Libéralisme et conservatisme (29/02/2012)

Le monde après le libéralisme

 

Trouvées sur le site d'un libéral (anarcho-libéral, dit-il) presque caricatural tant s'étale la candeur de sa foi, un certain François-René Rideau, animateur d'un blog consacré à Frédéric Bastiat, ces quelques phrases frappantes justifiant le terme d' "ennemi" que j'applique à ces extrémistes du « progressisme » le plus échevelé :

« (...) Les libéraux sont pour un État limité à l'enforcement des règles du droit et au contrôle de la gestion des ressources communes (et non pas à la gestion de ces ressources proprement dites). Leur attitude face à l'État est une méfiance de principe ; ils souhaitent un pouvoir exécutif strictement limité et décentralisé, dont le chef éventuel ait une autorité purement morale. Les conservateurs, au contraire, sont pour un État "fort", dotés de "prérogatives" "nationales" qui ne soient pas limitées tant qu'utilisées "pour l'intérêt supérieur de la nation" ; ils revendiquent une "raison d'État" que le libéralisme considère comme une violation extrême de la liberté individuelle. Ils vouent un culte au rôle de chef de l'État, pour lequel ils réclament des pouvoirs étendus.

Les libéraux nient en bloc tous les privilèges, toutes les subventions, etc, et ce d'autant plus qu'elles sont inégalitaires. La seule subvention envisageable serait une subvention "plate", égale pour tous, chômeurs comme millionaires, jeune ou vieux (confiée aux tuteurs des mineurs), homme ou femme, orthodoxosexuel ou hétérodoxosexuel, marié ou célibataire, national ou étranger, etc, etc. Seul critère admissible : la résidence (permanente) dans le pays ou non. La détention d'un bout de papier "national", s'il peut faciliter des démarches administratives, ne saurait en soi ouvrir un quelconque "droit". Pire même, le seul impôt proprement dit compatible avec l'égalité en droit étant un impôt plat, et l'impôt devant dépasser la subvention, la subvention n'a pas lieu d'être. (Ensuite, en dehors de l'impôt proprement dit, on peut vendre des services, récolter des dons volontaires, etc.) À l'opposé, les conservateurs défendent bec et ongles les "privilèges anciens" (version de droite des "droits acquis" de gauche) et autres protections nouvelles (version de droite des "avancées sociales" de gauche). Ils admettent au nom de la paix sociale (version de droite de la "justice sociale" de gauche) que les pauvres se nourrissent des riches, et que les riches trouvent des échappatoires fiscales, que les femmes aient moins de droits que les hommes (à moins qu'on ne leur en ait déjà reconnu autant voire plus), que l'État ait une "politique économique" censée promouvoir la prospérité de la Nation, une "politique familiale" dictant aux uns et aux autres leur conduite maritale et sexuelle, et une "éducation nationale" pour former les esprits dans un même moule ; ils revendiquent que la "nationalité" confère des droits spéciaux.

Les libéraux sont attachés au droit individuel de se livrer ou non à l'avortement, à la contraception, à la consommation de substances psychédéliques, etc., comme à des libertés individuelles inaliénables, tant qu'elles ne mettent pas autrui en danger (en s'y prenant assez tôt, donc, pour l'avortement), même si par ailleurs ils peuvent détester ces activités comme hautement immorales. Les conservateurs nient arbitrairement certains de ces droits (selon les uns), au nom d'un "ordre moral" traditionnel. Plus généralement, les libéraux sont opposés à toutes les prohibitions proposées au nom de la morale ; la morale est pour les libéraux une affaire purement privée : il n'y a aucune moralité à faire quoi que ce soit sous la menace d'une sanction de la force publique. Et quand bien même Dieu ne serait pas d'accord, chaque individu répondra personnellement de ses actes devant Lui, sans que nul homme n'ait l'autorité de se substituer à Lui. Les conservateurs, comme les socialistes et autres étatistes, prétendent faire répondre les individus de la moralité de leurs actes, non pas devant Dieu seul, mais devant un collège politique de censeurs se proclamant représentants de Dieu sur terre.

En matière de politique étrangère, les libéraux revendiquent une neutralité totale de l'État, et une liberté totale d'engagement (commercial, caritatif ou militaire) des particuliers (à titre strictement personnel, et en engageant leur responsabilité individuelle, évidemment), au nom de ce que l'État national n'a tout bonnement pas à se mêler de tout ça : chacun doit pouvoir agir à sa guise, et ne pas être forcé de participer, directement ou par le biais de la taxation, à une action pour ou contre de parfaits étrangers. Tout juste l'État doit-il assurer, si besoin est, par une force armée permanente pas plus grande qu'il n'est nécessaire, la sécurité des individus vis-à-vis d'éventuelles agressions (étrangères ou non), si elles sont probables. Par contre, les libéraux reconnaissent l'utilité des cours d'arbitrage internationales, et exigent que l'État prête son concours à l'application de leurs décisions, tant que ces cours et cet État restent chacun dans leur juridiction légitime. S'ils souhaitent l'amitié entre les peuples, les échanges culturels, et la prospérité partagée, ils savent que la liberté et l'initiative privée sont les meilleurs moyen de les promouvoir. Les conservateurs, tout au contraire, comme tous les étatistes, veulent que leur État fort soit "dominant" sur la scène internationale, et comptent sur lui pour promouvoir la "grandeur" et le "rayonnement" de la Nation ; cependant, ils demandent au même État de repousser les étrangers qui, convaincus par leurs précédentes gesticulations, viendraient se presser aux frontières nationales. Pour établir la grandeur du pays, seules les contraintes budgétaires limitent à leurs yeux la taille de l'armée, les dépenses somptuaires d'apparat, les œuvres culturelles, etc. Pour eux, l'État doit composer des alliances internationales, fût-ce en soutenant activement les pires des régimes, au nom de l'intérêt national. L'État peut selon eux s'engager dans des actions commerciales protectionnistes offensives ou défensives. Ils prétendent n'avoir de compte de rendre à personne qu'à la "Nation" (prétexte qui leur permet d'omettre de prêter l'oreille à toute opinion individuelle dissidente), et doutent de la légitimité des cours internationales, qu'ils n'écoutent qu'à regret, et n'aident que s'ils y voient leur intérêt au cas par cas.

Enfin, les conservateurs insistent lourdement sur l'"indépendance" "nationale". Les libéraux à l'opposé n'ont que faire d'une telle abstraction qui n'est que prétexte à guerre et à oppression : Ils savent bien que les "libertés collectives" ne sont jamais que la dictature déguisée. Ils savent que l'autarcie forcée mène à la misère et l'échange volontaire à la prospérité, et qu'on est plus libre et indépendant par cette prospérité. Ce qu'ils demandent, c'est un respect absolu des libertés individuelles, c'est un état de Droit (the Rule of Law), quel que soit par ailleurs la couleur du drapeau national et le titre du chef de l'État si tant est qu'il faille l'un ou l'autre. Les libéraux ne croient pas particulièrement au concept de nation, mais affirment que chacun peut suivre ses propres traditions, locales ou étrangères (et ils ressentent en général ce droit individuel comme une obligation morale personnelle) ; ils exigent de chacun le respect des libertés et propriétés d'autrui dans l'exercice de ces traditions, et adhèrent au principe de subsidiarité pour déterminer les arbitres à d'éventuels conflits, principe qu'ils poussent jusqu'au niveau individuel. (...) »

On ne le lui fait pas dire. Rideau, c'est le mot.

Les choses sont claires, pour ces destructeurs imbéciles de tout, les peuples et les pays peuvent crever, rien ne compte hormis leur sacro-saint « individu » (une aberration philosophique) et sa divine « liberté » (une autre chimère). Et ce, même si, parmi eux, les droitards libéraux sont des « réactionnaires », une forme de conservateurs de carnaval comme je l'ai expliqué ailleurs et le maintiens, puisque pour eux, ce qui compte avant tout, c'est la possibilité de jouir et de s'engraisser ; ce qui les fait pester contre ce qui peut les en empêcher et peut donc créer, notamment, l'illusion qu'ils sont patriotes.

Contre de tels ennemis, les termes de Révolution Conservatrice et de Populisme Révolutionnaire prennent tout leur sens.

Je préviens honnêtement : en cas de guerre civile, je saurais sur qui tirer, et je ne me gênerais pas (Messieurs les possibles censeurs, notez l'emploi du conditionnel).

01:15 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : libéralisme, conservatisme, libéraux, conservateurs, etat, liberté individuelle, individu, droit, nation, nationalité, sexualité, impôt, immigration, étrangers, pauvres, riches, morale, propriété, traditions, gauche, droite |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |