15/05/2012
Février 1800 : naissance de la Banque (PRIVÉE) de France
Cette vidéo du grand historien français Henri Guillemin (1903-1992) reprend une de ses émissions Les dossiers de l’Histoire, diffusée le 23 mars 1968 par la Télévision Suisse Romande.
A partir de 19'00 environ, vous y apprendrez comment, en réalité, a été fondée cette fameuse Banque de France que d'aucuns idéalisent aujourd'hui comme véhicule de notre souveraineté monétaire, à condition qu'on abroge la loi de 1973, etc.
Vous constaterez qu'en réalité, il s'agissait bel et bien, dès l'origine, comme le confirme le site Hérodote, d'une banque privée. Cent treize ans avant la Fed.
Pour ceux que cela intéresse de creuser la question, les Mémoires de Mollien qu'évoque Henri Guillemin sont consultables ici.
La vie du banquier suisse Perregaux, premier Régent de la Banque de France, est également intéressante à étudier.
00:37 Écrit par Boreas dans Economie, Histoire, Stratégie | Lien permanent | Tags : napoléon, bonaparte, février 1800, banque de france, privée, naissance, henri guillemin, les dossiers de l'histoire, souveraineté, monétaire, monnaie, fed, loi de 1973 | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Il me semblait que la BdF a été nationalisée (ainsi que les grandes banques de dépôt Crédit Lyonnais , Société Générale ) en décembre 1945 par le GPRF dirigé par Charles de Gaulle .
Écrit par : alain21 | 15/05/2012
Alain
Nationalisée, comme les grandes banques de dépôt, certes. Moyennant l'indemnisation des actionnaires. Et après une période dont on peut se demander très sérieusement si l'abaissement de la France n'a pas été voulu :
http://www.scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=169:le-choix-de-la-defaite-annie-lacroix-riz-&catid=50:histoire&Itemid=55
Mais en tout cas, ces banques n'ont pas été nationalisées, comme on pourrait le croire, au profit du peuple français dans son entier, malgré les belles déclarations gaulliennes :
http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky-62/article/des-nationalisations-aux-6457
(oui, je sais, la source, c'est LO - mais ce texte très largement factuel est tout simplement intéressant et il n'est pas nécessaire de partager l'idéologie de ses rédacteurs pour en faire son profit)
Ephémère nationalisation des banques, suivie, à partir de 1956, de déréglementation favorisant les banques d'affaires, sous le gouvernement "socialiste" de Guy Mollet :
http://antibanque.blogspot.fr/2011/06/le-general-de-gaulle-estimait-que-la.html
... dès le début des années 1960, d'un net désengagement de l'Etat dans le financement de l'économie :
http://excerpts.numilog.com/books/9782749509808.pdf (page 9)
... en 1966-1969, des réformes Debré-Haberer :
http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article12
... et enfin, au début des années 1980, d'une reprivatisation complète du paysage bancaire français et surtout, de décloisonnement-déréglementation-désintermédiation (les "3D" : http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_3D ) :
http://www.les-crises.fr/deregulation-financiere/
Sujet d'actualité, puisque François Hollande vient de se vanter, dans le Guardian du 13 février, du fait que "la gauche a gouverné pendant quinze ans, pendant lesquels elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance" ("the left was in government for 15 years in which we liberalised the economy and opened up the markets to finance and privatisations" http://www.guardian.co.uk/world/2012/feb/17/francois-hollande-uk-city-london )...
A côté de tout cela, la loi de 1973 est anecdotique.
La vérité, c'est que le capital n'a jamais cessé de primer le travail, depuis le XVIIe siècle au moins, époque de la fondation d'une autre célèbre banque privée :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_d%27Angleterre
Écrit par : Boreas | 15/05/2012
Merci de ces précisions ...
Il faut dire que je suis plutôt nul en histoire financière ....
Écrit par : alain21 | 15/05/2012
Je vois que Boréas fait allusion aux foutaises de la stalinienne Lacroix-Riz.
Dommage !
De mon côté, c'est en partie autour de ce genre de littérature que j'ai définitivement compris l'innanité des thèses conspirationnistes qui ridiculisent depuis des décennies la mouvance patriotique.
Pour ceux qui ne le savent pas, ces foutaises sont essentiellement forgées autour des légendes "synarchiques". Pourtant, il a été démontré depuis des décennies que ces assertions ne reposaient que sur un simple malentendu :
Les auteurs de la "charte synarchique d'empire", - reprenant à leur compte en la transformant complètement la charte de gouvernance écrite et rendue publique par Saint Yves d'Alveydre - à l'origine du délire, n'on jamais été ceux qui sont dénoncés dans les torchons de Lacroix-Riz, mais simplement quelques amateurs d'occultisme totalement dépassés par l'ampleur que prendra la rumeur.
C'est exactement le même processus qui fera ensuite naître les légendes de l'Abbé Saunière, du trésor de Renne le Chateau et du Prieuré de Sion.
Pour rappel, trois personnes (Philippe de Cherisey, Gérard de Sède et Pierre Plantard) sont au coeur de cette légende aux échos universels qui a mystifié des millions d'individus dont plusieurs dizaines de scientifiques, chercheurs et historiens, tous plus prétendument sérieux les uns que les autres mais qui se sont chacun auto-asphyxiés par leurs "découvertes".
Ce processus est maintenant très bien connu mais on a vu avec le succès du "da Vinci code" que des gogos sont toujours prêts à plonger dans le panneau et se faire rançonner par celui qui leur apportera de nouvelles "découvertes" sur un plateau ou plutôt dans un livre ...
Le mythe du complot synarchique a suivi le même processus délirant, amplifié par des auteurs issus de tout le sérail politique, d'abord parti de l'extrême-droite pour aboutir à l'extrême-gauche avant finalement de revenir chez nous, quelques ans plus tard.
Comme si, il fallait passser en main communiste pour donner un prétendu gage de sérieux à ce qui n'est que foutaises obsessionnelles et paranoïaques.
Or il avait été constaté par tous les services secrets américains, français et allemands (chacun ayant des raisons historiques et géopolitiques particulières de croire au bien fondé de l'existence d'un tel complot) qui se sont penchés entre 1940 et 1955 sur les éléments factuels en leur possession que ces rumeurs n'avaient tout simplement aucun fondement.
Tout cela est bien démontré dans le livre d'Olivier Dard "La synarchie, le mythe du complot permanent", historien et universitaire spécialiste de l'histoire politique et des rapports politico-financiers de l'entre deux guerres.
De son côté, Annie Lacroix Riz a simplement menti en prétendant avoir découvert de "nouvelles sources" : lorsqu'on consulte ses notes bibliographiques, on s'aperçoit rapidement que ces "nouvelles sources" ne sont que d'interminables répétitions des mêmes rumeurs. Il s'agit en réalité de la déclassification des "notes blanches" des RG vichystes, c'est à dire la transcription des propos d'informateurs qui se contentent de répéter anonymement les hypothèses nées de l'imagination fertile des journalistes collaborationnistes.
Demandez vous maintenant pourquoi les patriotes connaissent moins le nom d'Olivier Dard que les délires d'Annie Lacroiz Riz ...
A moins bien sûr d'imaginer qu'Olivier Dard serait membre du complot, bien entendu mais alors, on recommencerait à marcher sur la tête ...
Écrit par : Jack Merridew | 17/05/2012
Jack, content de vous relire.
Je n'affirme rien s'agissant des thèses de Lacroix-Riz, je me contente de citer un article de Michel Drac consacré à un livre de cet auteur.
Article, dont le propos essentiel n'est pas débilo-complotiste (Drac résume la thèse de Lacroix-Riz avant de la commenter et de la critiquer), mais qui se consacre aux rapports de force entre les acteurs économiques et politiques des années trente et s'interroge sur les intérêts des uns et des autres.
Pour ma part, je n'ai pas lu le bouquin de Lacroix-Riz, ni celui de Dard. Je le ferai à l'occasion, mais j'ai quand même ma petite idée sur le fonctionnement des sphères de pouvoir et d'influence.
A ce sujet, il n'y a absolument pas besoin de "complot" pour expliquer, ce qui était le but de ce billet, que la BdF a été, dès sa création, une banque privée, si bien que les fameuses "200 familles" ne sont pas, justement, un fantasme débilo-complotiste mais une réalité historique ignorée, qui s'inscrit dans une financiarisation déjà ancienne du capitalisme, indissociable de la modernité et illustration d'une domination globale du capital sur le travail qui est, à mon sens, une des grandes causes de tous nos maux.
Écrit par : Boreas | 17/05/2012
Bonjour Boréas,
Je répondrai en plusieurs points :
" Je n'affirme rien s'agissant des thèses de Lacroix-Riz, je me contente de citer un article de Michel Drac consacré à un livre de cet auteur. "
Effectivement, vous n'affirmez rien en ce qui concerne Lacroix-Riz, tant mieux mais je répète qu'il peut être très dommageable de la citer sans la réfuter : c'est comme mettre des allumettes entre les mains d'un enfant avant de partir faire ses courses.
Bon, tous vos lecteurs sont loin d'être des enfants mais le Lacroix-Riz sur papier glacé est bien plus nocif que celui sur papier cigarette.
" Article, dont le propos essentiel n'est pas débilo-complotiste (Drac résume la thèse de Lacroix-Riz avant de la commenter et de la critiquer), mais qui se consacre aux rapports de force entre les acteurs économiques et politiques des années trente et s'interroge sur les intérêts des uns et des autres."
Pour Michel Drac, c'est un peu le même problème.
Je crois même que vous avez vous-même légèrement décroché du propos essentiel de son texte :
Il s'agissait in fine de réutiliser cette thèse en l'appliquant au présent tout en la réfutant de manière lapidaire en ce qui concerne les années 30/40, démontrant ainsi au passage la superficililité de Lacroix-Riz en matière de connaissance de l'histoire des relations économiques internationales.
Or cela me pose néanmoins un problème.
Lorsqu'on propose à la lecture des textes aussi longs, on doit s'attendre à perdre trois quarts de son lectorat potentiel en cours de route, lectorat qui ne saisira finalement pas l'objet essentiel du texte.
Quel processus se mettra alors en place chez ceux-là qui pourraient assimiler le nom de Drac avec celui de Lacroix-Riz ?
Peu importe ceux-là direz-vous ...
C'est là que je suis en désaccord.
Pour prendre un autre exemple qui vous sera plus explicite, je vous félicite tout d'abord pour vos tentatives de démontrer que le clivage politique "droite-gauche" est obsolète dans la réalité des faits.
Cependant, si vous réussissez à force de répétition par convaincre 10% des internautes de cette osbolescence, vous vous trouvez face à ceux problèmes au lieu d'un.
D'un côté, il reste 90% d'individus, une majorité plus qu'écrasante, avec laquelle il faudra trouver un moyen de composer d'une manière ou d'une autre sur d'autres thématiques.
Second problème.
Si la volonté de réinformer son public est noble en soi, elle se trouve rapidement confrontée aux limites posées par ceux à qui elle s'adresse.
Bref, si votre méthodologie comporte des failles, vous n'aurez finalement pas convaincu 10% de votre public mais simplement la moitié d'entre eux. Donc en plus de tenter de composer avec les 90% d'individus qui croient toujours en la réalité du clivage gauche-droite, vous vous retrouvez confronté avec le parasitisme de ceux qui l'auront remplacé par quelque chose de totalement surréaliste, ou plus simplement débilo-complotiste.
Ce sera d'autant plus dangereux s'ils vous citent en vous trahissant ...
Écrit par : Jack Merridew | 17/05/2012
Suite.
" Pour ma part, je n'ai pas lu le bouquin de Lacroix-Riz, ni celui de Dard. Je le ferai à l'occasion, mais j'ai quand même ma petite idée sur le fonctionnement des sphères de pouvoir et d'influence. "
Vous me confortez d'autant plus dans mon idée qu'il était non seulement inutile mais surtout contre-productif de citer Annie Lacroix-Riz ...
Oui, le fonctionnement des sphères de pouvoir et d'influence est bien l'objet démontré. De nombreux auteurs, historiens, sociologues et économistes ou même simples journalistes de tous bords politiques nous ont donné matière à forger nos certitudes.
Certains sont d'ailleurs vraisemblablement répertoriés dans les notes bibliographiques d'Annie Lacroix Riz, ce qui ne les disqualifie a priori en rien même s'ils pourraient être trahis par cette manipulation.
" A ce sujet, il n'y a absolument pas besoin de "complot" pour expliquer, ce qui était le but de ce billet, que la BdF a été, dès sa création, une banque privée, si bien que les fameuses "200 familles" ne sont pas, justement, un fantasme débilo-complotiste mais une réalité historique ignorée, qui s'inscrit dans une financiarisation déjà ancienne du capitalisme, indissociable de la modernité et illustration d'une domination globale du capital sur le travail qui est, à mon sens, une des grandes causes de tous nos maux "
Entièrement d'accord.
Je dirai donc qu'il n'y a absolument aucun besoin de citer Annie Lacroix-Riz pour en être convaincu. Je dirai même que l'ayant lu, je considère qu'il y a toutes les raisons de ne pas la citer ...
Ah en fait, c'est bien ce que j'ai déjà dit auparavant ... ;)
Mon intervention était bien la remise en cause d'une de vos sources bibliographiques secondaires et non de votre démonstration elle-même.
Je préfère donc votre seconde source, le texte de Lutte Ouvrière en gardant néanmoins à l'esprit qu'il n'a pas été signé et ne comporte aucune note bibliographique ...
Je suis incorrigible ! :)
N'oubliez pas que je tire une partie de ma formation intellectuelle et politique d'un auteur pour lequel les sources bibliographiques constituaient parfois un quasi doublement de la longueur du texte et de nombreuses digressions conférencières.
Bon, cela même si son approche actuelle de la climatologie mondiale me laisse plus que perplexe ...
Écrit par : Jack Merridew | 17/05/2012
Jack
Je ne suis pas sûr, mis à part l'intérêt global de son article, que Drac ait voulu réfuter la thèse de Lacroix-Riz "de manière lapidaire en ce qui concerne les années 30/40".
Sinon, il me semble qu'il n'aurait pas écrit, au début de son commentaire : "Telle est la thèse d’ALR. C’est très documenté, et il me paraît probable que ce qu’elle dit est vrai, sinon en totalité, au moins pour l’essentiel."
Et ça, après avoir présenté liminairement l'auteur comme une "historienne fort sérieuse" (tout début de l'article) et paraître ensuite valider l'histoire de la Synarchie... ce que je n'aurais pas fait pour ma part, mais enfin... il a lu le bouquin, pas moi.
Pour le reste, ne vous y trompez pas, je suis moi-même un affreux stalinien :-) , puisque je voisine avec des anciens du PCF en tant que partenaire de ce blog :
http://www.arsin.fr/
Eh oui, la "droite nationale", parfois, ça peut lasser un peu.
Pour finir, l'auteur à multiples sources bibiographiques mais réchauffiste que vous évoquez côtoie RS dans votre formation intellectuelle et politique ? Bigre, faut que je me tienne à carreau, moi ! On ne plaisante pas...
Écrit par : Boreas | 17/05/2012
Hé bien en fait, je parlais de RS lui-même.
Pour ce qui est de sa vision climatologique, je me suis très mal exprimé. Je parlais en réalité d'un de ses récents articles où il évoquait les incendies de forêt ayant ravagé la Sibérie et la Grèce comme autant de possibles actions punitives délibérées contre des états trop peu soumis du point de vue de l'idéologie mondialiste.
Pour moi, c'était trop vite oublier de la part de RS que de tels incendies avaient également éclaté sur toutes la frontière sud-ouest des Etats-Unis, (de mémoire, de multiples incendies avaient ravagé les forêts de la Louisiane à la Californie, jusqu'à menacer la silicon valley) et l'est de l'Australie.
Bref, j'ai parlé de climatologie mondiale alors qu'en fait, je reproche justement à RS de ne pas prendre en compte les réalités climatologiques actuelles et d'user d'inutiles surinterprétations de détails afin de corroborer ses propos.
Bref, il ne s'agissait que d'un point litigieux dans un article d'excellente tenue mais ce point de trop m'a suffisamment déçu pour l'avoir gardé en tête au moment de conclure mon commentaire ...
Concernant Drac, oui vous avez raison : j'avais commencé à lire une première fois son texte il y a quelque temps avant de rapidement le laisser tomber, exaspéré par ses propos appréciatifs envers la prose de Lacroix-Riz au point d'avoir envisagé supprimer le scriptoblog de la liste de mes favoris ...
Lorsque je l'ai repris aujourd'hui à l'endroit approximatif où j'avais arrêté ma lecture, en lisant en diagonale sa mise au point sur la non prise en compte des différentes économies européennes, j'avais déjà oublié que mon courroux était parfaitement motivé et raisonnable.
A la rigueur, à ce moment (lorsque je vous envoyais mes commentaires), j'aurai pu admettre avoir surestimé l'incompatibilité de ma lecture des (fou)thèses de Lacroix-Riz avec les appréciations de Drac.
En réalité, il n'en est rien, il y a bien incompatibilité comme vos rappels à la réalité me le confirment définitivement.
Tout ceci vous démontrera que plus j'estime l'auteur et moins je lui laisse le droit à l'erreur, longtemps rancunier devant le détail en trop chez les uns, oublieux de l'erreur magistrale de jugement chez les autres.
Appréciez alors à sa juste mesure le fait que Merridew ait choisi votre blog pour sortir d'un silence qui aurait dû être définitif. ;)
Écrit par : Jack Merridew | 18/05/2012
En effet Jack, je suis flatté de ce choix.
Concernant RS, dont acte. Je pensais que vous faisiez allusion à AdB, que je trouve bien peu critique vis-à-vis des thèses du GIEC.
Écrit par : Boreas | 18/05/2012
Les commentaires sont fermés.