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Désinformation russe : la Cerise sur le gâteau

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Lucien Cerise, c'est le grand spécialiste autoproclamé, dit-il, des « techniques et les éléments de langage en vigueur dans les think-tanks de l’OTAN, "regime change", "transitology", "counter-gang", "psy-op", "covert-action", "réseaux stay-behind", "false-flag", "révolution colorée" (Gene Sharp) ». Pour lui, en Ukraine, les patriotes sont manipulés et de manière générale, les Russes sont dans leur droit et ne font que se défendre.

Selon cet aimable savant « venant de l'extrême gauche », « si l’on ne s’informe pas sur » tout cela, « on a juste le droit de fermer sa gueule ». Petit problème : il se garde bien d'ouvrir la sienne sur ce que fait la Russie de Poutine. Exemple.

« Les corps de 34 citoyens russes ont été renvoyés dans leur patrie depuis Donetsk. Globalement, lors des combats pour l'aéroport de Donetsk, les troupes ukrainiennes ont tué 60 miliciens, a déclaré jeudi aux journalistes lors d'une conférence de presse Alexandre Borodaï, le politologue russe qui, au sein de l'organisation terroriste "République Populaire de Donetsk" est considéré comme le "premier ministre".

"Nous avons renvoyé 34 corps", a-t-il dit.

Borodaï a déclaré que les tués étaient arrivés dans le Donbass comme "volontaires". C'est ainsi qu'il a appelé le milicien professionnel, avec une vaste expérience de séjours dans des points chauds, dissimulé derrière le pseudonyme "Igor Strelkov". En Ukraine, il a été identifié comme l'officier du renseignement militaire russe et des journalistes russes affirment qu'il appartient à un autre service secret de la Fédération de Russie - le FSB. De toute façon, il se targue d'être le plus important "seigneur de la guerre" à Sloviansk et ses environs.

Certains des cadavres [de ces citoyens russes qui combattaient en Ukraine] se trouvent toujours à l'aéroport, a dit Borodaï.

En tout, selon lui, environ 60 miliciens ont été tués à Donetsk lors des combats des 26 et 27 mai.

Comme l'agence Ukrinform l'a rapporté, les services spéciaux russes entraînent des miliciens à des activités terroristes contre les citoyens pro-ukrainiens et les soldats ukrainiens dans le Donbass, dans des camps situés dans les zones frontalières de la Fédération de Russie. Les unités terroristes utilisent des armes russes, comme les armes prises dans les arsenaux ukrainiens en Crimée. Ces gangs franchissent ensuite la frontière en camion, notamment en brisant les barrages des gardes ukrainiens. L'Ukraine a formulé des protestations contre l'inaction du Service des Gardes-Frontières de la Fédération de Russie envers les contrevenants. En particulier, le 28 mai, les forces de l'ATO (Opération Anti-Terroriste) ont neutralisé à Donetsk un certain nombre de positions terroristes et identifié en leur sein des citoyens russes. Des échantillons d'armes modernes ont été saisies, qui ne sont en service que dans l'armée russe. »

Source

Je suppose, bien entendu, que ce que je viens de traduire n'est que de la propagande de l'OTAN et que, comme le déclare Alexandre Borodaï à Russia Today - source d'Etat mais fiable, elle, selon tous les Lucien Cerise -, l'« origine ethnique » des envahisseurs sponsorisés par le Kremlin « n'a aucune importance ». Ils ne viennent, dit l'envahisseur, que pour « protéger leurs frères russes ». Contre le « fascisme », hein, bien sûr.

A part ça, les photos des Ukrainiens faisant aujourd'hui la queue à Dniepropetrovsk pour donner leur sang au profit des blessés de leur armée, doivent être truquées (des soldats de l'OTAN déguisés ?), si toutefois elles ne sont pas le résultat d'une manipulation occidentale de la population... « Fascisme », quand tu nous tiens !

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Au doux pays du débilo-complotisme, où, comme l'écrivait Paul Valéry, « le mélange de vrai et de faux est énormément plus toxique que le faux pur », les plus efficaces désinformateurs sont les esprits compliqués, qui noient leurs délires dans un verbiage pseudo-rationnel et des tonnes de sources à sens unique.

Dommage qu'en soient dupes des patriotes français ne venant pas, eux, de l'extrême gauche.

Traduction de l'article de Ukrinform par mes soins. Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.

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Odessa, propagande et réalité (suite)

Puisqu'on m'a reproché ici et là de ne pas démontrer que les pro-russes, protégés par la police et tirant tranquillement des coups de feu de derrière un rideau de flics (!!!), et ce à plusieurs occasions, avaient attaqué, tué et blessé des supporteurs de football ukrainiens, ce qui a provoqué, plusieurs heures après, les violences ultérieures en représailles et l'incendie de la Maison des Syndicats, voici un petit florilège de vidéos facilement trouvées sur internet, illustrant ces attaques, ces tirs et ces meurtres (l'une des victimes ukrainiennes a été tuée d'une balle en plein coeur , sans doute un malheureux accident de chasse).

Les pro-russes ne sont pas tous des victimes innocentes dans cette affaire, loin de là. Mais pour la "dissidence" française pro-Poutine, la propagande ne peut être qu'occidentale et ukrainienne... Il est vrai que nous n'avons pas la culture guébiste, aujourd'hui crypto-soviétique, du mensonge ; donc, quand la propagande russe affirme sans sourciller des énormités, certains, naïvement, la croient.

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Version de RIA Novosti (média d'Etat de la Sainte Russie et du Grand Poutine) :

« Les représentants de la Chambre civile de Russie se préparent à déposer une plainte devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) contre les autorités ukrainiennes qui n'ont pas prévenu un affreux carnage qui s'est produit vendredi dernier à Odessa, rapporte lundi le quotidien Izvestia.   

"Nous sommes en train de recueillir les informations et nous nous préparons à porter plainte contre l'Ukraine devant le Conseil des droits de l'homme auprès de la CEDH", a indiqué Gueorgui Fiodorov, membre de la Chambre civile cité par l'agence.  

Des dizaines de personnes opposées aux nouvelles autorités ukrainiennes arrivées au pouvoir suite au coup d'Etat du 22 février ont trouvé la mort vendredi dernier dans l'incendie criminel dans la Maison des syndicats d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine. L'incendie a été déclenché par des nationalistes radicaux du groupe Pravy Sektor (Secteur Droit). Selon un bilan révisé le drame a fait plus de 40 morts et de 200 blessés. Selon les témoins oculaires, la police n'a même pas tenté de prévenir le drame. (...) »

Source

 

Version de l'AFP (affreux média atlanto-sioniste à la solde de l'Empire) :

« Des témoignages concordants permettent de reconstituer le scénario qui a conduit vendredi à l' dans lequel ont trouvé la des dizaines de pro-russes, vendredi à Odessa (Ukraine). 

Un match du d'Ukraine de football était prévu à 17heures entre le Tchornomorets Odessa et le Metalist Kharkiv. Comme de coutume, les supporteurs des deux clubs se sont rassemblés dans le centre-ville en début d'après-midi pour se rendre en cortège au stade. "Nous n'avions prévu aucune manifestation, ce n'est pas nous qui étions à l'origine de ce rassemblement, assure Natalia Petropavlovska, l'une des responsables du mouvement pro-Maïdan à Odessa. C'étaient des supporteurs, des jeunes, et dans ce pays les jeunes sont naturellement plus partisans d'une Ukraine unie que de la Russie".

Sur un grand boulevard, le cortège, largement pavoisé de jaune et bleu, couleurs du drapeau ukrainien mais aussi du maillot des joueurs du Metalist, a été attaqué par plusieurs centaines de manifestants pro-russes bien équipés, certains armés, portant casques et cagoules. Au moins quatre personnes ont été tuées par balles et une dizaine blessées. Pour Natalia Petropavlovska, "les pro-russes ont commis une grosse erreur en s'en prenant aux supporteurs. Ils étaient nombreux et savent se défendre. Non seulement ils n'ont pas eu peur des armes mais cela les a enragés de voir qu'on leur tirait dessus et qu'on les tapait."

L'un des nombreux supporteurs, Oleg Konstantinov, a été admis à l'Hôpital Juif d'Odessa pour des blessures par balles au bras et à une jambe. "Quand cela a commencé à tirer, je me suis dit que c'était peut-être des armes à feu, parce que les policiers ont commencé à tomber, dit-il. J'ai été blessé au bras et, quand mes collègues m'ont sorti de là, j'ai encore été blessé au bras et à la jambe". Bogdan, 40 ans, a été témoin de la scène. "Les deux équipes de supporteurs défilaient dans la ville quand il y a eu des tirs, et aussi des jets de grenades artisanales. La police n'a rien fait mais les supporteurs ce sont défendus. Ils étaient bien plus nombreux que les assaillants, et la bagarre cela ne leur fait pas peur".

Par téléphone, par les réseaux sociaux, les supporteurs des deux équipes ont averti leurs amis dans la ville et ceux qui étaient allés directement au stade. "J'ai assisté au match et nous avons tous remarqué qu'à la mi-temps les gradins se sont vidés, assure un amateur de football. Ils étaient partis se battre".

A Odessa, les partisans d'un rapprochement avec Moscou avaient organisé depuis la mi-mars un camp de tentes sur une vaste esplanade, devant l'immeuble de pierre de taille des syndicats. "C'est une foule en colère, qui voulait se venger, qui s'est rendue sur la place Koulikove Pole. Ils voulaient en finir avec ce camp pro-russe, dit Natalia Petropavlovska. Ils ont commencé à le détruire, à y mettre le feu. Les pro-russes auraient pu partir, ils savaient qu'une foule en colère arrivait, il s'est écoulé deux heures entre l'attaque de la manifestation et l'arrivée des supporteurs et des nôtres. Mais au lieu de cela ils ont choisi de se réfugier dans la Maison des syndicats".

Elle admet que des cocktails Molotov ont été jetés contre le bâtiment, ce qui est clairement visible sur les nombreux films amateurs tournés sur les lieux. Mais elle assure, comme les autorités de Kiev, que les pro-russes y ont également eu recours et que des tireurs visaient la foule depuis les toits. La responsabilité initiale de l'incendie ne sera sans doute jamais clairement établie mais ce qui est certain c'est que des dizaines de jeunes gens sont morts, la plupart asphyxiés par les fumées. "C'est terrible. Nous n'avons jamais voulu ça, nous sommes désolés pour ces morts, dit-elle. C'étaient des jeunes qui ont été manipulés. J'ai moi-même appelé plusieurs fois les pompiers et je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont tellement tardé à intervenir".

Source

 

En complément, je vous recommande ce témoignage (traduit en anglais).

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Les nationalistes européens au service de l’impérialisme russe

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... Ils ont bien tort, car Poutine aime tous les idiots utiles

 

« Depuis les débuts de son existence, un des principaux éléments de la politique de l’empire russe a été l’entretien dans les États européens de réseaux d’agents d’influence et aussi de lien étroits avec des groupes politiques qui représentaient ses intérêts ou faisaient du lobbying pour le compte de Moscou, en échange de quoi ils obtenaient souvent des contreparties matérielles. À l’époque de l’URSS, le principal partenaire et groupe de lobbying de Moscou était bien sûr à gauche de l’échiquier politique européen. Aujourd’hui, on observe une réorientation de la Russie. Ce n’est plus l’extrême-gauche, mais les groupes politiques se définissant comme "nationalistes" ou "droite nationale" qui font l’objet des attentions du Kremlin, et ces groupes répondent volontiers à l’intérêt qui leur est porté.

Prenons les relations de Moscou avec les deux partis d’extrême-droite les plus puissants d’Europe : le Jobbik hongrois et le Front National français. (...)

Les liens entre le Front National et la Russie ne sont pas que politiques. En septembre 2012, une nouvelle chaîne de télévision a été créée, ProRussia TV, qui est une nouvelle facette du média du Kremlin La Voix de la Russie. Malgré les questions répétées des journalistes à ce sujet, cette télévision n’a pas voulu révéler les montants financiers dont elle dispose. On sait toutefois que sa télévision sœur en Allemagne n’a eu aucun problème pour mettre immédiatement sur la table plus de 3 millions d’euros afin de financer ses premières émissions. Chose importante, la chaîne ProRussia TV française emploie des journalistes liés au Front National ou même appartenant au FN (entre autres Sylvie Collet et Gilles Arnaud). Cette télévision est entièrement dominée par le type le plus cru de propagande poutinienne (y compris en ce qui concerne les attaques contre la Pologne). Les gens du FN sont aussi engagés dans nombre d’institutions dont le but est de développer les relations d’affaires entre la France et la Russie. (...)

N’oublions pas que la Russie n’a pas changé son principal mode d’action depuis des années, y compris lors du changement de régime et de la chute de l’URSS et que ce mode d’action est fondé sur la déstabilisation. Par contre, la situation politique à changé à l’Ouest. Il est aujourd’hui plus facile pour Moscou de corrompre les milieux d’extrême-droite que de gauche. Ce sont ces milieux qui ont aujourd’hui le plus fort potentiel de déstabilisation de l’Europe et ils sont donc les plus précieux pour Poutine.

L’alliance des nationalistes européens avec la Russie est même déjà officielle dans une majorité de pays. Les intérêts réellement poursuivis par cette alliance sont couverts sous le masque de la propagande du combat pour les valeurs communes (principalement la lutte contre le libertinisme enragé de l’UE). Mais la réalité des choses est plus simple : le Jobbik et le FN sont prêts à livrer à Poutine non seulement l’Ukraine mais aussi la Pologne et les Pays baltes s’ils peuvent prendre le pouvoir et bénéficier de la considération et de l’argent du président russe. Au XXIe siècle, c’est la droite et non plus la gauche qui sera la cible principale des opérations de propagande et des services secrets russes. »

Source

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(Mise à jour du 5 mai 2014)

En complément, je vous recommande la lecture de ce texte saisissant de justesse, sur la mentalité des poutinolâtres.

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Méthodologie impérialiste russe

Si je reprends ce bon documentaire trouvé sur Fortune (reportage également diffusé, à l'instar de celui sur le patrimoine de Poutine objet du précédent billet, par Canal + ; comme quoi, des roses peuvent toujours pousser sur le fumier), c'est surtout pour l'archiver, ce qui est aussi l'objet d'un blog. Désolé de ne pas faire preuve d'originalité. :-)

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Triomphe de la désinformation russe en Ukraine

C'est Pierre-Alexandre Bouclay qui l'explique ici (au début de cette vidéo qui ne parle de cela que pendant ses 13 premières minutes) à un Jean-Yves Le Gallou « géopolitiquement » poutinophile, complètement largué sur ce sujet et dupe de la désinformation du Kremlin :

(TV Libertés, 23 mai 2014)

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Cherchez l'erreur

« Monsieur Poutine est un patriote. Il est attaché à la souveraineté de son peuple. Il a conscience que nous défendons des valeurs communes. Ce sont les valeurs de la civilisation européenne. »

Marine Le Pen

 

Comprenez que l'impérialisme, le fait de piétiner la souveraineté des autres peuples, constituent les « valeurs de la civilisation européenne », aux yeux de notre grande adversaire subventionnée de la supranationalité bruxelloise et de l'unipolarité washingtonienne, alignée sur Chauprade, lui-même aligné sur le grand géopoliticien Alain Soral. Logique, non ?

Allez, haut les coeurs. Pour échapper deux minutes à la stupidité ambiante, lisons ce poignant témoignage de l'estime que nous portent, bien à tort, des gens qui croient encore, eux, à l'honneur de notre pays.

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No comment

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La désinformation systématique contre l'Ukraine

Les champions du poutinisme servile : Berlusconi, Le Pen, Tsipras (merci @Mandrin !) et Farage

 

« Concernant Odessa, il existe beaucoup de sites français reprenant la propagande russe (avec en tête de proue, "Réalpolitik", fondé par Chauprade, le valet assumé de Poutine...). Et il aussi existe des dizaines et des dizaines de vidéos, des centaines et des centaines de photos (accompagnées de témoignages) qui démontrent les mensonges de ces "informations" en provenance des médias russes. Est-ce étonnant ? Non. La logique est la même que pour la Crimée : manipuler, mentir, contrôler l'information. Pour la Crimée, nous savons maintenant que la Russie a organisé une "désinformation systématique" (et ce n'est pas l'Amérique ni l'UE qui le dit, mais bien l'ONU après enquête approfondie).

Concernant le drame d'Odessa : comme toujours, beaucoup de commentaires et de vidéos partiels, pour ne pas dire plus. A l'issue d'un match de foot en ville, les deux clubs de supporters ont décidé de défiler ensemble pour l'unité de l'Ukraine. Comme cela s'était passé quelques jours auparavant, ce défilé unitaire a été attaqué par des dizaines de personnes masquées et armées. La police a été incapable de s'interposer et des vidéos montrent clairement deux tireurs embusqués derrière un cordon de police (complicité ou "maladresse" de la police). A l'issue de ce premier assaut, 4 personnes ont été abattues à l'arme automatique du côté des bleu et jaune. Une course poursuite s'est alors engagée. Un député d'Odessa a ensuite bêtement suggéré aux assaillants d'aller tenir la maison des syndicats au centre ville, plutôt que de se disperser. Les tentes - vides - des "pro-russes" ont été démontées et brûlées. Des échanges de cocktails Molotov ont eu lieu. D'après les images, l'incendie s'est déclaré au second étage, dans une pièce aux fenêtres intactes et occupée par des assaillants désormais réfugiés à l'intérieur.

L'enchaînement des événements est le suivant : l'incendie gagne en intensité, cependant que des tireurs embusqués sur les toits abattent à nouveau 5 manifestants bleu et jaune, ce qui porte à neuf le nombre de tués, sans compter les nombreux blessés (principalement des fractures) lors de l'assaut sur le cortège. Sur la face avant de l'immeuble, la barricade a été construite de telle façon (à l'origine par les "pro-russes") qu'elle empêche toute sortie puisqu'elle est elle-même en feu. Quelques personnes sautent dans le vide par peur ou pour échapper à l'asphyxie. Elles sont évacuées (morts ou blessés) par les "assaillants" ou la police. Sur la face arrière de l'immeuble, en revanche, la foule a construit un échafaudage de fortune et lancé des cordes, permettant d'évacuer plus d'une centaine de personnes. Les pompiers arrivent très en retard...

Il faut savoir que près de 350 personnes s'étaient rassemblées dans cet immeuble. Parmi eux bien sûr les organisateurs et des agitateurs professionnels qui ont pu "tranquillement" s'enfuir sans se préoccuper des jeunes et moins jeunes civils qu'ils avaient entraînés dans leur expédition. Près de 120 personnes s'en sont sorties et les bleu et jaune ont bien entendu participé à ce sauvetage. Il reste 38 morts "inutiles", comme à chaque fois dans ce genre de drame. Inutiles, mais pas pour tout le monde : la propagande russe a voulu y voir un "pogrom", niant - malgré les images - le fait que les bleu et jaune aient participé activement au sauvetage et passant sous silence les deux éléments déclencheurs : l'attaque violente du cortège unitaire et la mort de 9 personnes abattues à l'arme automatique. On entre dans l'irrationnel complet et il est clair qu'en multipliant les provocations et les morts, la Russie a obtenu ce qu'elle cherchait, un accident lui permettant de relancer sa machine de propagande...

Pour être complet, dans les heures de visionnage relatives à cet incendie, j'ai vu UN SEUL bleu et jaune avoir un comportement totalement déplacé envers un blessé de l'immeuble, UN SEUL. Et pour en arriver là, il a fallu avant les 105 morts du Maïdan, les 300 disparus (source : Amnesty France) dont on retrouve peu à peu les cadavres, l'annexion de la Crimée, les attaques à l'Est, les kidnappings, les tortures et parfois les exécutions de militants du Maïdan ou des élus locaux (comme à Slaviansk). Sans parler de l'enlèvement des observateurs de l'OSCE et des membres de la Croix-Rouge. S’agissant de Marioupol, une soixantaine d’hommes armés ont attaqué un poste de police et ont été repoussés par l’armée ukrainienne. Il ne s’agissait pas d’une "manifestation" contre Kiev.

Tu parlais hier de la communication maladroite du gouvernement ukrainien. On le serait à moins. C'est un gouvernement de transition, qui a dû travailler dans l'urgence dès le premier jour, avec au programme une annexion, une menace militaire imminente sur sa frontière avec la Russie et l'arrivée massive d'agents "étrangers" sur son territoire. Tous les observateurs s'accordent à dire que l'Ukraine a fait preuve d'un courage immense et d'une retenue incroyable dans cette crise, tout cela pour éviter les "accidents" comme à Odessa. Aucun pays occidental n'aurait accepté cela aussi longtemps, peu y auraient survécu. Je ne pense donc pas qu'il soit maladroit de contester la tenue de ces référendums, "organisés" dans ces conditions. Encore une fois, Paris, Londres, Berlin n'aurait jamais toléré que cela se passe chez eux.

Il faut bien se rendre compte dans quelle mesure ces référendums dans les régions de Donetsk et Luhansk sont une émanation de la Russie : les sondages donnaient récemment 70% d'opinions en faveur de l'Ukraine unie, même dans ces régions. Il y a quelques semaines encore, les gens étaient incrédules lorsqu'on leur parlait de convois d'activistes se déplaçant dans ces régions pour les déstabiliser. Depuis, les mêmes hommes "verts" qu'en Crimée sont apparus, des gradés de l'armée russe ont été identifiés, ainsi que des vétérans de Tchétchénie, des mercenaires (certains ayant déjà opéré en Géorgie) et même une poignée de Tchetniks serbes.

Elément encore plus probant, récemment des leaders syndicaux des mineurs du Donbass ont été menacés et certains passés à tabac. Il faut savoir que ces mineurs étaient plutôt en faveur de Ianoukovitch pendant la Révolution Orange mais qu'ils n'ont pas vu leurs conditions de vie s'améliorer sous son mandat depuis 2010 et que dans tous les cas ils sont légitimistes. Ils sont donc contre la partition de l'Ukraine, la tenue de ces référendums.

La pression pour cette ébauche de sécession (après l'indépendance de la République de Donetsk, l'étape suivante sera bien entendu la demande de rattachement à la Russie) est donc clairement extérieure, puisque même les russophones en faveur de l'unité sont menacés. Il suffit pour s'en convaincre un peu plus d'écouter les discours haineux de ces leaders séparatistes qui n'ont pas de mots assez durs contre Kiev et tous ceux qui arborent les couleurs bleu et jaune et n'hésitent pas à user de la torture et des insultes racistes, homophobes et sexistes, y compris devant un parterre médusé de journalistes occidentaux.

Ces gens-là (sachant bien entendu qu'ils arrivent à séduire une part qui reste minoritaire de l'électorat local) ont reçu pour éducation la haine de l'Ukraine, de son histoire, de son indépendance et ne sont clairement pas du cru. Comment arrivent-ils à embrigader une partie de la population ? Toujours la propagande. Est-ce une surprise si à chaque attaque de localité dans ces deux régions, les antennes TV et radio ont été visées en priorité ? Non, bien sûr, avec à chaque fois la reprise des émissions de Rossia 24, chaîne d’info russe permanente, aux ordres de Poutine. Qu’y trouve-t-on ? Le matraquage sur les "nazis de Kiev" (dont pas un seul n’a pourtant été aperçu sur place !), sur les lois européennes permissives en faveur de l’avortement, des gays, etc., les mensonges sur l’armée européenne "prête à fondre sur la Russie" (sic !)…

Non, décidément, en Ukraine tout ne se "joue" pas à égalité. Moscou, sans l’admettre, construit une image totalement dévoyée et mensongère de l’Ukraine, ment en permanence, insulte et rabaisse les Ukrainiens et rejoue la partition 100 fois entendue du "peuple de Stalingrad" opposé aux salopards de collabos ukrainiens.

Or, les faits sont là : pendant la dernière guerre, l’Ukraine n’a eu ni gouvernement de collaboration (vs la France et d’autres) ni armée nationale engagée aux côtés des nazis (vs l’Italie, la Hongrie, la Roumanie…). Elle a déploré 8 millions de morts et la destruction quasi intégrale de son appareil économique. Comme le faisait récemment remarquer T. Snyder, historien (à Yale, formé à Oxford) et écrivain, "pendant la guerre la Biélorussie et l’Ukraine ont vu leurs territoires intégralement occupés et dévastés par les nazis, contrairement à la Russie qui n’a eu que 5% de son territoire occupé. Il est juste de dire que la Biélorussie et l’Ukraine ont supporté un poids économique et humain incomparablement supérieur à la celui de la Russie". Je rajouterai que l’Ukraine a donné 4,5 millions de combattants à l’Armée rouge (1,5 millions de morts) et que l’Ukraine occupe le 4ème rang des Justes parmi les Nations au Mémorial de Yad Vashem.

Les cas de collaboration économique ou militaire (par exemple une Division SS de 11.800 combattants ukrainiens, la Divison Galizien "Freiwillingen" i.-e. encadrée par des officiers SS mais avec des volontaires dits "libres" donc n’ayant pas subi de formation nazie (puisque les Slaves, même engagés aux côtés de nazis , étaient quand même considérés comme des Untermenschen) restent au regard de ce bilan minoritaires et ne doivent pas faire oublier non plus que les Ukrainiens ont été massivement déportés dans les camps allemands ou ont servi d’esclaves économiques dans les usines allemandes – pour les hommes – et de domestiques dans les familles germaniques – pour les femmes. Pour avoir résisté aux nazis, près de 250 villages ukrainiens ont été pillés et incendiés comme Oradour sur Glane (imagine le traumatisme) et il est donc injuste et insupportable que Moscou puisse encore de nos jours balancer cette propagande insultante sur les ondes, tout cela pour justifier son invasion et sa tentative de destruction de l’Ukraine.

Pour avoir travaillé sur les génocides, j’y vois là clairement les prémices d’une préparation insidieuse d’une population à passer aux actes contre une autre population, sur la base d’une propagande visant à désinhiber son instinct de destruction en déshumanisant "l’autre", celui qu’on souhaite désigner comme l’ennemi. La phase suivante, c’est l’ethnocide.

Nous parlions de Bandéra hier et des "bandérivtsis", ses partisans, qui servent encore aujourd’hui d’épouvantail. Bandéra a profité de l’entrée des Allemands en URSS en juin 1941 pour déclarer l’indépendance de l’Ukraine. Il était clair à ses yeux que l’Allemagne et la Russie allaient se livrer un combat pour la possession de l’Ukraine et que seule l’indépendance pourrait garantir sa survie à cette dernière. Les Allemands étaient bien entendu contre, ils l’ont déporté (ses deux frères sont d’ailleurs morts à Auschwitz) et, au fur et à mesure du développement du conflit, ont pourchassé les membres de l’UPA au même titre que les partisans, les commissaires politiques et les Juifs. Les archives montrent clairement que chaque camp - nazis et soviétiques – accusait Bandéra de servir l’autre. Il combattait clairement l’un et l’autre, notamment parce que le NKVD avait en 2 ans d’occupation de la zone polonaise sous son administration – la Galicie actuelle – tué ou déporté près de deux millions de personnes !

Ce combat contre le NKVD, c’est précisément ce que n’arrive d’ailleurs pas à digérer une partie des Russes encore aujourd’hui, parce que depuis la fin des hostilités on leur a dit et répété qu’ils étaient le peuple vainqueur des nazis (cf. le discours de Staline sur ce sujet, le 9 mai 1945), occultant de ce fait la participation des autres nationalités soviétiques au combat (le fait, par exemple, que ce soit le 1er Front ukrainien qui ait libéré Auschwitz) et laissant la place à la propagande haineuse de Staline qui souhaitait après-guerre justifier les persécutions et les déportations contre les Caucasiens, les Baltes, les Ukrainiens… Et tout en oubliant de parler des deux divisions SS russes, des 100.000 Vlassovtsis et des volontaires cosaques (dont les descendants sont venus combattre les "nazis" en Crimée !). Ne parlons pas de l’antisémitisme viscéral de Staline…

D’ailleurs, puisque les accusations d’antisémitisme semblent s’essouffler (grâce au Congrès juif mondial et aux origines juives de certains membres du gouvernement de Kiev) un nouveau slogan est apparu récemment dans les manifestations des "pro-russes" : la lutte contre le "judéo-fascisme" de Kiev ! Eh oui, cela ne s’invente pas ! En attendant, Poutine a ouvert la boîte de Pandore et ne sait manifestement plus comment la refermer. La dissidente dont je te parlais hier – V. Novodvorskaya – a fait le compte et dénombré pas moins de 53 organisations extrémistes ou fascistes en Russie – 53 contre 4 en Ukraine. Ces organisations sont toutes sorties du bois à l’occasion des récents événements et le moins qu’on puisse dire, c’est que Poutine ne fait rien pour les dissuader d’agir en Ukraine, bien au contraire. D’où l’apparition de ce climat délétère et haineux à l’est.

L’Ukraine semble être devenue aux yeux de Poutine un laboratoire grandeur nature de sa future expansion. Les termes de "Nova Rossia" à propos de l’est et du sud de l’Ukraine ne sont pas du tout innocents. Impossible à croire ? Qui aurait parié sur une annexion de la Crimée en début d’année ? Un sondage de mai 2013 y donnait seulement 23% d’opinions favorables à un rattachement à la Russie, ce qui corrobore certaines évaluations – y compris d’instituts russes – faisant état d’une participation de 30% au référendum de mars dernier, avec 50% de réponses en faveur du rattachement immédiat… Imagine, 15% de Criméens se sont réellement prononcés en faveur de Moscou (je sais, ça te choque !).

Voilà où nous en sommes. Il y a une guerre de propagande, certes, mais Moscou mène clairement le match du mensonge et de la bêtise, et il y a une opposition USA/Russie, mais l’Ukraine a commencé à vouloir s’éloigner de la Russie il y a de cela 3 siècles. La dernière bataille – perdue – pour son indépendance a été menée en 1709, à Poltava, avec l’appui de l’armée suédoise de Charles XII. Depuis, l’Ukraine n’a connu que destructions, servage, déportations… l’interdiction de sa langue en 1876, la destruction de son patrimoine culturel, de ses élites intellectuelles, de ses Eglises, la Révolution meurtrière de 1917, des famines, un génocide, le goulag, les hôpitaux psychiatriques… c’est beaucoup trop et c’est la raison pour laquelle dire que l’Ukraine est actuellement "un simple" enjeu entre les USA et la Russie, que la Russie a des prétentions "légitimes" sur l’Ukraine et que, de ce fait, l’Ukraine ne doit choisir ni l’un ni l’autre et rester dans une sorte de consensus mou, correspond à une vision tronquée.

L’Ukraine veut choisir son destin depuis des siècles, possède une histoire très ancienne et une conscience nationale éprouvée par des décennies de catastrophes, qui justifient aujourd’hui sa volonté de s’affranchir de Moscou. Il n’est pas normal qu’une poignée (au regard de 48 millions de personnes) de personnes armées, dirigées depuis l’extérieur et répandant une propagande destructrice, s’apprête à décider du destin de régions entières et à éventuellement entraîner la destruction d’une nation entière pour servir les ambitions coloniales d’un Poutine, ultime avatar de Staline. On est clairement en ce moment, à l’est de l’Ukraine, dans un scénario identique à la formation de l’URSS où, systématiquement, des troubles avaient été organisés par une minorité pour justifier l’intervention de l’Armée rouge et l’intégration de force de telle ou telle nation dans l’Union.

C’est de cela dont il faudra parler lors de vos réunions et j’admets que, vu le contexte, vu les positions actuelles de la Russie sur lesquelles Poutine pourra difficilement revenir, la partie semble EXTREMEMENT MAL ENGAGEE.

Il ne faut pas oublier que, en toile de fond, l’entourage de Poutine a lancé une intense campagne de séduction en direction de toutes les droites et gauches radicales d’Europe (qui étaient les seuls partis représentés en Crimée), que les partisans de la Manif Pour Tous lorgnent de plus en plus vers Poutine en sa qualité de dernier représentant (à leurs yeux) d’une Europe vraiment chrétienne et respectueuse de la famille. On touche du doigt un certain messianisme et tout le monde devrait s’en souvenir lors des prochaines européennes… »

Mykola Cuzin (président du comité Ukraine 33 et du Comité pour la défense de la démocratie en Ukraine)

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En Ukraine, les « libérateurs » russes torturent des ouvriers

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En résumé, la victime, Oleksandr Hurov, un mineur de charbon de Novohradovka, dans le Donbass, avait juste voulu retirer un drapeau séparatiste du principal édifice public de sa ville.

Mal lui en a pris : kidnappé en plein jour par un commando d'hommes masqués et lourdement armés, il a été emmené avec cinq autres activistes pro-ukrainiens pacifiques au cinquième étage du bâtiment du conseil régional de Donetsk, devenu le quartier général de la pseudo-République Populaire du même nom. Là, il a été tabassé, torturé, menacé de mort et a subi des injections de psychotropes.

Bilan : le nez, la mâchoire et de multiples côtes cassées, ainsi que des lacérations au bras gauche puisque les « libérateurs » ont voulu, avec un couteau, lui enlever un tatouage patriotique.

Libéré le lendemain avec ses cinq camarades, soi-disant en échange de séparatistes détenus par les loyalistes, il a dû fuir la région pour Kiev, avec sa femme et leur enfant, qui ont également reçu des menaces.

Plus tard, à la télé ukrainienne, confronté au député communiste Adam Martynyuk, venu prétendre que les séparatistes de l'est combattent le Pravyi Sektor et que le gouvernement ukrainien devrait négocier avec eux, il lui a demandé où il avait vu le Pravyi Sektor dans une mine, et comment des négociations seraient possibles avec des terroristes comme ceux qui l'avaient torturé.

Il a aussi mentionné le fait que si son grand-père, un combattant de la deuxième guerre mondiale, entendait les déclarations du député communiste, il abattrait celui-ci sur-le-champ.

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17/05/2014 | Lien permanent

United world of Etats-Unis / Russie

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« Je préconise (...) des négociations secrètes avec les Russes, en vue d'un accord comparable à la solution trouvée jadis pour la Finlande ou l'Autriche. L'Ukraine pourrait entrevoir son avenir de pays européen sans participer à l'Otan, et maintenir des liens économiques avec l'union eurasienne voulue par le Kremlin. »

Zbigniew Brzezinski, 22 mai 2014

(N.B. : relire ceci)

Et si vous n'avez pas encore compris qui, en Ukraine, est censé incarner le prochain pont entre impérialistes occidentaux et orientaux, jetez donc un oeil à son pedigree et aux raisons qui le rendent si intéressant pour les uns et les autres.

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