Michel Maffesoli, sociologue de la postmodernité (07/02/2012)
« (...) Il faut comprendre que quelqu’un ou quelque chose fonctionne parce qu’il ou elle est en phase avec l’esprit du temps. On n’insiste pas assez là-dessus : en termes plus sociologiques, on parlerait de "figure emblématique". C’est une figure autour de laquelle on s’agrège, consciemment ou inconsciemment. Ces figures perdurent tant qu’elles sont en phase avec cet imaginaire-là. (...)
La modernité a été marqué par les grandes séparations, entre le mysticisme et le matérialisme ou encore la culture et la nature par exemple. Le post-modernisme par contre repose sur une liaison des contraires.
Nous entrons actuellement dans un cycle très long. Autant la modernité était une période tournée vers l’avenir, que nous n’avons connu que sur sa fin, autant la post-modernité est un temps plus long, qui ne fait que commencer. Quelqu’un qui parvient à s’inscrire dans ce mouvement peut facilement durer plusieurs décennies. (...)
le second aspect du mythe contemporain, en plus de la rencontre des contraires : le mythe de l’enfant éternel. La grande figure actuelle ne doit pas vieillir. Au XIXème siècle, il fallait avoir l’air d’un adulte sérieux, producteur et reproducteur. Aujourd’hui, la figure emblématique pratique le jeunisme : elle parle, s’habille, est jeune. Ces attitudes ne sont pas forcément conscientes. Elles peuvent être le fruit d’une forme d’animalité. (...)
aujourd’hui, personne ne veut vieillir. Même ridés, même avec des cheveux gris ou blancs, les gens vont continuer de chercher à s’habiller jeune et à rester jeunes dans leurs esprits. C’est ce que les ethnologues appellent le jeunisme.
Il y a un aspect magique dans cette notion. En choisissant une idole, on devient en partie cette idole. "J’en fais partie", pourrait-on dire, "elle est riche et je suis pauvre, elle est restée jeune et moi j’ai vieilli, mais je suis malgré tout comme elle". (...)
A un moment donné, à la manière du portrait de Dorian Gray, [la figure emblématique] pourrait du jour au lendemain se déstructurer. L’aura, la magie qui [l'entourent], pourraient s’affaiblir. On ne peut pas savoir quand mais effectivement, elle pourrait se déconstruire du jour au lendemain et la figure de la jeunesse éternelle pourrait ainsi disparaître.
A un moment donné, elle pourrait ne plus savoir comment entretenir l’image de jeunesse. La figure emblématique est un haut-parleur de ce qui est dit en douce. Elle exprime de manière visible ce que les gens vivent et ressentent de manière invisible. Il est parfaitement envisageable que, artère aidant, fatigue aidant ou tout simplement habitude aidant, elle ne parvienne plus à raconter ce qui se passe dans l’inconscient collectif. »
23:48 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : michel maffesoli, postmodernité, tribus, tribalisme, internet, émotionnel, icônes, totems, bon sens populaire, mythologie, publicité, animalité, figure emblématique, esprit du temps, modernité, jeunisme, inconscient collectif | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Désolé ,
mais cette homme pseudo-intellectuel ne sert a rien du haut de son érudition et son analyse encyclopédique des choses.
Le fait qu'il provient du milieu universitaire français suffit a le discréditer.
Il ne fait que reprendre des analyse de tout les auteurs vraiment créatif ( j'ai retrouvé du Baudrillard , même du Clouscard ..) et ce place comme un "sociologue" de la "post-modernité'
concept tout aussi bateau ...
Bref j'aime beaucoup ce blog mais je me sent obligé de faire cette critique , suivant Soral de très prés , et donc la destruction qu'il a déjà réalisé de cette tartuffe de mesfessolie.
Qui je le rappelle va sur des sites libertin pour chercher un troisiéme homme ...
Voila pour être tout a fait honnête je pense que vous vous rattaché trop à son idée de critique d'homme providentiel et par là celle de Marine Lepen mais la je pense que le sujet est plus vaste et plus polémique encore ..
Écrit par : jbcmoi | 08/02/2012
Bah désolé jbcmoi, l'expression grossièrement vengeresse de sa susceptibilté exacerbée par Alain Soral (je donne un lien vers ce à quoi vous faites allusion : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=4eDcAcNa7kA ), pourfendeur complaisant du "satanisme", me laisse froid.
J'ignorais tout de la vie privée de Maffesoli et je m'en tamponne toujours. Il est vrai que je ne suis pas soralien, même s'il m'est arrivé de reprendre ici une des vidéos du boxeur autoproclamé priapique et notoirement poudreux d'E&R et même s'il dit, lui aussi, nombre de choses intéressantes, parmi quelques bêtises spectaculaires. Il ferait mieux de se soucier de ses propres défauts. Je ne vois pas, tant que personne n'est blessé, ce que la sexualité d'un intellectuel certes maniéré mais fichtrement intéressant par ses analyses sociologiques, vient faire ici où il n'est question que de celles-ci.
Bien que je sois loin de connaître à fond son oeuvre, les idées de Maffesoli m'ont toujours paru intéressantes, souvent très justes, même si je ne les partage pas toutes. Le fait qu'il soit un universitaire n'est pas un critère sérieux (sinon, Michéa vaudrait encore moins, lui qui n'est qu'un petit prof du secondaire...). Que vous y retrouviez du Baudrillard et du Clouscard n'est guère étonnant, puisque leurs centres d'intérêts se recoupent souvent. Et par ailleurs, qui n'a pas subi d'influence (Maffesoli a été l'élève de Julien Freund
Il n'empêche que ses thèmes de réflexion sont originaux et qu'au plan de l'abstraction (je sais, ça peut rebuter, on peut trouver ça très intellectuel, pas très pratique, ce n'est pas le but de toute façon... mais que l'expression "prendre de la hauteur" vexe Soral à ce point n'est pas étonnant, c'est même drôle vu la différence de leurs niveaux respectifs), il est infiniment plus profond et plus pertinent que le patron de fan-club perpétuellement dressé sur ses ergots égotiques et persuadé qu'il a tout dit sur tout dans ses quelques ouvrages faciles (vite lus et vite oubliés, en ce qui me concerne).
Pour moi, le principal mérite de Michel Maffesoli est d'être un critique de la modernité (comme de la postmodernité, mais finalement cet aspect est peut-être secondaire car la modernité est encore largement notre principal problème). Il n'y en a pas tant que cela, si on y réfléchit un peu, et la Nouvelle Droite, notamment, ne s'y est pas trompée. Peut-être est-ce pour cela qu'il n'a pas que des amis au sein de l'Université française (il est, en général, plus apprécié à l'étranger)...
Donc, encore une fois, ses moeurs privées comme son côté systémique me sont indifférents.
S'il n'était possible d'apprécier que des gens parfaits, ce blog n'existerait pas, ni aucun autre.
Écrit par : Boreas | 08/02/2012
Je comprend bien , les critiques de Soral étant par contre tout a fait infondé.
J'apprécie aussi la critique de la modernité ( la post-modernité étant un concept bidon) mais venant de quelqu'un ayant soutenue la thèse d'Elisabeth teissier (je peut comprendre qu'il sorte des sentiers battu mais elle ...).
Pour l'universitaire je maintient , le fait que Michea reste dans le secondaire maintient d'ailleurs ce propos. A ce niveau (CNRS , haut universitaire ..) montre les connexions politique qu'il possède (le plancher de verre) ce que Soral se tue a expliquer de manière peut être trop arrogante.
A mon avis le gratin universitaire anti moderniste font autant de mal a l'honneur de ce combat qu'il on put au temps du marxisme vidé le contenu et imposé une orthodoxie ect ...
Ma critique de la pensée universitaire rejoint d’ailleurs celle de C.Lash dans "la révolte des élites".
Pour ces moeurs j'aime savoir "qui parle" comme dirait Nietzsche , cela en dit plus que de long discours ..
Je le répète ce n'est pas une critique du blog que j'apprécie beaucoup , je poste en effet rarement pour le dire.
Écrit par : jbcmoi | 08/02/2012
Aucun malentendu, jbcmoi, je ne prends pas vos coms pour une critique du blog et même si c'était le cas, il n'est absolument pas interdit de le critiquer ! :-)
Pour être tout à fait clair, je précise que moi non plus, je ne porte pas le milieu universitaire (ni professoral en général) dans mon coeur, c'est même bien le contraire, comme je l'avais par exemple dit ici :
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/11/29/jean-claude-michea-flingue-le-liberalisme.html
Néanmoins, non seulement il existe d'heureuses exceptions (Louis Chauvel, Gérard Lafay, Alain Cotta, Jacques Sapir, Jean Baudrillard puisque vous l'avez cité - il était d'ailleurs l'ami de Maffesoli -, Fernand Braudel, Ernest Labrousse, Jacques Le Goff, Marc Augé, François Furet, etc., etc.), mais encore il est risqué de systématiser des catégorisations telles que les connexions politiques. Le mérite joue encore un rôle, parfois.
Christopher Lasch lui-même était un universitaire... Et l'Université américaine ne vaut pas mieux que la française, à bien des égards.
Sur la postmodernité, je ne pense pas que ce soit un concept "bidon" ; simplement, il est un peu mis à toutes les sauces et justement, je trouve que Maffesoli ne tombe pas dans ce piège, en s'évertuant à trouver ou reprendre des concepts sociologiques (icônes, totems, tribus, animalité,mythes, etc.) pour décrire factuellement la société, au moyen de références finalement très traditionnelles même si ce à quoi elles s'appliquent ne le sont pas forcément, plutôt que pour l'interpréter, comme certains, à grands coups de ripolin idéologique, gauchiste ou libéral ou les deux à la fois.
Après, il a certainement son idée des perspectives "historiques" de cette postmodernité et je ne connais pas assez à fond son travail pour me permettre un jugement sur son bien-fondé. Pour ma part, je pense que la postmodernité n'est qu'une phase transitoire, vouée à basculer dans un néo-traditionalisme (pour la part saine de ses protagonistes) et dans l'autodestruction (pour leur part malsaine). Le critère discriminant, à mes yeux, étant toujours le respect des lois de la Nature.
Pour en revenir à Soral, nos appréciations croisées sur lui et Maffesoli se rejoignent, finalement, dans le constat que l'on peut apprécier tout ou partie des idées de quelqu'un dont le comportement nous déplaît. Toujours est-il que c'est mon cas, en ce qui concerne Soral.
Sur la question des moeurs, l'Antiquité nous apprend qu'elle n'est pas si importante que cela et je ne peux m'empêcher de remarquer que votre recours à Nietzsche pour appuyer votre désapprobation du libertinage a quelque chose de... chrétien. :-)
Je ne partage pas les moeurs en question mais, encore une fois, si elles ne font de mal à personne, où est le problème ?
Soral, en tout cas, me paraît n'avoir aucune leçon à donner en la matière, vu certaines de ses récentes prestations où je l'ai, très franchement, plaint - car si sa conduite n'est pas un modèle de sagesse ni de délicatesse, l'homme n'est pas déplaisant.
Pour finir, quant à Elisabeth Teissier, Maffesoli s'en est largement expliqué et, la sociologie n'étant pas une science "dure", son point de vue se défend :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Maffesoli#Controverse_autour_de_la_th.C3.A8se_de_l.27astrologue_.C3.89lizabeth_Teissier
Cette histoire relève, de toute manière, de l'anecdote ; sauf que je trouve quand même intéressant de voir qui étaient, en l'occurrence, les opposants à Maffesoli (une belle bande de ces universitaires que vous critiquez à juste titre...).
Bien cordialement.
Écrit par : Boreas | 08/02/2012