27/02/2014
Marketing pour bobos et prolos
« Le spectre d’une stagdéflation pouvant succéder à la stagnation ne signifie rien d’autre qu’il faut désormais pour le gouvernement, contrôler jusqu’à diriger la consommation, afin d’obliger le peuple à consommer uniquement ce qui peut remettre l’économie sur les rails d’une croissance durable, la fameuse bulle verte telle qu’elle a été définie par la Money Power.
Les gouvernements étant dans l’incapacité d’accélérer le rythme de la mutation, tout l’enjeu devient pour eux de transformer un sentiment négatif de retour vers le passé en sentiment positif.
Autrement dit, l’économie de Marché essaye de nous décontaminer en nous faisant redécouvrir les vertus du passé, où l’on ne confondait pas la vie avec une accumulation de gadgets.
Plus fort encore, on essaye de faire passer des comportements de crise [pour] des modèles de progrès, en utilisant les ficelles les plus grossières du marketing pour tenter de créer des tendances de nouveaux comportements.
Pour combattre les maux, on invente des mots pour faire oublier qu’il n’est pas pire destin que celui de l’homme condamné à s’appauvrir sur le lieu même de sa richesse.
Les jeunes et les plus pauvres vont chez des fermiers et travaillent gratuitement moyennant nourriture et hébergement. Cela devient le woofing. Le fait de déjeuner avec des personnes que l’on ne connaît pas devient le co-lunching. Comme si tout cela n’était pas possible sans s’inscrire préalablement sur un site Internet.
On vante aussi, pour ceux qui n’ont pas d’argent, les mérites de la colocation comme si c’était une expérience extraordinaire. On se déplace en rickshaw dans les grandes villes européennes. Le top du top de l’écologie. Bref, on réinvente le pousse-pousse... Le covoiturage devient un must du consommateur citoyen prêt pour la mutation.
A Paris, nous nous en rendons compte particulièrement, car nous sommes dans le temple des bobos. Nous les croisons quotidiennement, nous les voyons aller en short et en tongs au Monoprix, manger des produits naturels à des prix exorbitants, acheter des jouets en bois pour leurs enfants.
Le "c’était mieux avant" est, pour les bobos, la piste de décollage de la prochaine bulle de la consommation durable. Le sas de décontamination…
Piste de décollage pour les bobos, piste d’atterrissage pour les prolos. »
22:38 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Propagande, Psychologie, Société, Stratégie | Lien permanent | Tags : jean-pierre crépin, marketing, maux, mots, consommation, bobos, prolos, woofing, co-lunching, rickshaw, covoiturage | Facebook | | Imprimer | |