L'appel de 15 personnalités françaises à aider l'Ukraine (10/09/2014)

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Quinze personnalités politiques françaises de premier plan appellent la France et l’Union Européen à aider l’Ukraine et son gouvernement. Appel publié dans Le Monde d’aujourd’hui.

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Aidons l’Ukraine à protéger sa démocratie et à restaurer son intégrité territoriale. Nos valeurs en dépendent.

Depuis le mois de février, l’Ukraine fait face à une guerre hybride menée par son puissant voisin, la Russie de Vladimir Poutine. Une guerre qui s’est traduite d’abord par l’annexion illégale de la Crimée, conduisant des dizaines de milliers de réfugiés, tatars de Crimée, ukrainiens, juifs ou même russes ethniques, à fuir vers l’Ukraine continentale la pression et des persécutions de l'Etat policier russe ou le harcèlement de la part des nationalistes russes locaux. Toujours sous un faux prétexte de protection des russophones en Ukraine, la Russie a réussi à organiser, avec des méthodes similaires, la création dans l’Est ukrainien de « républiques » séparatistes autoproclamées reconnues depuis par l’Etat ukrainien comme organisations terroristes et qui, manipulées, financées et aidées militairement par la Russie, mènent une guerre acharnée contre l’Etat ukrainien.

Cette guerre a provoqué une vague sans précédent de centaines de milliers de réfugiés fuyant les zones de combats dans le Donbass ukrainien. D’autres régions ukrainiennes de l’Ouest à l’Est du pays ont pu les accueillir, en trouvant les moyens de subvenir à leurs besoins. Le gouvernement de l’Ukraine doit faire face à la destruction totale de l’économie du Donbass, tout en essayant de créer une nouvelle armée nationale afin de combattre les rebelles séparatistes et pouvoir défendre plus de mille kilomètres de frontière contre les agressions de l'Etat voisin surarmé et riche.

L’Ukraine est une jeune démocratie en marche qui respecte et défend les valeurs universelles de liberté, des droits de l'homme et de protection des minorités. Malgré l’amputation de la Crimée et une plaie saignante à l’Est du pays, en octobre prochain la nation ukrainienne s’apprête à élire démocratiquement un nouveau parlement où tous les partis et les régions seront représentés, grâce au système électoral mixte (proportionnel/majoritaire). Le nouveau gouvernement qui en sera issu mènera des réformes très attendues, y compris celle de la décentralisation du pays.

Ce formidable exemple de démocratie en terres est-européennes qui étaient sous l’emprise du régime communiste il y a encore un quart de siècle, mérite non seulement un encouragement, mais une solidarité active et massive des citoyens et des gouvernements des démocraties occidentales.

En combattant les forces des rebelles armés et guidés par Moscou, dont les pratiques terroristes nous révulsent, les Ukrainiens se battent aussi pour nos valeurs démocratiques et notre sécurité.

C'est pourquoi nous demandons l'intensification de l'aide de l'Union européenne au gouvernement ukrainien, afin d’aider au retour des réfugiés, à la restauration de l’économie sur les territoires libérés du Donbass et à l’organisation d’une protection efficace de la frontière de l’Ukraine avec la Russie.

Nous demandons également l’arrêt des hésitations des membres de l’OTAN, quant aux livraisons d'armes au gouvernement de l’Ukraine afin qu'il puisse défendre son territoire.

Toutes mesures permettant au gouvernement ukrainien, seul en première ligne, d'assurer la protection des populations menacées par la terreur des séparatistes pro-russes, notamment une protection aérienne internationale des régions ukrainiennes voisines du Donbass afin de garantir le cessez-le-feu et d’empêcher une invasion généralisée de l’Ukraine par la Russie.

A la France, qui a pris l'initiative de suspendre temporairement la livraison des porte-hélicoptères Mistral à la Russie, nous demandons de mobiliser l'Union européenne afin de trouver ensemble un nouvel acquéreur à ces navires de guerre et d'éviter qu’ils servent à un pays agresseur.

Enfin, à l'Union européenne, nous demandons de renforcer progressivement les sanctions économiques contre la Fédération de la Russie, tant qu’elle ne retirera pas du territoire ukrainien ses soldats, ses « volontaires en vacances » et autres conseillers, et tant qu’elle ne révoquera pas l’acte de l’annexion de la Crimée en reconnaissant cette région comme un territoire faisant parti de l’Ukraine.

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Vous vous demandez qui, dans le paysage politique français, a pu trouver le courage et l’intelligence d'appeler la France et l’UE à aider l’Ukraine, qui subit l’agression de la Russie de Poutine ?

En fait, personne...

Il est vrai que 15 hommes et femmes politiques (dont Jospin, Kouchner, Rocard et Hidalgo...) ont bien signé un appel à l’aide dont nous nous sommes « inspirés » ci-dessus, mais pour une cause beaucoup plus politiquement correcte et moins risquée à soutenir. C'est vrai : qui, en France, s'opposerait à un combat contre les djihadistes qui tuent en Irak les Yézidis et les chrétiens ? L’appel en question a effectivement été publié, dans Le Monde du mercredi 10 septembre. Et l’Ukraine libre le soutient à 200%.

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« Aidons le Kurdistan à protéger yézidis et chrétiens, nos valeurs en dépendent »

Depuis le mois de juin, le Kurdistan irakien accueille des centaines de milliers de réfugiés et déplacés fuyant les massacres des djihadistes de l'Etat islamique. Parmi eux, des dizaines de milliers de chrétiens, de yézidis, de shabaks et de membres d'autres minorités religieuses qui vivent depuis des siècles sur ces terres de haute Mésopotamie et qui, après avoir survécu aux persécutions et massacres de l'Empire ottoman et de la dictature sanguinaire de Saddam Hussein, sont à présent menacés dans leur existence.

Venant après la vague de 250.000 réfugiés syriens, cet afflux massif dépasse les capacités d'accueil du gouvernement du Kurdistan qui n'a pas les moyens de subvenir seul aux besoins de cette population de plus d'un million de personnes. D'autant qu'il est, depuis janvier, privé de sa dotation budgétaire par le gouvernement de Bagdad et qu'il doit défendre plus de mille kilomètres de frontière contre les agressions de l'Etat islamique surarmé et riche.

Le Kurdistan est une jeune démocratie en marche qui respecte et défend les valeurs universelles de liberté, des droits de l'homme et de la protection des minorités. Son Parlement compte 36 % de femmes et son gouvernement d'union nationale rassemble l'ensemble des partis représentés au Parlement, y compris les chrétiens.

Ce rare exemple de démocratie en terre d'islam mérite non seulement un encouragement, mais une solidarité active et massive des citoyens et des gouvernements des démocraties occidentales.

En combattant les forces du califat autoproclamé de l'Etat islamique dont l'idéologie fanatique et les pratiques barbares nous révulsent, les Kurdes se battent aussi pour nos valeurs démocratiques et notre sécurité.

C'est pourquoi nous demandons : l'intensification de l'aide humanitaire des agences de l'ONU et de l'Union européenne, le Kurdistan étant dans l'impossibilité de répondre à l'accueil de ces centaines de milliers de réfugiés.

Nous demandons également la concrétisation des annonces de livraison d'armes au gouvernement régional du Kurdistan afin qu'il puisse défendre son territoire.

Toutes mesures permettant au gouvernement régional du Kurdistan, seul en première ligne, d'assurer la protection des minorités religieuses menacées par les massacres djihadistes, notamment une protection aérienne internationale des districts chrétiens et yézidis de la plaine de Mossoul, afin de faciliter le retour de ces populations vulnérables.

A la France, qui a pris l'initiative de mobiliser l'Union européenne, nous demandons de proposer au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution permettant le paiement réel et effectif des 17 % des revenus du pétrole dévolus aux Kurdes par le gouvernement central à Bagdad, conformément à la Constitution irakienne.

Enfin, à l'Union européenne, nous demandons de mandater un envoyé spécial pouvant assurer la médiation directe et le dialogue national rompu entre Bagdad, les Kurdes, les communautés sunnites et chiites, et de mettre les pétromonarchies, qui directement ou indirectement laissent financer les organisations djihadistes, devant leurs responsabilités pour qu'elles participent largement au financement des actions humanitaires en cours.

- Lionel Jospin, ancien premier ministre

- Michel Rocard, ancien premier ministre

- Bernard Kouchner ancien ministre des affaires étrangères

- Hubert Védrine ancien ministre des affaires étrangères

- Louise Beaudoin, ancienne ministre de la culture du Québec

- Gérard Chaliand, écrivain et géopoliticien

- Sergio Coronado,député des Français à l'étranger

- Bernard Dorin, ambassadeur de France

- Cécile Duflot, ancienne ministre

- Anne Hidalgo, maire de Paris

- Jean-Christophe Lagarde, député de la Seine-Saint-Denis

- Noël Mamère, député de la Gironde

- Gilbert Mitterrand, président de la Fondation France-Libertés

- Jean-Vincent Placé, président du groupe des Verts au Sénat

- Pierre Serne, vice-président (EELV) du conseil régional d'Ile-de-France

- Frédéric Tissot, ancien consul général de France à Erbil

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/09/08/ai...

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22:13 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : france, ukraine, appel, personnalités politiques françaises, russie, agression russe |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |