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15/11/2013

Convergences tactiques vs abstractions idéologiques

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« Les événements bretons font beaucoup parler et, de façon amusante, à gauche comme à droite.

Lorsqu’un mouvement échappe au contrôle des Parisiens et de leurs états-majors, il suscite la méfiance et forcément appelle sur lui une stigmatisation sans pitié. Le plus divertissant de ce dégoût exprimé par le sérail des beaux quartiers est probablement à lire à gauche : non parce que la gauche est moins tolérante que la droite, mais parce que son embarras vis-à-vis d’une rébellion spontanée permet, comme une étude de cas, de mesurer toute l’ambiguïté de la notion de "mouvement social" tant aimée par les révolutionnaires du dimanche. Lorsqu’un "mouvement social" survient, on découvre subitement que ceux qui l’appelaient de leurs voeux le trouvent beaucoup moins pittoresque que dans leur imagination. On veut bien la Révolution, mais à condition d’en choisir le contenu et les acteurs, et de pouvoir la désavouer si elle nous échappe ou nous déborde par la droite. Sans mauvais jeu de mots. (...)

Ainsi, au moment même où les députés débattaient de la généralisation de la complémentaire santé par un mode de distribution qui nourrit les organisations syndicales (les accords de branche), la CFDT écrivait : "Condamnant la violence de la manifestation du 26 octobre, la CFDT Bretagne et le syndicat CFDT de l’agroalimentaire Bretagne refusent l’instrumentalisation de la légitime inquiétude des salariés et des entrepreneurs de la région".

La CFDT ne fut évidemment pas la seule à prendre ses distances. La CGT a pour sa part écrit un communiqué triomphaliste sur la manifestation de Carhaix : "Tandis que les médias n’avaient d’yeux que pour les bonnets rouges rassemblés à Quimper samedi dernier, les organisations syndicales bretonnes de la CGT, FSU, Solidaires réussissaient à rassembler 3.000 salariés à Carhaix pour contribuer à faire un choc de clarification face aux manipulations opérées par le patronat, ainsi que par des forces politiques". Surtout, ne soupçonnons pas la CGT de participer à une révolution, qui est forcément une manipulation patronale.

En soi, cette prise de distance est révélatrice du fossé qui s’est creusé entre les "officiels" de la Ve République, transis d’admiration pour des mouvements sociaux idéalisés et pour ainsi dire abstraits, d’un côté, et le pays réel, de l’autre, qui mélange allègrement les forces et les classes pour mener des opérations tactiques d’une efficacité redoutable. Le mouvement breton constitue là encore un objet d’analyse passionnant : il illustre un basculement de la société française dans une forme de conflictualité qui n’est plus contrôlée par le pouvoir en place. (...)

Statistiquement, il est (...) possible d’objectiver le malaise breton en mettant en exergue le sentiment de déclassement et de fragilisation qui explique une bonne part de la révolte à laquelle nous assistons. Il y a bien un sujet de classe sociale en Bretagne.

Faut-il en déduire que le mouvement breton est un "mouvement social" au sens où la gauche traditionnelle l’entend, c’est-à-dire l’expression d’une réaction du prolétariat contre la domination dont il est victime ? Probablement pas, puisque sa force provient de l’alliance tactique passée entre forces de gauche et forces de droite, forces patronales et forces salariales.

Précisément, l’action bretonne nous délivre un enseignement plutôt intéressant : non, la Révolution ne naît [pas] d’une action unilatérale d’une force sociale contre les autres. Elle naît plutôt de la convergence tout à fait transitoire et brinquebalante, tout à fait accidentelle et circonstancielle, entre des forces souvent opposées, mais qui se découvrent un intérêt temporaire commun. Ajoutons que, s’agissant de la Bretagne, cette convergence s’appuie sur une identité politique forte (la lutte millénaire qui oppose Bretons et "Francs") et sur des relais d’opinion structurés, qui permettent à cette convergence d’exister.

Ces quelques ingrédients sont à mûrir longuement pour une reproduction éventuelle de la recette. »

Eric Verhaeghe

13/11/2013

Marine Le Pen contre la dissidence française

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Marine Le Pen sur i-Télé, le 11 novembre 2013.

Comme d'habitude, comme au sujet de la Manif Pour Tous, nous avons eu droit à la langue de coton politicienne de MLP (« je ne suis pas magistrat », et encore plus absurdement : « ce n'est ni le lieu, ni le moment », etc.), pour ne surtout pas déplaire, pour ne surtout pas perdre une voix.

Objectivement, néanmoins, ce discours boisé s'apparente à un désaveu. Quand on ne soutient pas ses propres électeurs, quand on ne soutient pas les Français en révolte contre les réformes iniques mises en place par le Régime, qu'il s'agisse de la contestation du mariage par derrière et surtout de l'impact de la théorie du genre sur les enfants, ou de la lutte économique et sociale contre une fiscalité de plus en plus écrasante, pour la survie de son activité et de sa région comme dans le cas des Bonnets Rouges bretons, on est concrètement contre, on soutient en réalité le système de domination.

Un fait de plus à ajouter à la démonstration du conformisme du FN et de sa dirigeante.

Ceux-ci ont beau vitupérer l'UMPS et être présentés (surabondamment, tout en leur donnant sans arrêt la parole : bizarre, non ?) par l'officialité politico-médiatique comme une menace, à l'instar du Goldstein de « 1984 », ils ne sont clairement qu'un élément déguisé, trompant ses électeurs, du grand parti unique, oligarchique et soi-disant pluraliste.

Pas de différence entre PS et UMP, mensonge de toutes leurs alternances électorales, pas de rupture possible avec le FN non plus.

Alors, à votre avis, quelle voie va trouver la contestation qui bouillonne ?