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17/09/2014

Indispensable lustration

 

Antoine Arjakovsky sur la crise ukrainienne :

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[...] les raisons pour lesquelles la Russie a voulu déstabiliser l’Ukraine. L’analyse que je développe dans mon livre est que les causes politiques, économiques et militaires classiques sont insuffisantes pour répondre à cette question. La résurgence du nationalisme contredit en effet le souci du président V. Poutine de créer une union eurasiatique. Le Donbass et la Crimée n’apportent pas grand-chose au plan économique à la Russie. Et, malgré ce que l’on croit, la Russie disposait, à part le port de Sébastopol, d’autres accès à la mer Noire. Le vrai ressort de cette guerre est donc fondamentalement de nature mythologique. Il a trait à l’identité de la nation russe. Or en ce cas seul un traitement théologico-politique du problème permet de trouver des issues de paix. Car malheureusement le patriarche Kirill Gundyaev, avec son discours sur le « monde russe » est largement responsable des errances mythologiques du Kremlin.

Dans quelle mesure le spectre du communisme continue-t-il de peser sur les relations russo-ukrainiennes ?

Les politologues du monde entier se sont empressés en 1989-1991 de déclarer la mort du communisme. C’était ici encore prendre ses désirs pour la réalité. En réalité, la structure de l’organisation administrative de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie a très peu changé par rapport à la période soviétique. On trouve encore quantité de statues de Lénine dans ces pays. Le mausolée de Lénine trône encore sur la place Rouge à Moscou. Et Staline reste un des plus grands personnages des manuels d’histoire. Le malheur de ces pays est qu’il ne s’est pas trouvé de génération suffisamment instruite et déterminée pour instruire le procès du communisme dans les années 1990-2000. Or ces pays n’ont pas d’alternative. Soit ils suivent le chemin de leurs voisins polonais ou baltes et ils mettent en place une véritable politique de lustration des crimes du communisme. Soit ils continuent à faire semblant de croire que ce travail est impossible et ils seront confrontés à une nouvelle mutation de la mythologie totalitaire.

Mais pour prendre conscience de cette alternative, ils doivent au préalable intégrer une idée simple : le mythe est indissociable du concept, pour comprendre la vie des nations. Négliger la puissance du concept et de la réflexion historique est aussi inconséquent que de mépriser la soif de justice et la quête identitaire des nations. En d’autres termes, il faut aujourd’hui que les historiens des pays concernés écrivent ensemble une histoire réconciliée en n’omettant aucun sujet épineux. Car, même si ce travail est douloureux, seule la vérité existentielle, historique et spirituelle donne le courage de comprendre, de pardonner, et d’accéder enfin au bonheur insouciant.

Source

A noter qu'en Ukraine, la loi de lustration qui vient d'être votée par le Parlement comportait, dès le stade du projet, de sérieuses lacunes. La version finale est encore plus lacunaire, puisqu'elle épargne notamment tous les élus, les juges à la Cour Constitutionnelle... Mais disons que c'est un début.

Et Poutine, il en dit quoi ? La lustration en Russie, c'en est où ? Nulle part ? Ah.

04/07/2014

Ukraine : unité nationale

L'excellent Denys Kolesnyk me fait découvrir Antoine Arjakovsky, un historien d'origine russe, ukrainienne et biélorusse, auteur d'un livre qui vient de paraître, intitulé « Russie-Ukraine : de la Guerre à la Paix ? », qui est le « premier livre dans le monde à être publié sur le Maïdan de cette année et à analyser les causes du conflit tout en proposant des scénarios de paix [ainsi qu'à] à dénoncer la guerre de l'information et la guerre psychologique que mène actuellement la Russie contre l'Ukraine ».

En attendant de lire ce livre, j'ai trouvé des vidéos d'Antoine Arjakovsky, la première remontant au 25 février dernier, soit juste après la destitution et la fuite de Ianoukovitch. Il s'y exprime à partir de 3' 00" :

Je ne partage pas la sympathie de M. Arjakovsky pour le premier ministre ukrainien Iatseniouk, que j'estime être en réalité l'émanation ripolinée de l'oligarchie ukrainienne antérieure au Maïdan, en affaires avec les oligarques et mafieux russes ; oligarchie, toujours présente et soucieuse avant tout de ses propres intérêts.

Néanmoins, son avis et surtout, les nombreuses informations qu'il apporte, sont intéressants. Je souligne que cet homme manifestement intègre et sincère fait beaucoup pour le rapprochement entre catholiques et orthodoxes, ce qui, en Europe de l'Est, est un facteur d'unification aussi puissant que l'inverse a pu être - et est malheureusement encore - un motif de division.

Deux autres vidéos notables (datant respectivement de fin mars et début février 2014) :