par : Carine | 12/06/2013

Carine

Oui, je connais ce texte, qui après cinquante ans a conservé bien des mérites mais est quand même très daté, aussi.

Contexte : Trente Glorieuses, début de la Cinquième République, gaullisme, guerre froide, menace communiste contenue, fin de la guerre d'Algérie, quasiment aucune immigration, aucune alternative médiatique (Internet n'existe pas, l'information est monopolistique), américanisation et consumérisme galopants, montée du confort, une société sans conflits avec la guerre à l'extérieur.

Bref, une situation pas idéale pour envisager une révolution.

Tout le contraire d'aujourd'hui, où tout va mal et où la guerre (pas sous forme militaire, mais morale, économique, sociale) s'insinue partout, non pas à l'extérieur du pays mais en France même, et où la conscience d'un réel menaçant et dangereux se propage d'autant plus vite au sein du peuple que celui-ci a très majoritairement accès à des moyens alternatifs de diffusion de l'information.

La Manif Pour Tous, non seulement dans son objet mais aussi dans son organisation (mouvement parti de la base, "spontané" justement ce qui était inenvisageable en 1961), montre que nous sommes arrivés à un premier tournant. Il manque encore les deux autres "fleuves sociaux", comme dit Henri Hude, pour permettre d'envisager le second.

Quant à l'élite révolutionnaire dont parle Venner, ce qu'il disait a gardé toute sa pertinence, même si l'Histoire a montré que le concret n'a pas répondu à ses souhaits. Le problème est le même aujourd'hui et là est la grosse difficulté.

A noter, que Venner distingue, grosso modo, les droitards libéraux (qu'il appelle les "nationaux") des révolutionnaires (au sens large) qu'il baptise "nationalistes" et dont il précise qu'il faut les envisager comme européens.

Européens et donc, à ne pas confondre avec les nationalistes français anti-européens ou "étroits" qui n'ont rien compris à la nécessité d'une Europe des nations. Malheureusement, ce sont eux qui définissent le nationalisme en France aujourd'hui, c'est pourquoi d'ailleurs je ne suis pas nationaliste, en ce sens.

Cette distinction entre "nationaux" (les "réacs" d'aujourd'hui) et révolutionnaires français et européens est tout à fait fondamentale pour se dégager d'une des principales ambiguïtés de la "mouvance", laquelle est une véritable auberge espagnole, source de malentendus et surtout, comme le soulignait Venner, d'une absence de ligne commune (il parlait de "doctrine", mot de son temps) et donc, d'une redoutable inefficacité. Eh oui, on ne construit rien de bric et de broc.

C'est pourquoi, avant même de parler d'action, il est important d'apprendre à trier, et donc d'abord de comprendre qui est susceptible d'agir, de travailler.

Écrit par : Boreas | 12/06/2013

"Si on n'a pas envie, on n'est pas en vie."
Tu as le sens de la belle formule qui parle, Boréas.

Écrit par : Carine | 12/06/2013

Toi qui aimes les mots, Carine, cadeau :

http://langue.des.oiseaux.free.fr/

Écrit par : Boreas | 12/06/2013

"Si on n'a pas envie, on n'est pas en vie."

Vivre c'est vouloir.

Et ne pas savoir ce qu'on veut c'est être à moitié mort. C'est être au pied de la lettre un mort-vivant. Un zombie.

Écrit par : Jean-Pierre | 13/06/2013

Tout à fait d'accord avec vous!

Écrit par : Imperator. | 14/06/2013

Cette idée de la convergence des 3 fleuves sociaux ( anti libéraux économiques , anti libéraux politiques , patrons et entrepreneurs) est d'une imporatance capitale .

Il y a déjà quelque temps que Michéa plaide pour la reconnaissance d'un seul libéralisme présentant 2 faces pour mieux diviser ses opposants entre "gauche" et "droite" .

Il s'agit de faire de même entre les couches populaires économiquement opprimées par l’ordre libertaire et les patrons/entrepreneurs . Mais le "vrai" patron responsable sur ses deniers , pas le manager mercenaire qui passe de boite en boite. Qu'il y a til de commun entre eux , entre le PDG d'une PME de - 20 personnes qui se sert un salaire net de 4250€ ( 4 fois que celui de son ouvrier) et Carlos GHOSN .
http://www.atlantico.fr/pepites/carlos-ghosn-gagne-313-fois-plus-qu-dirigeant-pme-639872.html

L'oligarchie est très forte pour créer des fausses oppositions ,mais aussi des fausses solidarités . Le Medef est censé représenter toutes les entreprises , la bonne blague....
Identiques vraiment , la PME taxée à 30-35% sur ses bénéfices et la multinationale optimisée fiscalement à 8% ?

Il faudrait s'organiser pour favoriser l'émergence d'une alliance des producteurs , à l'image de ce qui a existé en Italie du Nord et qui a faisait le succès électoral de la Ligue.

". Dans les départements du Nord-Est situés juste au sud des Alpes, entre le lac de Garde et la Slovénie, des milliers de petites entreprises manufacturières constituent son terreau électoral. Il s'agit d'un capitalisme de masse : dans certaines communes, on compte une entreprise tous les quatre habitants. Dans ce contexte, le «travaillisme» de la Ligue s'est structuré autour de l'alliance entre patrons et ouvriers dans la perspective de défendre le monde de l'usine face à la désindustrialisation et à la compétition internationale"


http://www.lefigaro.fr/debats/2008/04/18/01005-20080418ARTFIG00707-la-ligue-du-nord-artisandu-succes-de-la-droite-en-italie.php


La troisième confluence entre les familles et les entrepreneurs devrait être plus aisée parce qu'elles appartiennent souvent au même univers mental.

Écrit par : alain21 | 14/06/2013

En complément à mon message , on peut visionner le film documentaire de Gilles PERRET
"Ma mondialisation" qui décrit le parcours d'un patron d'une grosse PME en prise avec les mécanismes du capitalisme financier.

Cet film a été réalisé par un militant de gauche , mais sans manichéisme. Frédéric Lordon vient y apporter une réflexion plus théorique . Cette entrevue a été publiée sur ce blog .

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2012/09/07/quand-frederic-lordon-expliquait-la-mondialisation-2006.html


"L'histoire :
Fonds de pension, délocalisation, mondialisation font désormais partie de notre langage quotidien, mais demeurent des notions abstraites, souvent angoissantes. À travers le regard plutôt «atypique» d’un chef d’entreprise de la vallée de la mécanique de précision en Haute-Savoie, le film raconte cette phase récente du capitalisme dominé par des mécanismes financiers «globaux» et implacables. Victimes de leur succès, toutes les plus grosses entreprises de la vallée ont déjà été rachetées par des sociétés financières dont l’unique souci est la rentabilité maximale dans des temps records. Une illustration parfois drôle, et le plus souvent cruelle, du choc des cultures entre l’industrie et l’univers de la finance.

A elle seule, l’histoire de cette vallée raconte toute l’histoire récente du capitalisme. FRÉDÉRIC LORDON Economiste

http://www.filmsduparadoxe.com/mondialisationcat.html "

On peut aussi chercher les videos relatives à "ma mondialisation" (Gilles Perret) dans un moteur de recherche bien connu .

Il y a un lien vers RuTube pour la totalité du film mais cela ne semble pas fonctionner , en tout cas chez moi :-(
http://rutube.ru/video/62e3c3ac3ac84c0b231e473d8895cfb0/

Écrit par : alain21 | 19/06/2013

Très juste, Alain.

D'ailleurs la droâte nationâle, comme la gôche, est souvent la première à tomber tête baissée dans les panneaux des fausses oppositions :

- privé-public ("libéralisme-étatisme", selon le jargon des droitards libéraux ; "capitalisme destructeur - service public vertueux", selon celui des fonctionnaires avantagés et syndiqués de la SNCF par exemple),

- patron-salarié (opprimé-profiteur, quels que soient les salaires et la taille de l'entreprise, comme vous le soulignez ; à gôche on renverse les termes),

... et les fausses solidarités :

- entre "travailleurs" (quel rapport entre un artisan maçon ou un ingénieur expert travaillant 70 h par semaine, et un clampin glandouilleur émargeant au Ministère de l'Inculture ?),

- entre "entrepreneurs" selon les droitards libéraux, comme vous le dites (quel rapport entre Carlos Ghosn et un menuisier-charpentier employant 2 ou 3 personnes ?)

Les artisans en France sont rarement degôche, mais encore souvent dupes de l'UMP, tant en raison de ses éternelles et trompeuses promesses que de la confusion médiatiquement entretenue entre libéralisme et liberté d'entreprendre, comme entre Etat fort et étatisme écrasant.

Pour que les petits entrepreneurs se radicalisent, il va falloir que la crise économique s'aggrave et que l'UMP ne puisse plus apparaître comme un moindre mal.

Écrit par : Boreas | 14/06/2013

La démarche de jean Lassalle est très intéressante.

http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/le-depute-centriste-jean-lassalle-lance-un-cri-d-alarme-sur-la-colere-populaire-14-06-2013-2896395.php

Il a marché pendant deux mois sur les routes de France, en écoutant tout ce que lui racontaient ceux qu'il croisait.
Je ne suis pas encore allé voir ce qu'il en ressort de son site du genre "cahier de doléances"

Écrit par : Popeye | 14/06/2013

Je ne sais pas qui a pris cette photo, mais c'est une réussite! Elle résume bien ce qui se passe en ce moment. Les "veilleurs" assis manifestent pacifiquement et dans la bonne humeur; les forces de l'ordre qui les entourent sont presque menaçant - impression renforcée par le clair-obscur. On tente de maintenir la colère du peuple.... Et enfin en arrière-plan, un bâtiment un peu trop éclairé - un des gachis de notre société de CONsommation....

Et merci @Carine pour le texte limpide, et qui n'a hélas pas pris une ride malgré le changement de contexte, de D Venner.

Écrit par : Imperator. | 14/06/2013

J'ai lu en diagonale, il manque le prolétariat massacré par la mondialisation non?

Écrit par : Three piglets | 14/06/2013

Il ne manque rien, c'est justement ce qui fait l'intérêt de ce texte évoquant " trois grands fleuves sociaux".

Avant-dernier paragraphe :

"La prise de conscience des familles n’est que le début d’une prise de conscience nationale demain unanime. Celle-ci va se produire lorsque conflueront L'INDIGNATION DES COUCHES POPULAIRES ECONOMIQUEMENT OPPRIMEES PAR L'ORDRE LIBERTAIRE, et la ferme détermination des familles culturellement opprimées, par ce même ordre libertaire. Se rajouteront en outre à ces deux forces la résistance des patrons et des entrepreneurs écrasés par l’ordre fiscal et administratif, qui constitue un véritable système de privilèges au bénéfice de l’oligarchie libertaire."

Plus haut, il écrit :

"Le combat pour le mariage, L'EMPLOI ET L'ENTREPRISE DANS LES TERRITOIRES, la lutte contre une idéologie tyrannique (d’égoïsme radical libertaire et amoral - ou plutôt, dont l’immoralité militante est devenue une morale paradoxale), tels sont les trois piliers de ce mouvement qui lutte aussi pour les droits humains fondamentaux."

Écrit par : Boreas | 14/06/2013

@Boreas

"quel rapport entre Carlos Ghosn et un menuisier-charpentier employant 2 ou 3 personnes ?"

La réponse est "313 .....................fois le salaire " ;_)

voir l'article d'Atlantico

Écrit par : alain21 | 14/06/2013

Tout le monde il est révolutionnaire.

Même le pape. :-)

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/06/aujourdhui-un-chr%C3%A9tien-sil-nest-pas-r%C3%A9volutionnaire-nest-pas-chr%C3%A9tien.html

Écrit par : Boreas | 19/06/2013

Le salon beige donne l'identité complète de #Nicolas (condamné à 4 mois dont 2 ferme écroué à l'issue de l'audience ainsi que l'adresse à laquelle on peut envoyer des messages de soutien )

Ecrivez à Nicolas

Nous pouvons écrire personnellement à cette adresse :

"M. Nicolas BERNARD BUSS"

404 247 // D-4

M.A de Fleury

7, avenue des peupliers

91 700 FLEURY-MEROGIS"

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/06/ecrivez-%C3%A0-nicolas.html

Écrit par : alain21 | 20/06/2013

Cela faisait un moment que je n'étais pas allé sur le Salon Beige"

Et puis il y a eu la manif de dimanche dernier et j'ai eu envie d'avoir un autre son de cloche que celui des média de "révérence" .

A ce propos , les commentaires de ces média sur la MPT étaient insupportables : quelle prétention à vouloir toujours être cette avant-garde autoproclamée qui s'extasie devant ce progrès immense de la civilisation qui est de permettre que des enfants sient des orphelins de père par essence...

J'en donc reviens à la MPT et au "Salon Beige"

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/10/de-la-manif-pour-tous-%C3%A0-la-la-lutte-contre-le-taftattip.html

Je fus quand même étonné de lire une critique (certes mesurée ) du libéralisme et encore plus de libéraux-conservateurs ( ce que vous appelez , je crois , les droitards libéraux" )

" libéralisme professé par la partie "droite" de l'UMPS n'était pas absolument incompatible avec cette marchandisation libre sur le marché libre :
"pour certains esprits libéraux qui se veulent cohérents, la PMA et surtout la GPA sont des marchés comme les autres, et fort rentables de surcroît"
So what ? Et alors ?
Alors il serait temps de prendre conscience du danger effroyable que le tsunami TAFTA/TTIP fait peser sur la famille, la France, la vie en général, et de faire de ce sujet un élément essentiel du combat, des argumentaires."

Cette prise de position contre le traité TAFTA/TTIP est encourageante ....Peut être que l'on pourrait assister (enfin) à la confluence attendue des 3 fleuves définis par Henri Hude.

Écrit par : alain21 | 08/10/2014

En parlant de convergences nécessaires , un article intéressant sur le site du "Cercle Non Conforme"

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/10/19/vers-une-necessaire-convergence-de-luttes-5471949.html

J'y suis d'autant plus sensible que j'ai choisi de combattre le libéralisme en militant dans un syndicat très à gauche.Je reconnais moi même que ce combat n'est dirigé que sur le libéralisme économique et qu'il peut apparaître comme hémiplégique. Mais à l'intérieur d'une entreprise , c'est la face économique du Janus libéral ( à moins qu'aux statues , vous ne préfériez la médaille chère à Michéa ;-) ) que l'on risque de rencontrer.

Écrit par : alain21 | 23/10/2014

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