Vol MH17 : les aveux des terroristes (27/07/2014)

Un lance-missiles Buk des terroristes, photographié par l'équipe de Paris-Match sur un camion volé à Donetsk, en train d'arriver dans la ville de Snijné au matin du 17 juillet 2014

 

Que s'est-il passé ? Le jour où le vol MH 17 a été abattu

Snijné, Ukraine - Il était l'heure du déjeuner quand un lance-missiles chenillé équipé de quatre engins sol-air SA-11 arriva en ville et se gara dans la rue Karapetyan. 2.400 kilomètres plus à l'ouest, les passagers au départ du vol Malaysia Airlines MH17 étaient en train de se faire enregistrer.

Les habitants ont raconté que cela avait été une journée bruyante dans cette ville de l'est ukrainien. Beaucoup de matériel militaire l'avait traversée. Mais malgré tout, il aurait été difficile de rater le volumineux système de missiles, également connu sous le nom de Buk M-1. Il a laissé de profondes empreintes de chenilles sur l'asphalte, en grondant au milieu d'un petit convoi.

Les véhicules s'arrêtèrent devant les journalistes de l'Associated Press (AP). Un homme portant un treillis peu familier, parlant avec un accent russe caractéristique, vérifia qu'ils n'étaient pas en train de filmer. Ensuite, le convoi se remit en route, pour une destination inconnue au cœur de la rébellion pro-russe de l'Ukraine orientale.

Trois heures plus tard, des gens à 10 kilomètres à l'ouest de Snijné entendirent de grands bruits.

Et puis ils virent des morceaux de métal tordu - et des corps - tomber du ciel.

Le commandement rebelle à Donetsk a, à plusieurs reprises et publiquement, nié toute responsabilité dans le crash du vol MH17.

Sergueï Kavtaradze, un porte-parole du chef rebelle Alexandre Borodaï, a répété à l'AP vendredi [25 juillet 2014] qu'aucune unité rebelle ne disposait d'armes capables de porter à une telle altitude, et déclaré que toutes indications contraires font partie d'une guerre de l'information visant à porter atteinte à la cause des insurgés.

Pourtant, les démentis sont de plus en plus mis en question par les récits d'habitants, les observations de journalistes sur le terrain et les déclarations d'un officiel rebelle. Le gouvernement ukrainien a également fourni de prétendues interceptions de communications, qu'il dit montrer l'implication des rebelles dans l'abattage de l'avion.

Un rebelle haut placé, parlant à l'AP cette semaine, a admis que les rebelles étaient responsables [N.B. : Alexandre Khodakovski, commandant du bataillon Vostok, n'est donc plus le seul à avoir vendu la mèche, ndt]. Il a déclaré qu'une unité composée de Russes comme d'Ukrainiens, basée dans la ville natale du président déchu Viktor Ianoukovitch, a été impliquée dans la mise à feu d'un SA-11 près de Snijné. Le rebelle, qui a un accès direct au cercle intérieur du commandement des insurgés à Donetsk, a dit que son nom ne pouvait être cité parce qu'il contredisait la ligne officielle de la rébellion.

Les rebelles ont cru qu'ils visaient un avion militaire ukrainien, a déclaré cette personne. Au lieu de cela, ils ont atteint l'avion de ligne volant d'Amsterdam à Kuala Lumpur. Les 298 personnes se trouvant à bord ont toutes été tuées.

Des conversations téléphoniques interceptées et publiées par le gouvernement ukrainien semblent confirmer qu'ils ne savaient pas que l'avion était un appareil civil.

Dans ces enregistrements, on peut entendre les jurons des premiers rebelles arrivés sur les lieux, en voyant le nombre des corps et les insignes de la Malaysia Airlines.

L'Ukraine a immédiatement blâmé les rebelles pour l'abattage de l'avion. Dans une interview à Kiev cette semaine, le chef du contre-terrorisme ukrainien, Vitaly Nayda, a donné l'AP la version gouvernementale des événements du 17 juillet. Il a déclaré que ce compte-rendu était fondé sur les informations recueillies grâce à des interceptions de conversations [téléphoniques], à des espions et à des indications émanant d'habitants.

Nayda a entièrement rejeté la faute sur la Russie : il a déclaré que le lance-missiles est venu de Russie et a été mis en oeuvre par des Russes. Vendredi [25 juillet 2014], le ministère russe des Affaires étrangères a refusé de commenter l'une ou l'autre accusation. Moscou a toujours nié toute implication dans l'abattage de l'avion.

Le responsable rebelle qui a parlé à l'AP n'a pas abordé la question d'une quelconque participation du gouvernement russe à l'attaque. Les officiels américains ont rendu la Russie responsable d'avoir créé les « conditions » de l'abattage de l'avion, mais n'ont apporté aucune preuve de ce que le missile soit venu de Russie ou que la Russie ait été directement impliquée.

Selon Nayda, le lance-missiles est entré en Ukraine à une heure du matin le 17 juillet, en franchissant la frontière russe à bord d'un camion à plateau. Il a cité des interceptions de communications qu'il ne souhaitait pas partager avec l'AP. Avant neuf heures, a-t-il déclaré, le lance-missiles a atteint Donetsk, le principal bastion rebelle à 200 kilomètres de la frontière. A Donetsk, il est présumé avoir été déchargé du camion à plateau et avoir commencé à se déplacer par lui-même au sein d'un convoi [N.B. : on sait par ailleurs qu'un autre camion à plateau a été volé à Donetsk le 17 juillet 2014 par les terroristes et a servi à transporter un lance-missiles Buk, ndt].

Nayda a dit que le Buk est revenu vers l'est, en direction de Snijné. Les habitants de la ville qui ont parlé à l'AP, ont dit qu'il roulait dans Snijné vers l'heure du déjeuner.

« Ce jour-là, il y avait beaucoup de matériel militaire se déplaçant en ville », se rappelle Tatyana Germash, une comptable de 55 ans, interrogée lundi, quatre jours après l'attaque.

Valery Sakharov, un mineur à la retraite de 64 ans, a montré l'endroit où il a vu le lance-missiles.

« Le Buk était garé dans la rue Karapetyan à midi, mais plus tard il est parti. Je ne sais pas où », a-t-il déclaré. « Regardez : il a même laissé des marques sur l'asphalte ».

Même avant que l'avion ait été abattu, l'AP avait rapporté la présence du lance-missiles dans la ville, le 17 juillet.

Voici ce que disait la dépêche : « Un journaliste de l'Associated Press a vu jeudi sept chars aux mains des rebelles, garés près d'une station-service en dehors de la ville est-ukrainienne de Snijné. Dans la ville, il a également observé un système Buk, qui peut tirer des missiles jusqu'à une altitude de 22.000 mètres (72.000 pieds) ».

Les journalistes d'AP ont vu le Buk traverser la ville à 13 h 05. Le véhicule, qui transportait quatre missiles de 18 pieds (5,50 mètres), était dans un convoi avec deux voitures civiles.

Le convoi s'est arrêté. Un homme en tenue de camouflage de couleur sable, sans insignes d'identification - différent du camouflage vert que les rebelles portent normalement - s'est approché des journalistes. L'homme voulait s'assurer qu'ils n'avaient pas enregistré d'images du lance-missiles. Une fois convaincu qu'ils ne l'avaient pas fait, le convoi s'est remis en route.

Environ trois heures plus tard, à 16 h 18, selon l'enregistrement, publié par le gouvernement ukrainien, d'un appel téléphonique intercepté, l'équipage du Buk s'est mis en alerte quand un observateur l'a averti de l'arrivée d'un avion.

« Un oiseau vole vers vous », dit l'observateur au rebelle identifié par les Ukrainiens comme étant Igor Bezler, un commandant insurgé dont le gouvernement ukrainien affirme qu'il est également un officier des services de renseignement russes.

L'homme identifié comme étant Bezler répond : « un avion de reconnaissance, ou un gros ? »

« Je ne peux pas voir, à travers les nuages. Il est trop haut », réplique l'observateur.

L'officiel rebelle qui a parlé de l'incident à l'AP a déclaré que Bezler était le supérieur d'un autre combattant, au nom de code Sapeur, qui était l'officier commandant le lance-missiles à cet instant.

Selon l'officiel rebelle, Sapeur dirigeait une unité dont la moitié environ était composée d'hommes venus de la Russie extrême-orientale, pour beaucoup originaires de l'île de Sakhaline au large de la côte pacifique du pays.

Sapeur vient de la ville voisine de Yenakiieve, a-t-il dit. La cité se trouve également être la ville natale de l'ancien président Ianoukovitch.

Sapeur n'a pu être joint pour solliciter ses commentaires ; son identité réelle n'est pas connue. Bezler, contacté vendredi [25 juillet 2014] par l'AP, a nié tout lien avec l'attaque de l'avion. « Je n'ai pas abattu l'avion de la Malaysia Airlines. Je n'avais pas les moyens physiques de le faire », a-t-il déclaré.

Cependant, selon le récit de l'officiel rebelle, Sapeur a été chargé ce jour-là d'aller inspecter trois points de contrôle, dans les villes de Debaltsevo, Chernukhino et Snijné, toutes situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de l'endroit où l'avion s'est écrasé. À un point donné de ces trajets, il a rejoint le convoi accompagnant le système lance-missiles.

Vers 16 h 20, dans la ville de Torez, à 10 kilomètres à l'ouest de Snijné, les habitants ont entendu de grands bruits. Certains ont rapporté avoir entendu deux explosions, tandis que d'autres ne s'en rappellent qu'une.

« J'ai entendu deux puissantes explosions de suite. D'abord il y en a eu une, mais après une minute, une minute et demie, il y a eu une autre déflagration », a déclaré Rostislav Grishin, un gardien de prison de 21 ans. « J'ai levé la tête et en l'espace d'une minute, j'ai pu voir un avion tombant à travers les nuages ».

A 16 h 40, dans un autre appel intercepté publié par l'Ukraine, l'homme identifié comme étant Bezler raconte à son propre supérieur que l'unité a abattu un avion.

« Nous venons d'abattre un avion. C'était le groupe de Sapeur. Il est tombé au-delà de Yenakiieve », dit l'homme.

Quoique l'authenticité de l'interception ne puisse être vérifiée de façon indépendante, l'ambassade des Etats-Unis à Kiev a déclaré que des spécialistes de la communauté du renseignement l'ont jugée authentique.

Quant au Buk, selon Nayda les services de renseignement indiquent qu'il a rebroussé chemin peu de temps après l'attaque.

Cette nuit-là, dit-il, il a franchi la frontière, de retour en Russie.

Source

Dépêche de l'Associated Press traduite de l'anglais par mes soins, liens hypertexte ajoutés par moi. Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.

Etonnamment, personne ne semble avoir relevé que, dès le lendemain du crash, RT s'est employée à dénoncer Igor Bezler comme un imposteur, pas russe du tout, encore moins officier de renseignement, etc. :

Pendant ce temps, Le Courrier de Russie s'ingénie à montrer qu'Alexandre Khodakovski, lui non plus, n'a absolument rien à voir avec la patrie de Poutine et ses agissements en Ukraine.

Curieuses coïncidences, non ? A moins que cette pauvre Russie de Poutine ne soit, décidément, que l'innocente victime de toutes les manipulations... A croire que pour l'accès aux armes lourdes du pays, c'est open bar. Ben voyons.

19:43 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : ukraine, snijné, lance-missiles, buk, sa-11, avion civil abattu, vol mh17, malaysia airlines, rebelles, terroristes, aveux, donbass, associated press, igor bezler, sapeur, alexandre borodaï, alexandre khodakovski |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |