Anglosphère vs zone euro : concours de dettes (03/11/2013)
« Bien sûr, l’endettement public a atteint 91% du PIB dans la zone euro, 30 points de plus qu’il y a 5 ans. Mais la montagne de dette privée est presque deux fois plus importante, à environ 160% du PIB. The Economist affirme qu’ "on dit toujours que l’Europe traverse une crise des dettes souveraines. Et c’est le cas. Mais les origines du désastre de l’euro ont moins à voir avec une débauche de dépenses des gouvernements qu’avec un excès de dettes privées", à l’exception de la Grèce (encore que l’on peut incriminer le rôle des marchés qui ont prêté à Athènes à des taux proches de Berlin).
De plus, alors que les ménages et les entreprises aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ont réduit le poids de leur dette en rapport du PIB (*), ce n’est pas le cas en Europe, à l’exception de l’Espagne, où il a baissé d’environ 12 points. Ce qui frappe, c’est la disparité entre les pays européens. Selon Eurostat, c’est le Luxembourg qui a la médaille d’or, avec une dette privée de 317% du PIB ! Le Portugal et les Pays Bas dépassent 220% du PIB. L’Espagne est autour de 200%, la Grande-Bretagne au-delà de 180%. La France (140%), l’Italie (130%) et l’Allemagne (115%) sont bien plus prudentes.
Parce que le montant des dettes privées n’a cessé de monter (il était encore de 96% en France en 1999), il y a un danger de crise financière. D’ailleurs, plusieurs pays sont d’ores et déjà en crise. En Espagne, le taux de défaut sur les créances des banques a atteint 12%, chiffre qui ne cesse de progresser. The Economist soutient que pas moins de 30% des créances en Italie sont dues par des entreprises dont les bénéfices avant impôts sont inférieurs aux intérêts ! Le chiffre atteint 40% en Espagne et 50% au Portugal. Le PIB des Pays Bas subira une baisse aussi importante que l’Espagne cette année du fait de la crise financière. Un quart des ménages doivent plus que leur maison ne vaut !
The Economist soutient que "les hommes politiques de la zone euro, même dans la supposée prudente Allemagne, ont été réticents à regarder trop profondément dans les bilans des banques, et encore moins de les forcer à les nettoyer". »
(*) Les conclusions qu'en tire l'auteur sont complètement fausses si on va au-delà des statistiques officielles et de leur dada consistant à tout rapporter au PIB, alors qu'on sait le peu que vaut ce fourre-tout, dont le caractère trompeur aux Etats-Unis a été amplement démonté par Shadowstats et ce, surtout dans des économies aussi financiarisées que celles des ricains et des godons.
Par exemple, si on lit Jeff Cox de CNBC pour les Etats-Unis et le dernier rapport de l'organisme caritatif The Money Charity pour le Royaume-Uni, on a un tout autre tableau.
Mais bon, qu'attendre de Laurent Pinsolle, souverainiste dupont-aignantesque, tellement affairé (parfois à juste titre, certes) à débiner l'UE qu'il est inconscient de servir la soupe à l'anglosphère...
De toute façon, il faut raisonner en termes de dette totale et là, il n'y a pas photo, même en statistiques officielles, les anglo-saxons sont loin devant.
20:39 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : anglosphère, zone euro, endettement, dettes privées, dettes publiques, dette totale, the economist, pib, souverainisme | Facebook | | Imprimer | |