Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/02/2012

Dans la série « les droitards libéraux » : Christoph Blocher, UDC (Suisse)

Une belle tête de Chevalier Bayard...

 

« Il reçoit dans son château de Rhäzüns dans les Grisons. Il vit dans une vaste demeure à Herrliberg au bord du lac de Zurich. Il collectionne des tableaux de grands peintres. Il a constitué une fortune estimée entre deux et trois milliards de francs. Il a cumulé jusqu’à une vingtaine de mandats d’administrateur, dont l’un auprès de l’ex-Union de Banques Suisses (UBS). Il a fait d’Ems-Chemie une entreprise très rentable. Il a présidé l’Union démocratique du centre qu’il a transformée au point de lui permettre de devenir le parti le plus puissant du pays. Il fut conseiller fédéral. Même s’il s’en défend, Christoph Blocher, qui a joué un rôle central dans la démission de Philipp Hildebrand de la présidence de la BNS, est un homme de l’establishment helvétique. Mais il a toujours pris un malin plaisir à se dresser contre ses membres. D’abord horrifié par les diatribes du tribun à l’égard des siens, l’establishment a fini par l’aduler. "Christoph Blocher est un entrepreneur talentueux. Et il porte en lui quelque chose de rebelle. Nous voulons nous faire entendre à Berne. Si c’est par la voix de Blocher, tant mieux", affirmait en automne 2003 Rudolf Ramsauer, directeur d’EconomieSuisse (l’association faîtière du patronat), quelques semaines avant l’élection de son poulain au gouvernement. La guerre que déclare Christoph Blocher à l’establishment commence lors de la campagne contre l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen. Seul ou presque contre le gotha de la politique et de l’économie, il finit par triompher en décembre 1992. Le même mois, l’ex-UBS annonce qu’elle ne représente pas le Zurichois à son conseil d’administration pour une réélection au printemps 1993. La grande banque le soupçonne de transmettre des informations privilégiées à son ami intime Martin Ebner (dont l’épouse est la marraine du fils de Blocher), qui est monté jusqu’à 10% dans son capital-actions. L’ex-UBS reproche également au conseiller national d’avoir déposé deux postulats contraires aux intérêts de l’institut, bien qu’il en soit administrateur. Le premier demande à l’Etat de limiter à 0,5% la marge d’intérêt des banques dans les affaires hypothécaires. Le second propose de soumettre la politique monétaire à des impératifs politiques. Mais, surtout, la banque ne pardonne pas à son administrateur de s’être opposé violemment à son patron Robert Studer lors d’un débat consacré à l’EEE. Depuis lors, Christoph Blocher ne cesse de critiquer cette élite qui coopte ses membres.

Son combat n’est pas dénué de contradictions. Au contraire, ces dernières sont multiples. Il dénonce la spéculation et les "raiders". Mais c’est un proche de Marcel Ospel, qui a poussé la nouvelle UBS (issue de la fusion entre la SBS et l’ex-UBS) au bord de la faillite, et il réalise de juteux gains grâce à Martin Ebner dont la stratégie consiste à contraindre les multinationales dans lesquelles il investit à doper la valeur actionnariale afin qu’il puisse vendre ses titres au plus haut niveau. En 2002, la réputation de défenseur des petits actionnaires du financier au noeud papillon est définitivement détruite et son empire frôle la faillite. Ce qui révèle en même temps le visage de l’homme avec lequel Blocher s’est si longtemps associé. De même, ce dernier défend avec fermeté le secret bancaire et exige des autorités pénales qu’elles poursuivent les auteurs des vols de données bancaires transmises à des autorités étrangères. Mais il utilise des documents subtilisés à une banque pour faire tomber Philipp Hildebrand. Il figure parmi les thuriféraires de l’ultralibéralisme. Mais il s’élève contre tout durcissement de la législation sur les cartels. Il prône la transparence. Mais il se cache derrière une de ses filles pour investir dans le quotidien Basler Zeitung. Il se bat contre une adhésion de la Suisse à l’UE. Mais il refuse les accords bilatéraux. Derrière tous les assauts que mène Christoph Blocher depuis vingt ans se cache la défense de ses intérêts personnels et politiques. »

Source

« (...) les milieux économiques cultivent la discrétion. Bon nombre soutiennent Christoph Blocher. Parce qu'il est favorable à un Etat maigre, désendetté, et à une législation réduite et simplifiée en matière économique. Parce que, avec Hans-Rudolf Merz, il incarne le libéralisme économique au Conseil fédéral. Parce que, en favorisant un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, il a élargi le champ d'une boussole économique jusque-là braquée sur Bruxelles. Enfin, parce que pour nombre de patrons il est un modèle, parti de rien dans le monde des affaires et couronné de succès.


Mais pourquoi taire ces arguments ? "Certains patrons soutiennent le libéral et admirent le personnage Blocher", relève un observateur. "Néanmoins, ils veulent garder leurs distances avec son étiquette UDC, isolationniste et xénophobe. Par conviction personnelle et pour éviter d'être mal perçus par leur clientèle". (...) »

Source (article signé Ron Hochuli, 25 septembre 2007)

« (...) psychologiquement, la conclusion d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis marquerait une rupture dans la politique économique extérieure de la Suisse. Un accord de libre-échange avec les Etats-Unis pourrait recouvrir la même matière que l'accord de 1972, puis les accords bilatéraux I et II avec l'UE. Ce n'est donc pas tant une question d'incompatibilité que d'équilibre. En signant un tel accord avec son plus important partenaire hors UE, la Suisse marquerait sa différence et indiquerait qu'elle ne se sent pas de communauté de destin avec l'Union européenne. Les pays de l'Est, pourtant choyés par Washington après la chute du Mur, ont choisi l'Europe. En concluant un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, la Suisse ferait également un choix, celui de l'autre camp. D'une certaine manière, ce serait tourner le dos à la perspective d'une adhésion à l'UE. La Suisse affirmerait une vocation atlantiste et universaliste, qui a du reste toujours séduit les milieux économiques, en même temps que les cercles nationalistes Dans son discours de l'Albisgüetli de 1996, Christoph Blocher ne militait-il pas pour l'adhésion de la Suisse à l'Alena, le marché libre qui réunit les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ? (...) »

Source (article signé D.S. Miéville, 24 mars 2005)

« (...) Edgar Bloch : Pour en revenir à nos rapports avec les Etats-Unis, vous aviez suggéré de conclure avec eux il y a quelques années un accord de libre-échange dans le cadre de l’Accord de libre échange nord-américain (ALENA). A la lumière de l’attitude que Washington vient d’avoir avec Berne, était-ce une bonne idée ?

Christoph Blocher : A l’exclusion de l’agriculture, j’y reste favorable, à condition que les contrats passés soient respectés. (...) »

Source (reprenant L'AGEFI du 27 mars 2009)

« La garde rapprochée du tribun zurichois dans le monde de la finance et de l'entreprise

Les cocktails de la jet-set locale et les week-ends à Majorque, ce monde-là n'est pas pour lui. Christoph Blocher affiche trop peu d'estime envers l'establishment économico-politique zurichois pour reprendre à son compte sa manière de fonctionner. A la recherche du réseau qui aurait soutenu dans le monde de l'économie son ascension politique, on réalise que le tribun de l'UDC n'a jamais cherché à tisser sa toile mais a attiré à lui des personnalités.

Martin Ebner

Un premier nom revient avec insistance à l'évocation de son parcours, celui de son camarade d'études Martin Ebner. Le financier zurichois a longtemps appuyé le patron d'EMS-Chemie, le groupe racheté en 1983 par Christoph Blocher, dans son rôle d'entrepreneur. Si les relations d'affaires ont cessé entre eux fin 1997 lors de la vente, avec une plus-value conséquente pour Christoph Blocher, de ses participations dans Pharma Vision (société de participations d'Ebner), les deux hommes sont restés proches. Les récents déboires du financier zurichois ont simplement rendu cette amitié plus discrète.

Walter Frey

Walter Frey marque aussi les liens du leader du parti avec l'économie. Présent pendant quatorze ans au Conseil national sous la bannière de l'UDC, l'héritier des garages Emil Frey s'est retiré de la scène politique en 2001. Importateur de voitures, Walter Frey évolue dans un secteur économique proche d'EMS-Chemie. Le groupe de Christoph Blocher, qui pèse aujourd'hui 2,7 milliards de francs sur les marchés financiers, produit entre autre des matériaux polymères destinés à l'industrie automobile.

Le financement du parti repose encore beaucoup sur Christoph Blocher et Walter Frey, selon nombre d'observateurs. Le budget officiel de l'UDC s'élève pour cette année électorale à 2,3 millions de francs (à distinguer des fonds engagés au niveau local). Se dégager de cette dépendance figure parmi les objectifs de la direction. Pour ce faire, le parti a créé en janvier une fondation dénommée «Stiftung für eine bürgerliche Politik». Basée à Zoug et dotée d'un capital de 200 000 francs, elle doit permettre le financement d'activités spéciales, selon Aliki Panaides, suppléante du secrétaire général. Le but est aussi de permettre aux bailleurs de fonds potentiels de le faire en toute discrétion. On retrouve Walter Frey au sein de ce conseil de fondation présidé par le conseiller national zurichois Hans Kaufmann.

Hans Kaufmann

Hans Kaufmann est un pion important dans l'opération de charme menée par l'UDC à l'égard de l'économie helvétique. Cet ancien chef économiste de Julius Bär, aujourd'hui indépendant, a fait beaucoup pour rapprocher l'UDC du secteur bancaire. Un monde avec lequel Christoph Blocher était officiellement en froid après avoir été contraint de remettre son mandat d'administrateur de l'Union de banques suisses suite au rejet de l'Espace économique européen (EEE) en 1992. Hans Kaufmann appuie aujourd'hui Christoph Blocher dans la rédaction de la politique économique du parti. Mais sa zone d'influence ne s'arrête pas là. Il siège aussi aux conseils d'administration du groupe Swissfirst et de sa filiale Swissfirst Bank. Le groupe bancaire est dirigé par Thomas Matter, dont le père Peter (ancien bras droit du chef des finances de Roche, Henri B. Meier) est administrateur d'EMS-Chemie.

Swissfirst a racheté puis revendu rapidement en 2002 le groupe de presse Jean Frey (éditeur de la Weltwoche, Bilanz et Beobachter) à plusieurs investisseurs, dont le financier tessinois Tito Tettamanti (25% des actions). Parmi les autres actionnaires minoritaires, on retrouve Hans Kaufmann, mais aussi le conseiller national radical saint-gallois Peter Weigelt et le Genevois Pierre Mirabaud, président de l'Association suisse des banquiers (ASB). Le radical zurichois Filippo Leutenegger fraîchement élu au national, ancien présentateur de l'émission politique Arena, qu'on dit garant d'une politique en ligne avec celle de l'UDC, est depuis ce changement capitalistique le patron de Jean Frey.

Peter Spuhler

Le monde bancaire ne réalise pas à lui seul le produit intérieur brut (PIB) suisse, rappelle l'UDC dans son programme électoral, qui souligne que «les PME forment l'épine dorsale de l'économie helvétique». Le parti s'adresse depuis son origine aux paysans comme aux petits patrons (artisanat, construction, commerce). La success-story de l'entrepreneur Blocher a permis l'élargissement de ce cercle. Mais c'est l'arrivée de Peter Spuhler qui a fini d'asseoir sa crédibilité. Le conseiller national thurgovien fait partie, comme le tribun zurichois, de ces hommes qui se sont faits tout seuls. Quand il sauve en 1989 la firme Stadler, entreprise familiale en mal de succession, il ne connaît rien aux trains. Quatorze ans plus tard, le constructeur ferroviaire affiche un chiffre d'affaires de 350 millions et emploie 800 personnes, dont une partie en Allemagne. Ancien président de Swissmechanic, organisation faîtière des PME de l'industrie des machines, il est une des figures de proue de l'UDC. Son parcours et sa bonhomie séduisent. En plus de ces engagements, l'homme siège au conseil d'administration du ZCS Lions, le club de hockey zurichois présidé par Walter Frey.

Peter Spuhler a rallié l'UDC au milieu des années 90 «pour son programme économique» qui soutient une baisse des impôts et un désengagement de l'Etat. L'industriel Hansruedi Wandfluh (conseiller national bernois) et le patron des shampoings Rausch J. Alexander Baumann (conseiller national thurgovien) sont les autres poids lourds d'un groupe qui compte dans ses rangs 16 des 34 entrepreneurs élus au Conseil national. L'UDC est bien devenue la voix du patronat au Palais fédéral. »

Source (article signé François Mutter, 29 octobre 2003)

Pour en finir avec le caractère pseudo-dissident de Blocher et de son parti, il n'est pas inintéressant de noter que Vincent Bénard, l'apôtre du libéralisme économique, les défend, avec toute la légèreté d'un style très anticonformiste, concluant :

« (...) Ouf, les suisses n'ont pas cédé aux sirènes d'un quelconque populisme nauséabond. Je me disais, aussi, que les suisses faisaient généralement preuve de beaucoup d'intelligence lorsqu'ils votent. L'idée que ce pays, ayant une longue tradition de démocratie directe et libérale, ait pu basculer dans le marigot réactionnaire décrit par nos journaux me paraissait pour le moins étrange. (...) »

Il est vrai qu'on trouve dans le discours de Blocher toute la vulgate libérale, pseudo-scientifique, utopique et caricaturale, dont ce genre de propagandistes obsédés par les méfaits insurpassables d'un « socialisme » vu comme monolithique et totalitaire, nous rebattent les oreilles comme de parfaits commissaires politiques :

« (...) A l'heure actuelle, la supériorité économique et morale de l'économie de marché dans laquelle l'Etat touche le moins possible à la souveraineté du consommateur, est démontrée depuis longtemps sur les plans pratique et théorique. Toute entrave à la liberté économique, toute intervention de l'Etat, toute planification et toute activité dirigiste est synonyme de contrainte. Lorsque l'Etat dirige l'économie, il doit décider quels sont les besoins des citoyens qu'il veut satisfaire et auxquels il renonce. L'Etat décide donc des valeurs et définit celles qui sont supérieures ou inférieures, celles auxquelles les citoyens doivent croire et les objectifs qu'ils doivent viser. Dans une économie de marché, l'évaluation d'une prestation n'est pas confiée à une autorité bureaucratique ou à un parti politique (comme c'est le cas dans un état socialiste ou national-socialiste), mais elle se fait de manière très démocratique : par le libre choix du consommateur. Nous allons répéter ce fait scientifiquement bien étayé aussi souvent qu'il le faudra jusqu'à ce que les socialistes de ce pays l'aient eux aussi compris ! (...) »

Blocher, le bel « identitaire » suisse que voilà, donc...

Identité-fric. Identité-épicerie. Identité, simple prétexte à la défense d'intérêts économiques.

Nous n'avons rien de commun avec ces oiseaux-là.

Commentaires

Ce mec doit être adoré par les guignols de caniveau d'Ilys.

Écrit par : Three piglets | 03/02/2012

Les commentaires sont fermés.