« La Novlangue de l'Union européenne » : un bréviaire indispensable (04/09/2011)
« La guerre, c'est la paix. L'esclavage, c'est la liberté. L'ignorance, c'est la force. » (George Orwell, 1984)
C'est encore l'excellent Jean-Yves Le Gallou, qui est l'auteur de ce petit manuel de décryptage de la propagande fédéralo-mondialiste en usage chez les eurocrates de Bruxelles.
Vous trouverez ça sur Polémia, en deux parties, là et ici.
Quelques extraits particulièrement remarquables :
« Le mot peuple n’apparaît guère qu’une fois dans le Traité consolidé issu des négociations de Lisbonne, je cite : "Les peuples d’Europe en établissant ente eux une union sans cesse plus étroite ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes". Une affirmation au demeurant inexacte puisque les peuples français et néerlandais ont rejeté par référendum le texte qui leur était proposé en 2005 ; qu’à la suite de ce vote, le référendum prévu en Pologne a été supprimé et qu’en 2007 le peuple irlandais a refusé, lui, le traité de Lisbonne qui reprenait quasiment le même texte. En fait, les institutions de Bruxelles n’aiment pas l’expression collective des peuples, ils lui préfèrent le concept individualiste de "citoyen" ».
« Les valeurs européennes : telles qu’évoquées par l’Union, elles ne s’appuient sur aucun héritage, ni sur les chants de l’Iliade et de l’Odyssée, ni sur la Vie des hommes illustres de Plutarque, ni sur la vie des saints, ni sur cette merveilleuse synthèse qu’on a appelé les Humanités classiques depuis la Renaissance jusqu’aux dernières décennies du XXe siècle. Non, les valeurs de l’Union européenne sont hors sol, hors histoire, hors civilisation ! Les voici, selon la Charte des droits fondamentaux de l’Union : "L’Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité, elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l’État de droit". Tout dépend évidemment de l’interprétation… »
« Le mot identité n’apparaît lui aussi que marginalement.
L’identité européenne n’est nulle part définie. Si ce n’est négativement dans la mesure où la référence chrétienne a été délibérément évacuée, notamment selon Valéry Giscard d’Estaing, rédacteur du premier projet de Constitution, pour ne pas heurter les religions minoritaires, qui précisément ne sont pas constitutives de l’identité européenne.
L’identité nationale, elle, est évoquée marginalement ; mais sans contenu réel, pour au moins trois raisons :
- L’Union européenne est une machine à normaliser et donc à éradiquer les particularités nationales.
- L’Union européenne interdit explicitement (article 81), je cite : "toute discrimination en raison de la nationalité".
- Enfin le principe généralisé d’ouverture des frontières interdit toute préférence nationale ou locale.
Le mot préférence a lui aussi disparu alors même que la notion de "préférence communautaire" était au cœur du premier Traité de Rome. Deux mots se sont imposés à sa place : libre circulation (y compris pour les ressortissants et les marchandises des pays tiers) et non discrimination.
Quant au mot frontière, il apparaît certes mais… négativement :
- D’abord, l’Union européenne n’a pas défini de frontières, ni géographiques, ni culturelles : ainsi la Turquie a participé comme observateur aux négociations sur les derniers traités ; or c’est pour l’essentiel un pays asiatique de culture musulmane ; l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne mettrait celle-ci directement en contact avec la Géorgie, l’Arménie, l’Irak, l’Iran et la Syrie… L’élargissement au monde balkanique ne va non plus sans poser des problèmes. Sans parler d’Israël ou du Maroc.
- Ensuite, le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) interdit (article 63) toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre États membres mais aussi entre États membres et pays tiers ; c’est le même esprit qui prévaut à l’article 32 sur l’Union douanière qui insiste (paragraphe a) sur "la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux entre les états membres et les pays tiers".
- S’agissant de la circulation des hommes, c’est la même idéologie libre-échangiste, laisser-fairiste et sans-frontiériste qui prévaut : d’une part, l’Union supprime les contrôles aux frontières intérieures y compris pour les migrants ; d’autre part, elle encadre les contrôles extérieurs tout en protégeant les droits des migrants ».
« La confusion entre l’Union européenne (institution politico-bureaucratique politiquement correcte) et l’Europe (héritage culturel et mythologique) est un mensonge qui fait beaucoup de mal. Car ce qui va de travers est attribué à l’Europe alors que ce qui est en cause, c’est l’Union européenne et son idéologie néfaste ».
14:42 Écrit par Boreas | Lien permanent | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Beria, vite!!
Écrit par : Three piglets | 04/09/2011
Peut-être, cette fois-ci, Beria sera-t-il allemand...
Écrit par : Boreas | 04/09/2011
Je préfére qu'il soit français.
Écrit par : Three piglets | 04/09/2011
Moi aussi, évidemment.
Mais pour le moment, c'est surtout la classe dirigeante allemande qui devient anti-fédéraliste :
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/08/29/l-avenir-de-l-euro-quelles-perspectives-concretes.html
Écrit par : Boreas | 04/09/2011
Comment voulez-vous polémiquer sur votre blog si vous ne postez que des articles pour lesquels nous sommes d'accord !
C'est pénible à la fin ! :)
Écrit par : Eisbär | 06/09/2011
@Eisbär
"Comment voulez-vous polémiquer sur votre blog si vous ne postez que des articles pour lesquels nous sommes d'accord !"
Si si il y a de la polémique. D'ailleurs il y a un éclat de verre sur ma cabine téléphonique. ;-)
Écrit par : Anne Onyme | 07/09/2011
@TP et Boreas
Vous pouvez m'expliquer votre référence à Beria ?
Écrit par : Anne Onyme | 07/09/2011
On fait plus que le soupçonner d'avoir mis un terme à la dictature stalinienne, en faisant empoisonner le Petit père des peuples... avant d'être exécuté la même année.
Écrit par : Boreas | 07/09/2011
Quel éloge ? Quelle indécence ?
Un parallèle historique, c'est une infraction, maintenant ?
On s'en fout, de l'esthétisme de la droite nationale qui a toujours deux guerres de retard !
Écrit par : Boreas | 07/09/2011
"établi pour faire "cultivé " , dans une approche "bobo "du débat"
Vous ne savez pas à qui vous parlez, sinon, je vous jure que vous ne diriez pas ça...
"le communisme est l'idéologie qui (...) continue de faire le plus de victimes"
Les multinationales, le libre-échange mondialisé, la famine en Afrique, l'OMC, les usines de jean's en Chine faisant travailler les enfants, Monsanto et Bayer et leurs produits mortels, etc., c'est le communisme ?
"cette idéologie abjecte tient toujours le haut du pavé en France"
Ce n'est plus qu'un discours de croulants et de velléitaires boutonneux. Concrètement, le PCF et le NPA sont au gouvernement ? Tout est nationalisé, les kolkhozes nous fournissent à manger et vous vivez dans une pièce d'un appartement collectif que vous a attribué le soviet de votre quartier ?
"Il n'y pas de droite nationale en France , en fait il n'y a pas de droite tout court."
Cette vision des choses, historiquement juste, date un peu, quand même : 1944, dernier carat. Depuis, on appelle les choses par le nom qu'elles ont couramment. En ce sens, il existe une "droite nationale" et vous savez bien ce qu'on appelle ainsi. Désolé, mais si on veut être compris, il faut quand même, lexicalement, vivre un peu avec son temps. Cela dit, en ce qui me concerne, le clivage gauche-droite n'a pas lieu d'être. Ce qui compte, c'est notre survie en tant que peuple, pas la légitimité ou non des Orléans...
Écrit par : Boreas | 08/09/2011
"vous avez tous les tics de ceux qui s'accrochent à leur amour de jeunesse"
Vous parlez à quelqu'un qui a toujours été viscéralement anti-communiste (depuis que mon père m'a expliqué le Goulag, alors que j'avais... sept ans). Bref.
Je ne nie pas les crimes du communisme (quoique, Tchernobyl a plutôt été dû à la décomposition de l'URSS qu'à son idéologie ou à sa politique intérieure ; quant à Fukushima, catastrophe bien pire, je suppose que le Japon est un pays communiste ?...), je vous parle de ce qui se passe MAINTENANT.
Quant aux famines provoquées par le libéralisme libre-échangiste, vous voulez rire ? Comment pouvez-vous nier la réalité du phénomène ?
http://www.grain.org/article/entries/4059-l-agrobusiness-dans-le-monde-deux-decennies-de-pillage
http://www.grain.org/article/entries/4023-le-rapport-de-la-banque-mondiale-sur-l-accaparement-des-terres-au-dela-du-rideau-de-fumee
Vous avez bel et bien une vision du monde datée...
Écrit par : Boreas | 09/09/2011
"Le modèle économique et social français se rapproche bien plus du modèle soviétique , que du modèle libéral."
Vous êtes libre de le dire (ce qui, comme vous n'êtes pas au Goulag, prouve une fois de plus que nous sommes loin du modèle soviétique) mais, à mon avis, c'est un mélange des deux :
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/08/22/la-tenaille.html
Écrit par : Boreas | 09/09/2011
La catastrophe au Japon est due au tsunami, et à la crasse libérale :
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/05/18/fukushima-cauchemar-est-un-euphemisme.html (dans l'article, cliquez sur les liens)
Pour le reste, je commence vraiment à me demander ce que vous venez faire ici... Nous n'avons pas beaucoup d'idées en commun et je vous verrais mieux sur des blogs réac-catho-libéraux comme Fromageplus, Ab Imo Pectore ou encore chez Isabelle des Charbinières : http://www.la-question.net/
Écrit par : Boreas | 09/09/2011
Madame anonyme
La "synthèse", on la trouve en lisant un peu le blog.
L'intellectuel vous dit ciao.
Écrit par : Boreas | 10/09/2011
"faire sortir le loup du bois"
Le grand méchant loup, naturellement.
Pas réac, parce que révolutionnaire conservateur.
Pas catho, parce que "païen".
Pas libéral, parce qu'antimatérialiste, antimoderne et antibourgeois.
Est-ce assez synthétique pour vous ?
Franchement, si j'ai visé juste, vous vous êtes carrément trompée de crèmerie.
Écrit par : Boreas | 10/09/2011
Mon cher Anonyme,
Vous devriez sortir de cette vision bisounours de l'histoire.
Entre la peste et le cancer que choisissez-vous ? Le cancer par le côté douçâtre des prémices ? Ou la peste par son côté brutal et rapide !
Il en est de même pour l'opposition entre communisme et libéralisme !
Liberté que de crimes a-t-on commis en ton nom !
C'est valable pour les deux idéologies que vous opposez alors que leur perversité est avérée.
Écrit par : Richelsdorfite | 15/09/2011
A propos de novlangue, connaissez vous le dictionnaire de novlangue disponible à cette adresse : http://guerre.libreinfo.org/novlangue/dico-de-novlangue.html
Écrit par : Tanguy | 11/11/2011