Jean-Luc Gréau sur la réindustrialisation (22/09/2011)
« Réindustrialiser, comment ? », exposé de Jean-Luc Gréau, le 14 septembre 2011, lors du colloque « Protéger les intérêts économiques de la France : quelles propositions ? », organisé par l’association Pour un débat sur le libre-échange :
18:55 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : jean-luc gréau, réindustrialisation | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Je n'ai pas écouté la vidéo, mais je comprends mal comment on peut prôner aujourd'hui la "réindustrialisation" du pays, alors que son économie n'a jamais été aussi industrialisé.
Ce qu'on appel à tort désindustrialisation, n'est rien d'autre que la baisse du nombre d'emplois, qui est une conséquence directe de ... l'industrialisation !
Écrit par : Christopher Johnson | 22/09/2011
On ne fabrique même plus de vêtements, en France...
Écrit par : Boreas | 22/09/2011
"On ne fabrique même plus de vêtements, en France..."
Bah forcément, la logique industrielle réclame de chercher la rentabilité maximale, donc on va chercher une main d'oeuvre moins chère.
Si c'est l'industrialisation du pays que vous cherchez, une seule solution : dynamiter le code du travail. Et encore, à terme ce ne sera pas suffisant : l'humain fait de moins en moins le poid devant les machines en terme de productivité.
Le seul moyen pour la main d'oeuvre organique de rester rentable pour la machine industrielle, c'est de la réduire de plus en plus à l'état d'esclave, à recourir au travail gratuit.
Si c'est de la prospérité que vous réclamez, alors la logique veut que l'on désindustrialise notre économie ! Qu'on arrête de rechercher le profit avant tout pour remettre l'homme au cœur de l'entreprise.
Le seul projet d'avenir pour notre pays, c'est sa désindustrialisation et pas le contraire, que nous sommes en train de vivre !
Écrit par : Christopher Johnson | 22/09/2011
Pour dire les choses autrement : on ne ramènera définitivement la fabrique des vêtements en France qu'en fondant une économie domestique de métiers, de savoir-faire et d'artisanat. Si nous continuons d'attendre du monde entier, voir du pays entier, de nous fournir en biens de consommation courante, notre calvaire se poursuivra.
Écrit par : Christopher Johnson | 22/09/2011
Dans l'immédiat, le modèle productif, c'est l'industrie.
Je ne dis pas ça par sympathie pour elle, c'est juste la réalité et si on veut viser l'autosuffisance à bref délai, il faut en tenir compte.
Les inconvénients que vous dénoncez résultent du libre-échange mondialisé, du capitalisme rentier et de l'automatisation croissante des chaînes de production.
On peut déjà envisager de supprimer les deux premiers et de freiner la troisième.
Après, l'automatisation à elle seule est un problème qui nous place devant une alternative radicale : le refus des technologies (qui doit toujours être envisagé en tenant compte de nécessités et de contraintes multiples, à commencer par les éventuelles menaces étrangères) ou le choix d'une meilleure répartition des richesses.
En l'état actuel des choses, en tout cas, le retour à un modèle idéal du passé n'est pas pour demain.
Écrit par : Boreas | 22/09/2011
"Les inconvénients que vous dénoncez résultent du libre-échange mondialisé, du capitalisme rentier et de l'automatisation croissante des chaînes de production."
Qui sont tous des émanations directes de l'industrialisation...
Je ne crois absolument pas dans les vertus du compromis. On ne reviendra pas aux 30 glorieuses. Il est terminé le temps de l'industrialisation heureuse (qui, comme la mondialisation heureuse, a été un mensonge formidable).
On ne parviendra plus à s'enrichir par l'industrie, à mener une vie prospère par l'industrie, parce que nous ne sommes plus les plus industrialisés : partout dans le monde, on produit mieux, plus vite, et surtout moins cher qu'en France.
Vous ne comprenez pas que dans l'affaire, ce n'est pas moi qui prône un "retour à un modèle idéal du passé", mais vous à travers une "réindustrialisation" qui fantasme sur une période dont le contexte d'apparition (après-guerre, matières premières bon marché, rigueur monétaire) est mort depuis longtemps. Vous oubliez complètement ce qu'est l'industrialisation, son histoire et ses buts.
Il ne suffit pas d'invoquer la fin du libre échange et de la dérégulation monétaire et financière, et l'usage raisonné des technologies. Ces bonnes intentions, si elles ne sont soutenues par rien, par aucune conception non-égoïste du bonheur, sont condamnés à rester lettre morte.
Au contraire, je crois qu'il est plus sain de déclarer l'échec de l'élan industriel, et de défendre un modèle économique et social radicalement différent.
Écrit par : Christopher Johnson | 22/09/2011
Réindustrialiser peut-être mais alors sous conditions. Si c'est pour réintroduire en France un système industriel concentrationnaire qui ne produit que de la misère active chez les humains et de la destruction d'écosystème : franchement non merci.
Je vis dans une région anciennement textile. Je pourrais parler longuement des conditions de travail abjectes dans les filatures ou bien les teintureries. Sans parler des désastres écologiques collatéraux à ces secteurs d'activités.
Peut-être faut-il réindustrialiser mais sous cautions d'un aggiornamento très précis sur les moyens de production et en ayant à l'esprit la notion d'utilité plutôt que celle de productivisme. Sans doute est-ce plutôt nécessaire de repenser nos besoins réels et ceux d'une société dont le paradigme économique basé sur des énergies fossiles non renouvelables n'a pas d'avenir.
La France est une terre d'artisanat et d'agriculture, ne serait-il pas plus sage d'opter pour une renaissance de ces secteurs d'activités qui en ont cruellement besoin plutôt que sur une réindustrialisation que j'imagine déjà massive, mal étudiée, anarchique si elle avait lieu ?
Quoiqu'il advienne, le préalable à toute nouvelle politique économique me semble être plutôt de désimmigrer la France qu'autre chose...
Écrit par : Eisbär | 22/09/2011
"le préalable à toute nouvelle politique économique me semble être plutôt de désimmigrer la France qu'autre chose..."
A vrai dire, non. Si effectivement il y a besoin d'une nouvelle ségrégation spatiale entre musulmans et Français, c'est pour des raisons culturelles et de paix sociale, pas pour des raisons économiques.
Je veux dire : il est illusoire de croire que l'évacuation brutale des immigrés est une solution contre le chômage, qui est de toute manière endémique dans une économie industrielle.
Je dirai donc que le préalable à toute nouvelle politique économique d'avenir est plutôt un programme de protectionnisme/rigueur monétaire. Mais il est illusoire de croire que l'Etat pour impulser le changement, il pourra le favoriser, mais c'est à la population de se détourner du consumérisme et du productivisme.
Écrit par : Christopher Johnson | 22/09/2011
Christopher Johnson
"vous à travers une "réindustrialisation" qui fantasmez sur une période dont le contexte d'apparition (après-guerre, matières premières bon marché, rigueur monétaire) est mort depuis longtemps. Vous oubliez complètement ce qu'est l'industrialisation, son histoire et ses buts."
Je ne fantasme pas du tout. Personne autant que moi n'a en horreur le machinisme et l'exploitation de l'homme par l'homme. Simplement, je suis réaliste, vous ne changerez pas la nature humaine, il n'est possible que de la canaliser d'en haut, politiquement, et par ailleurs un changement brutal de modèle est matériellement impossible.
Vous ne ferez pas en un tournemain de 30 millions de Français actifs, ou susceptibles de l'être, dans le tertiaire majoritairement, des artisans et des petits agriculteurs (Patrick Reymond pense qu'il faudrait 200 ans pour refaire des campagnes vivrières, je ne suis pas loin de partager cet avis). Ce changement ne pourra se faire que de manière très progressive, et encore, si des conditions multiples sont réunies (paix, pouvoir politique sain et désintéressé, protectionnisme, grand affaiblissement ou destruction de la rente, transitions alimentaire et énergétique assurées, etc.).
"Ces bonnes intentions, si elles ne sont soutenues par rien, par aucune conception non-égoïste du bonheur, sont condamnés à rester lettre morte."
Cette conception, nous la partageons, cessez de faire comme si vous ne le saviez pas. Mais il faut s'attaquer d'abord aux sphères de pouvoir. Les communautés post-soixante-huitardes du Larzac ont échoué dans leurs aspirations à créer un modèle alternatif. Et encore, elles n'avaient pas affaire à une dictature "hard" ni à des menaces étrangères...
Il est indispensable, parallèlement, de faire naître des bases autonomes durables, certes, mais à elles seules, elles ne permettront jamais de réorienter le "cerveau global" et tout le mode de vie occidental vers le type de société traditionnelle que vous souhaitez.
Toutes les idéologies qui prétendent "changer l'Homme" sont des utopies. Comment envisagez-vous de faire évoluer les mentalités sans prendre le contrôle des forces qui, actuellement, fabriquent le consentement ou, au moins, sans les neutraliser ? Par votre seul exemple ?
Ceux qui veulent tout sans effort vous riront au nez, conserveront leur propre modèle et même, dès qu'ils le voudront, écraseront le vôtre sous leur nombre et leurs technologies. Aux USA, les Amish sont certes à peu près autarciques, mais ne vivent que parce que le pouvoir veut bien les laisser vivre. Parce qu'ils ne menacent pas le modèle dominant. C'est déjà pas mal, mais ce n'est pas suffisant. En cas de confrontation, ils seraient écrabouillés.
Encore une fois, écoutez la dernière conférence de Michel Drac...
Écrit par : Boreas | 23/09/2011
"vous ne changerez pas la nature humaine, il n'est possible que de la canaliser d'en haut"
- Mais je suis d'accord ! Simplement, quand vous parlez de gouvernement, je ne peut opiner qu'à moitié : avant cela, il faut un changement d'élite !
C'est l'élite qui fait défaut aujourd'hui, un groupe de gens sensés, sages, créatifs, et droits, pour diffuser dans le peuple, une pensée édifiante capable de tirer le peuple par le haut.
"par ailleurs un changement brutal de modèle est matériellement impossible"
- Encore une fois je suis d'accord si vous parlez de l'ensemble du corps économique et social. Mais à plus petite échelle, des changements radicaux sont possibles en peu de temps.
"Toutes les idéologies qui prétendent "changer l'Homme" sont des utopies."
- Oui, nous en vivons une, et la crise est le signe de son échec et de son agonie.
"Il est indispensable, parallèlement, de faire naître des bases autonomes durables, certes, mais à elles seules, elles ne permettront jamais de réorienter le "cerveau global" et tout le mode de vie occidental vers le type de société traditionnelle que vous souhaitez."
- Certes, mais le but est d'abord personnel : trouver un bonheur sans tâche pour moi et les miens, car je ne peux pas attendre 200 ans.
Lorsque je pense plus généralement, à l'ensemble de mon pays, je vois que ce qui lui manque le plus, n'est pas le gouvernement, mais l'élite. C'est véritablement cela qui doit changer en premier. Il faut que la crise donne naissance à une génération nouvelle de penseurs de terrain, d'artistes et autres hommes d'actions, qui auront compris dans leur chair, parce qu'ils l'auront subit, l'erreur de la mondialisation industrielle, et la nécessité de se détourner du chemin pris il y a deux siècles, du progrès positiviste. Cette élite est la force de changement qui nous fait défaut pour le moment.
Voilà pourquoi l'humiliation de notre peuple est indispensable : c'est seulement des souffrances qu'il subit aujourd'hui que pourra naître cette élite nouvelle, lucide et droite.
Écrit par : Christopher Johnson | 23/09/2011
"le but est d'abord personnel : trouver un bonheur sans tâche pour moi et les miens, car je ne peux pas attendre 200 ans."
Je me trompe peut-être, mais je trouve l'affirmation de cette quête hédoniste et individualiste quelque peu... moderne.
Par ailleurs, je pense que le "bonheur sans tache" n'existe pas ou, en tout cas, que s'il existe, il est très fugitif.
Prétendre à constituer une élite alternative, n'est-ce pas d'abord anticiper collectivement par l'intelligence (et, certes, éventuellement, par l'expérience et le sacrifice personnels), des souffrances que, justement, nous souhaiterions éviter à notre peuple ? Pour en prévenir la survenance ?
Car malheureusement, il n'est pas dit que le degré de telles souffrances ne serait pas tel, qu'il signifierait notre extinction en tant que peuple (cf. Drac, une fois de plus).
Et, de toute façon, l'élite alternative, c'est nous, pas le voisin ni l'homme providentiel.
A nous de travailler, de façon désintéressée.
Écrit par : Boreas | 23/09/2011
"Je me trompe peut-être, mais je trouve l'affirmation de cette quête hédoniste et individualiste quelque peu... moderne."
Rien à voir, il ne s'agit pas d'hédonisme, mais d'ascèse collective. Libre à vous d'accepter de ne pas vivre comme vous l'entendez de votre vivant. Moi je veux tenter le coup.
Sur les souffrances : oui, le rôle de l'élite sera justement de détourner le peuple d'une voie mortifère dans laquelle il est embourbé. Mais tant que cette élite ne surgira pas, il faudra que le peuple souffre, peut-être jusqu'à son anéantissement.
J'avoue que je ne suis pas optimiste sur ce point, il est probable que la nation française soit morte à jamais, tant la société est éclatée, inexistante. Une chose est sûre : ce n'est pas au niveau national que les choses vont se jouer, à long terme, mais au niveau local. Car l'enjeu d'avenir véritable est le rétablissement, à petite échelle, d'une économie véritable, autonome, écologique et humaine.
P.S. : ok ok ok je vais écouter Drac !
Écrit par : Christopher Johnson | 24/09/2011