La nation et son futur retour (01/05/2012)

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Le sens moderne et politique du terme « nation » est récent. Sur ce blog, on est réfractaire à la modernité et, par conséquent, loin de s’enflammer pour l'idée d'une nation désormais prétendument républicaine, en réalité anomique et omni-assimilationniste, ou encore pour sa décalcomanie technocratique pseudo-européenne et purement mercantile…

Il me semble au contraire que le sens traditionnel du mot (nation = ceux qui sont nés dans un même lieu et y vivent, nation = peuple) conserve, à supposer bien sûr qu’on lui garde son sens qui exclut une immigration allogène massive, toute sa valeur de référence et son potentiel attractif.

En ce sens, loin de se référer à une simple idée désincarnée et administrative comme le voudraient les utopistes idéologues du vivre-ensemble, l’existence d’une nation est ainsi grandement dépendante de l'origine, de la mentalité et du comportement de ses habitants, mais aussi des communications et donc, de la technologie et de l’énergie.

Le passé l'a amplement démontré. La nation, en ce sens traditionnel, est une constante de l'Histoire. Et de la France.

Pendant le Haut Moyen Age, un mode de vie centré sur la spiritualité et l’autosuffisance, des communications réduites, la vassalité, a préludé à la féodalité ; tout cela favorisant l’émergence de royaumes, voire d’empires, superstructures finalement assez légères (voir les fameux rois « faits néant », comme je préfère les appeler, parmi les Mérovingiens), même sous les Carolingiens ; superstructures, au sein desquelles prospéraient une foule de petites principautés (comtés et duchés) assez libres de leurs choix.

Pas de pétrole (!), des techniques éprouvées, essentiellement agricoles et domestiques, pas d’ambition expansionniste, une vie somme toute harmonieuse, à mille lieues des caricatures à la Michelet…

Peu à peu, les Capétiens, puis les Valois, remettent tout cela en question, après, en fait, le début du XIIIe siècle qui voit, avec les succès de Philippe Auguste, la véritable naissance du royaume de France, par réelle identification du peuple à cette entité plus grande.

Avec Saint Louis démarre la véritable centralisation, le véritable « absolutisme » tant caricaturé et décrié depuis deux siècles, mais en réalité indissociable de la « révolution technique du Moyen Age », qui a permis l’essor démographique et celui des grandes villes, ainsi que le developpement du commerce et des communications (composantes de cette révolution : la charrue, le cheval de trait, l’assolement triennal).

Les moulins, les progrès de la marine à voile, l’industrialisation depuis la Renaissance, complètent progressivement le tableau et signent l’ancrage des « pays » dans le royaume, avant que ce développement ne bascule entre les mains des marchands, des bourgeois qui renversent la donne politique et économique au profit des « spéculatifs » : commerçants, financiers et intellectuels divers, au détriment des « réels » : producteurs, guerriers et prêtres.

Avec les mythes du progrès et de la croissance infinie, promus par la nouvelle élite bourgeoise mais peu intégrés par le peuple au XIXe siècle, c’est le triomphe du matérialisme « scientifique » sur la vision traditionnelle du monde, du vagabondage lucratif sur l’enracinement spirituel, de l’intérêt individuel sur la solidarité collective.

Ce n’est qu’au XXe siècle que le peuple, travaillé au corps par la propagande et ébloui par la fée électricité, le chemin de fer, l’automobile, l’aviation, etc., commence à se détacher réellement de l’Ancien Monde et à plonger, souvent à reculons, dans ce que ses nouveaux maîtres appellent la Modernité.

Pendant ce temps, le royaume de France, travesti en nation française, n’a néanmoins cessé d’exister que sous sa forme politique et sociale pré-révolutionnaire.

Le peuple français, malgré la Terreur, les horreurs génocidaires de la Vendée, les saignées napoléoniennes, l’écoeurante société louis-philipparde, le désastre de Sedan, la Commune, reste patriote au plus haut degré.

En témoigne son enthousiasme de 1914. Ensuite, rien de plus efficace, a priori, que le massacre d’un million et demi de ses jeunes hommes, pour donner au reste de la population le sentiment du gâchis.

Et pourtant, contrairement à ce qu’on raconte trop souvent, malgré l’effet dissolvant du Front Populaire, en 1940, l’armée française s’est bien battue, avec courage, et a même gagné la première bataille de chars de l’Histoire. 120.000 morts en six semaines. Faillite, simplement, de l’état-major et de la stratégie militaire, démission des politiques… Bref. La fibre patriotique populaire n’est pas rompue, malgré tout.

De Gaulle. La perte des anciennes colonies. Mais l’insoumission (certes très relative) à l’URSS et aux USA. Des réussites technologiques majeures. Mai 1968.

Substitution du mythe techniciste-hédoniste-citoyen-du-monde au mythe national populaire, culturel et souvent encore religieux (dans un sens chrétien ou laïc).

Pompidou-Giscard-Mitterrand-Chirac.

L’Histoire se délite en myriades de petits faits.

Technologie, progrès, confort, libéralismes politique et économique, sous-culture, télé, déséducation, désinstruction.

Sarkozy.

Le summum de la vulgarité en politique, l’incarnation de la Chute. Fin de cycle.

Le peuple dégénère mais, comme dit le proverbe chinois :  » Le poisson pourrit par la tête ».

Autant que le pétrole pas cher, le TGV, le commerce mondial, Internet et les vacances aux Seychelles, c’est l’ouverture des esprits – enfin, de ce qu’il en reste – à une entité plus grande que la France (politiquement royaume ou nation, peu importe à cet égard), à l’entité techno-matérialiste, qui a permis leur ouverture à… à peu près tout, dont une Europe économique, voire politique.

MAIS…

15 millions (environ) d’allogènes dans le pays. Le Grand Remplacement évoqué par Renaud Camus.

La situation économique et financière se dégrade à grande vitesse.

La jeunesse (comme ceux de ses aînés défavorisés et/ou qui pensent mais, elle, sans avoir beaucoup besoin de réfléchir, puisqu’elle est frappée de plein fouet) est révoltée par le peu de perspectives qui lui sont offertes.

La classe dominante est aussi la classe déclinante (vieillissante), tant au plan de ses idées en décalage complet avec la réalité, qu’en ce qui a trait à ses propres perspectives vitales (la mort approche, le patrimoine est fragilisé).

En fait, dominés comme dominants, plus personne ne croit plus vraiment au système.

Les imaginations sont bêtement en panne, faute de savoir sortir du cadre.

Or, au plan politique, la nation (patrie, communauté d’origine, de vie et de destin) reste simplement la réalité la plus proche.

Même si elle n’a plus qu’un contenu culturel minimal.

En la matière, il suffit de remplir, si le contexte redevient favorable. Il y a de la réserve. Des siècles, voire des millénaires de réserve.

Et puis, en temps de crise grave, on s’entend plus facilement « entre soi » qu’avec de lointains voisins, qui ne parlent même pas la langue du pays.

A terme, on le voit bien si on n'est pas dupe du mythe du progrès et de la croissance infinie, on va assister à un reflux des communications et de la démographie mondiales, avec un pétrole cher, moins de grandes innovations technologiques (sauf dans le domaine du virtuel, ce qui mériterait un long développement), moins de commerce international, donc moins d’ambitions politiques à grande échelle.

La nation, c’est tout bonnement la taille intermédiaire.

Pour le moment, après être passés très lentement de l'échelon local puis régional à cette taille intermédiaire, nous sommes en train de passer très rapidement de la nation à l’empire (géopolitique), sans doute pour autant de temps qu'il subsistera des énergies fossiles pour subventionner ce type de projets ; mais ensuite, à moins de trouver un miraculeux substitut technologique, je pense que nous allons simplement faire l’inverse, dans un mouvement de balancier qui est celui des grands cycles historiques et naturels.

Beaucoup de luttes en perspectives, probablement, pour instaurer un système viable à ce niveau.

Mais beaucoup d’espoir, dans la mesure où la nécessité, et pas seulement une nostalgie sentimentalo-esthétique, guidera nos actions dans le sens du possible.

La nation : le sens de l’Histoire…

23:00 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : nation, peuple, modernité, france, europe, immigration, centralisation, absolutisme, énergie, communications, technologie, moyen age, renaissance, démographie, marchands, bourgeoisie, matérialisme, solidarité, autosuffisance, spiritualité, localisme, royauté, révolution française, patriotisme, décadence, fin de cycle, pétrole, jeunesse, classe dominante, mythes, progrès, croissance infinie, empire |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |